CSA – L’évolution de la place de la musique en radio

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Soulignant que l’industrie du disque traverse depuis plusieurs années un crise structurelle liée notamment à la dématérialisation des supports et à l’émergence de nouveaux comportements de consommation de la musique, le CSA s’est penché sur la place consacrée à la musique sur les médias traditionnels, radio et télévision. Il s’est dit « préoccupé par les difficultés rencontrées aujourd’hui par les médias traditionnels aux thématiques musicales ». Selon cette étude, qui couvre la période 2003-2009, la fréquentation de la radio tend à diminuer depuis 5 ans, en particulier chez le jeune public. Le CSA explique également qu’il s’est « toujours attaché à permettre le développement en télévision et en radio d’une offre musicale accessible gratuitement en veillant notamment à la diversité musicale et à la promotion des jeunes talents et de la chanson française ». En radio, le CSA estime que « l’offre musicale est plus dense » qu’en télévision, avec « des positionnements éditoriaux plus ciblés qu’en télévision mais dont l’exposition évolue ». Aujourd’hui, l’offre musicale en radio se décompose entre les stations associatives, une quinzaine de réseaux musicaux nationaux, les 120 stations du GIE Les Indépendants dont les programmes sont majoritairement musicaux, et les 4 stations de Radio France sur lesquelles la musique occupe une place importante (France Musique, France Bleu, Le Mouv’ et FIP). Le CSA rappelle que depuis 1981, avec la fin du monopole d’État sur la radiodiffusion et l’explosion de la bande FM, la musique est un contenu qui a accompagné le développement de l’offre radiophonique telle que nous la connaissons actuellement, avec l’apparition de stations musicales thématiques. Si ces stations ont longtemps été les locomotives du dynamisme du paysage radiophonique, le CSA souligne cependant que « malgré la profusion des stations de radio, la diversité de l’offre musicale a été parfois jugée insuffisante ». Avec la mise en place d’indicateurs de la diversité musicale par l’Observatoire de la Musique, une restructuration de la diversité musicale a été mise en lumière, indique le CSA. Désormais, l’offre musicale en radio est structurée tant par les cibles visées que par les genres musicaux proposés, indique le CSA. En matière de radios musicales, l’offre radio est axée principalement autour de 3 grandes catégories : les radios visant un jeune public (Fun Radio, Skyrock), un public jeune adulte (NRJ, Virgin Radio, RTL2) et un public adulte (Chérie FM, RFM, Nostalgie).

À cette segmentation par âge, vient s’ajouter une segmentation par genres musicaux. Selon le CSA cette restructuration importante de l’offre s’effectue « au détriment des titres francophones ». Il souligne ainsi que la présence des titres internationaux  » ne cesse de se renforcer depuis 2003″. En moyenne, selon les stations du panel de l’Observatoire de la Musique, la part des titres francophones en radio s’établissait à 23.3% en 2003 contre 21.7% en 2009. Dans le même temps, la part des titres internationaux est passée de 52.3% en 2003 à 56.5% en 2009. « La diminution d’un genre comme la variété, qui a toujours été très présente sur les médias de masse ayant besoin de fédérer une audience large, n’est pas sans conséquence sur l’économie générale des différents éditeurs et l’évolution de leur positionnement », estime le CSA. Par ailleurs, le CSA a souligné l’aggravation depuis 2003 de la concentration des titres diffusés sur les radios. Ainsi, en 2009, 1 476 titres, soit 2.2% du total des titres diffusés, ont totalisé 73.2% des parts de diffusion. En 2003, 1 692 titres, soit 2.8% du total des titres diffusés, avaient totalisé 74.9% en part de diffusion. Dans le même temps, les tranches stratégiques telles que le 6h-9h des radios musicales sont de plus en plus dédiées aux programmes « parlés », ou talks, dans lesquels la musique occupe une place très minoritaire. Ainsi, sur Fun Radio, le taux de musique s’élève à 27% en 2009 dans la matinale contre 30% en 2008 tandis que sur NRJ ce taux a chuté à 15% en 2009 contre 45% en 2008, notamment en raison de l’arrivée de Nikos Aliagas sur cette tranche. Le taux de musique reste stable dans la matinale de Skyrock (33% en 2009 contre 34% en 2008), et progresse de 25% en 2008 à 32% en 2009 dans la matinale de Virgin Radio. « En 2009, c’est sur NRJ que la musique est désormais la moins présente sur cette tranche, alors qu’historiquement la programmation musicale de NRJ se caractérisait par une présence plus importante de la musique par rapport aux autres stations musicales à vocation nationale », explique le CSA, ajoutant que « la diffusion de musique se concentre sur d’autres tranches horaires moins importantes en termes d’audience et présentant des enjeux économiques moins importants pour les éditeurs ».

Dans cette étude, le CSA souligne également « la baisse tendancielle depuis plusieurs années » de la radio. Son audience cumulée s’établissait à 85.2% en 2002-2003, contre 81.6% en 2008-2009. Les stations généralistes ont d’abord été affectées par cette baisse de l’audience, en particulier au début des années 90, explique le CSA, tandis qu’elle affecte maintenant les stations musicales. Cette baisse s’explique notamment par la perte du monopole de la « mobilité » de la radio, désormais concurrencée par les terminaux nomades et le développement de la musique sur Internet. Les radios musicales sont également confrontées à un recul de leurs recettes publicitaires brutes. Le CSA indique que « la baisse des investissements des annonceurs sur les radios musicales touche particulièrement le groupe NRJ, qui perd 126 millions d’euros de recettes publicitaires en deux ans », soit un recul de 15% entre 2007 et 2009. De même, les annonceurs de l’édition musicale ont diminué de 55% leurs investissements publicitaires entre 2002 et 2009, passant de 597 millions d’euros bruts à 266 millions d’euros bruts sur cette même période. En radio, les investissements du secteur musical ont reculé de 36% entre 2002 et 2009, passant de 136 millions d’euros bruts en 2002 à 74 millions d’euros bruts en 2009 (source Kantar Media). Les radios musicales draînent près de la moitié des investissements publicitaires des annonceurs de l’édition musicale, soit 47% en 2009 contre 83% en 2002. Sur cette période, le CSA souligne l’émergence de Radio Classique, qui a bénéficié de 16 millions d’euros de recettes publicitaires brutes en 2009, soit 21% des investissements du secteur musical en radio. Enfin, la diminution des investissements publicitaires du secteur touche principalement NRJ dont les recettes publicitaires brutes ont diminué de 77% entre 2002 et 2009. Le CSA entend désormais « veiller à la place de la musique à la télévision et à la radio en tentant de concilier plusieurs objectifs qui peuvent se révéler parfois contradictoires ». Il souhaite ainsi « garantir une exposition satisfaisante de la musique sur les médias traditionnels tout en prenant en compte l’évolution des modes de consommation ». Il estime notamment que « l’existence d’une offre musicale est aussi un moyen pour les médias traditionnels de demeurer en prise avec les composantes les plus jeunes du public » Le CSA souhaite « veiller à l’équilibre économique des éditeurs dans un contexte publicitaire dégradé » et entend « rappeler le rôle particulier du service public dans l’exposition de la musique ».


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