Christian Spitz/Le Doc (Fun Radio) – « Je n’ai pas l’impression d’être sur scène avec 100 000 personnes devant »

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Radioactu : Quel bilan tirez-vous de cette première saison du nouveau « Lovin Fun » ?
Christian Spitz (Le Doc) : Le premier bilan est très positif. Une émission est une alchimie. J’aime travailler avec l’animatrice et l’animateur et je trouve les témoignages intéressants. L’audience va aller en augmentant, nous n’avons pas de problèmes de chute d’audience. Cette audience est plus lente à grimper, mais je suis très confiant pour l’avenir.

Radioactu : Evoquez-vous cette audience avec l’équipe ?
Christian Spitz (Le Doc) : Bien sûr. Nous sommes très optimistes : cela ne peut aller qu’en augmentant.

Radioactu : Sébastien Joseph, le directeur d’antenne de Fun Radio, nous confiait récemment qu’il fallait laisser le temps à « Lovin Fun » de s’installer. Aujourd’hui avez-vous l’impression que l’émission est installée ? Serez-vous là à la rentrée ?
Christian Spitz (Le Doc) : J’ai une autre expérience dans le même domaine, chez RMC. Un an et demi avait été nécessaire pour le décollage de l’audience. Cela avait été fructueux. Pour « Lovin Fun », je pense qu’il faut du temps ; le format est plus exigeant et spécifique, ce que les commentateurs ne veulent pas voir. Je pense que cette émission n’est pas comparable aux autres émissions du soir destinées à la jeunesse. Nous portons un vrai regard sur notre travail et sommes perfectibles en permanence.

Radioactu : Justement, quelles sont les éléments perfectibles dans « Lovin Fun », selon vous ?
Christian Spitz (Le Doc) : Le bilan est très positif, tout est donc une question de détails : sommes-nous un peu trop longs dans telle ou telle séquence ? Devons-nous faire attention à ne pas prendre les mêmes témoignages plusieurs fois de suite ? Devons-nous diversifier ? Ces questions de détail dans la mécanique se posent, bien sûr. Cela est essentiel.

Radioactu : De quelle façon travaillez-vous avec l’équipe ?
Christian Spitz (Le Doc) : Les appels sont sélectionnés l’après-midi, mais aussi en direct le soir-même. Il y a un travail de fond pour éviter les redondances.

Radioactu : Que pensez-vous de l’émission d’en face, sur Skyrock, avec votre ex-équipier de « Lovin Fun », Difool ?
Christian Spitz (Le Doc) : Je n’ai pas d’avis. Il a mon portable, il peut m’appeler. Il fait une émission différente, très bien. Il existe une grande diversité dans les émissions du soir. La radio est un média très écouté par les jeunes en soirée. Je pense que David est un excellent animateur radio, qui fait très bien son métier. Sa fibre radiophonique est très aiguisée.

Radioactu : Vous n’entretenez donc plus de relations aujourd’hui avec lui ?
Christian Spitz (Le Doc) : Non. Nous nous étions appelés pendant quelque temps. Aujourd’hui il suit son chemin et est très impliqué dans sa radio. Je pense qu’il n’a pas vraiment le temps… Ce n’est pas grave, je n’ai absolument rien contre lui.

Radioactu : en 1998 vous aviez été montré du doigt, notamment par le CSA, pour avoir laissé une auditrice décrire une fellation. Selon vous, ces critiques et votre passage devant la justice était-ils justifiés ?
Christian Spitz (Le Doc) : C’était après l’arrêt de l’émission. Effectivement je n’avais rien dit, j’étais peut-être absent à ce moment-là. Le reproche m’avait fait beaucoup sourire : « vous rendez-vous compte ? Elle a parlé de toute une série d’actes sexuels et même pas d’acte reproducteur. » Il y a eu un procès en correctionnelle, je m’y suis rendu, mais je n’ai pas été condamné, je n’ai rien payé et la radio non plus. Pour sa part, le CSA avait réagi en demandant que l’émission soit animée par un seul médecin, sans animateur – ils n’ont pas compris le format -, et si possible en différé. J’ai été solidaire de l’animateur et j’ai refusé.

Radioactu : Serez-vous sur Fun Radio à la rentrée ?
Christian Spitz (Le Doc) : C’est ce que l’on me dit, oui. L’émission est très agréable car les gens le sont également. Nous sommes directs, cash, il y a une bonne collaboration, sans tension. Il n’y a pas de côté « star et vedettes ».

Radioactu : Souhaiteriez-vous refaire de la télé ?
Christian Spitz (Le Doc) : Je réponds avec plaisir à des émissions lorsque l’on m’appelle. Je ne sais pas quand j’aurais le temps de refaire de la télé ; à quoi cela servirait ? Ma mission à la radio est intéressante, j’écris des livres, des cahiers d’exercice aux Editions Jouvence concernant la sexualité en relation avec les familles… C’est un format cahiers d’exercices qui me demande de répondre à des questions ; un format que j’apprécie beaucoup. J’ai aussi très envie de réécrire « Questions d’adolescents », car des choses ont changé en l’espace de vingt ans, en matière de jeux vidéo, jeux en ligne, internet, médias, drogues, la banalisation du haschisch… Peut-être devrions-nous apporter des réponses plus précises qu’il y a vingt ans.

Radioactu : Êtes-vous en faveur de la légalisation du cannabis ?
Christian Spitz (Le Doc) : Je pense que le haschisch est de plus en plus concentré. Des jeunes prennent des doses de plus en plus importantes de tétra-hydro-cannabinol (THC) alors que le cerveau est en pleine maturation. C’est extrêmement dangereux. D’ailleurs, même les drogues légales ne sont pas autorisées avant dix-huit ans ou seize ans, ce qui prouve bien que les adultes ont une parfaite conscience de leur dangerosité. Dans certains pays, cette drogue est légale : elle n’est pas plus consommée, voire moins, que dans les pays où elle est illégale. Ce n’est pas parce qu’une forme de légalisation et de contrôle existe que l’autorisation sera donnée aux moins de dix-huit ans. Il y a beaucoup d’hypocrisie, car il faudrait également parler de l’alcool et du tabac. Le tabac est une drogue extrêmement addictive qui pose d’importants problèmes de santé publique. Concernant le haschisch, je pense que la prévention n’est pas faite correctement. Des explications sont nécessaires et les consommateurs ne doivent pas être considérés comme des parias. Il doit y avoir du dialogue et de l’information concernant la consommation de drogues. Légaliser reviendrait à réguler le marché, permettre de donner des informations très claires sur la quantité de substances toxiques, car il s’agit d’un vrai problème : nous pouvons rencontrer du haschisch quatre fois plus dosé qu’il y a dix ou quinze ans et personne ne le sait. Comme la consommation est importante – qu’elle soit occasionnelle ou régulière – nous nous trouvons dans un no man’s land terrible. C’est comme si l’on prescrivait à quelqu’un des médicaments pour une maladie grave sans savoir ce que l’on donne. Un véritable contrôle est nécessaire. Certains psychiatres disent que la pénalisation est intéressante et le restera, même s’il y a légalisation, car le fait d’être confronté au juge, à la loi et aux sanctions incite pas mal de jeunes à réfléchir car ils n’ont pas envie de cela. L’autorité des adultes est donc absolument nécessaire. Mais ce n’est pas parce qu’il y a légalisation qu’il y a autorisation aux moins de dix-huit ans.

Radioactu : Vous seriez-vous senti à l’étroit dans un cabinet, à assurer des consultations toute la journée ? Est-ce pour cette raison que vous apportez vos connaissances au plus grand nombre à la radio ?
Christian Spitz (Le Doc) : Non, c’est par hasard ! Je ne suis pas à l’étroit. On passe du temps avec les patients, c’est absolument passionnant. Le métier de pédiatre est un métier d’éducation à la santé, d’éducation tout court. Je ne suis pas à l’étroit du tout dans mon exercice. A la radio, je parle avec des gens au cas par cas, je n’ai pas l’impression d’être sur une scène avec 100 000 personnes devant.


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