Bruno Gaston (Europe 1) – « Les changements dans notre grille étaient réfléchis »

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Europe 1 est la quatrième radio de France en audience cumulée, la troisième en part d’audience. Comment avez-vous accueilli ces résultats ?
Bruno Gaston : Bien, évidemment. Nous sommes satisfaits et confortés. Les choix que nous avons faits pour cette grille profondément renouvelée sont validés par l’audience et les auditeurs. Ces résultats peuvent être qualifiés d’encourageants. Ils nous laissent la possibilité de travailler et de construire sur cet acquis.

La couleur politique d’Europe 1, classée par beaucoup à droite, peut-elle expliquer une audience en hausse dans un contexte d’effritement de la cote de popularité du gouvernement actuel ?
Bruno Gaston : Ce n’est pas aussi simple que cela. Je ne crois pas que l’on puisse résumer cela en disant que le succès de cette vague est dû à une couleur politique particulière d’Europe 1. Cela n’a jamais été ni réfléchi, ni établi. En revanche, Europe 1 répond à l’idée d’avoir un dispositif qui essaie de décrypter l’actualité et les faits qui secouent la société, avec un appareil intellectuel critique. Cela n’a rien à voir avec une quelconque couleur politique, que j’aurais sincèrement du mal à définir. L’indépendance d’esprit d’Europe 1 me semble être sa caractéristique principale.

RTL et France Inter ont réalisé des scores d’audience en baisse. Une partie de leurs auditeurs se serait-elle tournée vers Europe 1 ?
Bruno Gaston : Je fais ce métier depuis trop longtemps, à la télé comme à la radio, pour ne pas commenter les scores de mes collègues et néanmoins concurrents.

Ne commentons pas leurs scores, mais le fait que, potentiellement, certains de leurs auditeurs auraient pu venir chez vous…
Bruno Gaston : L’auditorat radio est composé de personnes qui passent d’une radio à une autre. Ces personnes zappent et sont plus ou moins sensibles à l’adéquation entre une offre de programmes, un conducteur, une émission, et ce qu’elles ont envie d’entendre à ce moment là. Pour revenir sur l’une des questions précédentes : au-delà de la couleur politique, que se passe-t-il dans la société et quelles sont les questions que se posent les Français ? Quel est le type d’émission qui est le plus en adéquation avec ce qu’il attendent, qui répond le plus à leur besoin ? Si un certain nombre d’auditeurs sont passés de France Inter à Europe 1 ou de RTL à Europe 1, c’est très bien. La réponse à cette question est l’adéquation entre notre offre de programmes pour cette rentrée et ce qu’ils ont envie d’entendre.

Vous ne souhaitez donc pas commenter les baisses de RTL et France Inter ?
Bruno Gaston : Je n’ai absolument pas à les commenter. Je constate comme vous la baisse – qui d’ailleurs peut être circonstancielle – de mes concurrents, mais ce qui m’intéresse est de bâtir l’offre de programmes d’Europe 1 conformément à la conviction qui est la nôtre. Il y a deux façons de construire un programme : soit vous le bâtissez par contraste avec ce que les autres proposent, soit vous le bâtissez en ayant la conviction forte que le média pour lequel vous travaillez a vocation à raconter quelque chose de particulier. Avec Fabien Namias, le directeur général de la station, nous avons beaucoup travaillé ce « quelque chose de particulier ». Quand nous avons annoncé la grille de la rentrée, certains observateurs des médias ont dit que la radio était un média d’habitudes et que nous avions tort de changer. Nous n’avions pas le sentiment de changer pour changer : nous avons apporté des modifications et changements à la grille pour la mettre plus en phase avec ce que les auditeurs attendaient.

Quelles conclusions tirez-vous de ces nombreux changements, en lesquels certains ne semblaient pas croire ?
Bruno Gaston : Ces résultats nous encouragent et nous confortent. Nous n’étions pas dans un changement compulsif de la grille pour le seul plaisir de la changer. Cela correspondait à des changements mûrement réfléchis. Les résultats d’audience montrent qu’il y a une dynamique sur la grille et que l’on peut, à partir de là, continuer à construire. De la demi-heure en plus de Jean-Marc Morandini à l’arrivée de Cyril Hanouna, en passant par Franck Ferrand et Frédéric Taddeï : ces tranches progressent en audience alors qu’elles sont nouvelles. Je suis évidemment content de constater cela !

Dans un entretien Radioactu avant l’été, Fabien Namias considérait que les radios d’information étaient pénalisées par les radios axées sur la musique et le divertissement, qui semblaient être plus en vogue. Qu’en pensez-vous ?
Bruno Gaston : Cela rejoint l’une des questions précédentes, concernant les attentes des auditeurs, les besoins de divertissement… Je ne peux que pointer le fait que la grille d’Europe 1, en place depuis cette rentrée, est composée de choix qui ne vont pas vers « l’infotainment ». Nous avons souhaité ramener les tranches d’infos vers un axe très informatif de qualité et les tranches de divertissement vers quelque chose d’impertinent et léger.
Après ces résultats, nous attendons les prochaines quinzaines qui vont tomber. Je pense que l’on peut amener la station beaucoup plus haut qu’actuellement.


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