Analyse commentée des résultats Médiamétrie et de l' »affaire » Fun radio

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Les dessous de « l’affaire » FUN radio : Une contestation intéressée

Les groupes NRJ, Lagardère, Skyrock, RMC et le Gie Les Indés radios ont mené en juin une campagne violente d’attaque contre Fun radio l’accusant de fausser les résultats Médiamétrie.

La conséquence de cette attaque contre Fun est la suppression des audiences de Fun radio dans la publication des résultats Médiamétrie.

Des accusations gonflées !

Les radios réunies dans cette coalition anti Fun ont fait remarquer que dans sa matinale, Bruno Guillon, l’animateur de Fun, aurait incité ses auditeurs à répondre aux enquêtes téléphoniques de Mediamétrie qu’ils écoutaient Fun tout le temps.

Si ces conseils étaient suivis d’effets cela ne pouvait changer l’audience cumulée car un auditeur est comptabilisé qu’il écoute la radio une fois un quart d’heure ou toute la journée. La durée d’écoute n’est utile que pour calculer la part d’audience c’est à dire la part d’audience que chaque radio obtient sur un quart d’heure moyen par rapport aux autres.

La communication, certes discutable, vers ses auditeurs par Fun radio pour valoriser leur écoute n’a été faite que sur la radio donc vers des auditeurs existants de la radio.

Cette pratique n’a pu recruter des nouveaux auditeurs.

Médiamétrie a corrigé les résultats de la vague janvier-mars en supprimant les réponses qui paraissaient « téléguidées » : la variation des diverses radios est modifiée de 0,1 à 0,2 points soit moins que la marge d’erreur.

Des concurrents effrayés par leur baisse d’audience.

Les radios nationales ne découvrent pas leurs audiences trimestrielles à chaque publication des vagues de sondage par Médiamétrie.

L’organisme leur vend des intermédiaires tous les quinze jours.

Ainsi pour la vague avril mai, les radios nationales ont reçu au 15 juin 5 intermédiaires leur permettant d’estimer leur audience en fin de trimestre.

Ces résultats sont confidentiels et chaque radio ne reçoit que ses résultats.

Cependant des indiscrétions peuvent permettre la circulation entre radio soit par vantardise de certains soit par copinage.

Au vu des résultats décevants, dans cette vague pour NRJ, Europe1, Skyrock et RMC on comprend mieux leur union contre FUN qui en progression constante depuis plusieurs vagues risquaient de leur porter ombrage. (voir les graphiques de sondage et les évolutions sur 2 ans publiées sur Radioactu).

On comprend moins ce que vient faire Les Indés Radios dans cette révolte organisée. Demain les autres réseaux nationaux pourraient prendre prétexte de cette première initiative pour demander le bannissement du Gie des résultats s’il apparaissait qu’une des 132 radios qui composent le Gie Les Indés Radios emploie les mêmes méthodes que Fun sur son antenne.

Mediamétrie pris en otage.

Au début de l’ère de la FM plusieurs instituts de sondage réalisaient des enquêtes d’audience (BVA, IPSOS…).

Afin de conserver le monopole qu’il avait obtenu Mediamétrie a associé les radios à ses mesures au travers d’un comité technique radio.

Certes les actionnaires de Médiamétrie sont des chaines de télévision et des groupes radio mais le Conseil d’Administration ne gère que la stratégie de la société et non l’opérationnel détaillé.

Le comité radio réunit deux collèges à part égales : les radios d’une part et les représentants directe et indirects (agences medias) des annonceurs d’autre part.

C’est un peu comme si les partis politiques siégeaient ensemble dans un comité technique des instituts de sondage pour déterminer ensemble les règles des sondages politiques.

Certes une seule mesure d’audience pour la radio est une bonne chose mais cette consanguinité entre le sondeur et ses clients risque de poser des conflits d’intérêt.

On comprend mieux l’intervention de Bruno Chetaille, Président de Médiamétrie devant le Sénat, déclarant que « l’affaire Fun Radio, accusée de gonfler ses mesures d’audience, avait desservi l’ensemble des radios et regretté que ces dernières n’aient pas trouvé de solution entre elles ».

En effet ce sont les radios qui majoritairement ont décidé d’exclure Fun radio des résultats d’audience. Radio France s’excluant de cette polémique.

Les radios contestataires ont bien sûr répliqué par communiqué pour faire porter toute la responsabilité sur Mediamétrie.

Reculer l’échéance…jusqu’à quand ?

 Certes Fun progresse depuis plusieurs vagues et a pris la deuxième place des radios musicales jeunes à Skyrock depuis début 2015 et se rapproche de NRJ. Non seulement par sa propre progression mais aussi par la baisse de l’audience de la radio leader.

Perdre la première place c’est un événement que Jean-Paul Baudecroux, le charismatique Président du groupe NRJ ne peut imaginer une seule seconde.

Aussi cette affrontement collectif contre Fun radio, porté par plusieurs radios en difficulté d’audience leur permet de d’échapper à leur responsabilité et d’accuser Fun radio de leur « voler » des auditeurs.

L’été permettra peut-être de revenir à un climat plus serein et moins « cour d’école » dans le monde de la radio.

Une remise en cause de stratégie ?

 Les radios musicales jeunes :

 NRJ avec 10,8 perd 1 point d’audience en un an et 2,2 points sen deux ans s’éloigne de l’objectif de se maintenir à 13%, un record atteint en avril juin 2014. La première place de la radio s’éloigne aussi, distancée par RTL

Skyrock baisse vague après vague : Mouv’ du service public vient-elle ne serait-ce que de quelques dixième de points la grignoter vague après vague ? Le passage de certains artistes rap vers la variété (Maitre Gims, Black M…) et donc la diffusion sur tous les concurrents lui enlève-t-elle de sa singularité musicale ?

VIRGIN radio, malgré une des meilleures couvertures du territoire par un maillage serré d’émetteurs ne décolle pas et est bloqué autour de 5 points.

Les radios généralistes

 RTL se porte bien et reste leader incontesté de la radio aussi bien en Audience cumulée et en part d’audience avec une stabilité depuis plusieurs vagues autour des 12 points d’audience cumulée. Plus important sur le plan publicitaire RTL progresse régulièrement en part d’audience et flirte avec les 13 %.

Europe 1 s’effondre avec une baisse tendancielle régulière. L’objectif de renouer avec les 10 points semble utopique. Avec 7,8 points la radio s’enfonce et risque de se faire dépasser par RMC, ce qui serait un cataclysme dans le monde des radios généralistes. Le responsable de cette baisse est pour les dirigeants de la radio, Cyril Hanouna qui n’a pas réussi à contrer le départ de Laurent Ruquier l’après midi et son départ sur RTL.

L’omniprésence de Jean-Marc Morandini avec 3 émissions en matinale risque de poser un problème d’image au vu des révélations portées par Les Inrocks (voir article sur radioactu).

RMC se stabilise après des vagues successives de progression d’audience ces dix dernières années. Il est vrai que les ouvertures de fréquences et donc de nouveaux bassins de population couverts ont permis à RMC de progresser mécaniquement.

Désormais c’est sur ses programmes que devra compter RMC pour progresser et dépasser un plafond de verre qui la bloque sous les 8 points.

Une audience cependant décevant au vu de la couverture de l’Euro 2016 réalisée par la radio.

La surexposition de ses animateurs sur BFM TV ne risque-t-elle pas de faire migrer ses auditeurs en téléspectateurs ?

Les radios musicales adultes

 Nostalgie (5,6) et Chérie FM (4) du groupe NRJ sont à la baisse. Ce qui avec la baisse de NRJ rend l’ambiance fiévreuse rue Boileau.

La relance de ces deux radios peine à porter ses fruits. Les prochaines vagues seront décisives.
Quant à RFM (4,2) ses audiences stagnent à la baisse vague après vague du Groupe Lagardère.

Seule RTL2 (4,5) progresse légèrement.

RADIO FRANCE une stabilité encourageante.

France Inter (10,7) progresse vague après vague et à 0,1 de la deuxième place de la radio.

France Info (7,5) est en léger recul mais sa rénovation demande encore quelques vagues d’observation pour savoir si elle a réussi.

France Bleu (6,3) est l’enfant malade du groupe public.

Des problèmes d’orientation stratégique entre programmes locaux et syndication nationale, l’absence de directeur général en titre sont des problèmes à régler rapidement.

France Culture (2) et France Musique (1,5) sont stables.

Le Gie les Indés radios (15,2) avec 2 radios supplémentaires est à la baisse par rapport à janvier mars de 0,5 et surtout de 1,3 par rapport à l’an dernier.

Les médialocales permettront de comprendre quelles sont les radios qui ont provoqué cette baisse du groupement. A première vue la baisse de la part d’audience étant proportionnellement moins forte on pourrait penser, qu’à l’instar des radios nationales jeunes qui ont baisse, que ce sont les radios jeunes du Gie qui auraient provoqué cette baisse


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