Dossier spécial Sport et Radio – Des moyens et des enjeux économiques (2ème partie)

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D’un point de vue économique et publicitaire, les radios généralistes cherchent bien entendu à tirer le meilleur parti de leurs programmes sportifs. Sur Europe 1, l’audience cumulée du sport représente ainsi 1 point sur le total, la part de marché entre 5 et 7 points, alors que le nombre d’auditeurs pour le sport est en moyenne de 500 000 auditeurs par jour. Actuellement, le multiplex d’Europe 1 occupe la première place sur le samedi soir, avec une progression de 227 000 auditeurs en une vague et de plus de 400 000 sur un an. La part d’audience pour le sport atteint 12.8%. « Europe sport » enregistre une audience de 5.6% contre 5.1% pour RTL et 2.6% pour RMC. Cette dernière rassemble 460 000 auditeurs de 15 ans et plus entre 18 et 23h et 1 million d’auditeurs de 13 ans et plus le samedi entre 14 et 23h. 74% des auditeurs de RMC considèrent le sport comme « un centre d’intérêt majeur ».
Autre caractéristique importante dans le sport à la radio, la publicité. Que rapporte-t-elle ? Sur France Inter, pour 15 secondes de 20h à minuit le tarif est de 225 euros. Entre 8h et 9h, ces même 15 secondes sont facturées 4 125 euros. Pour 45 secondes entre 20h et minuit, le tarif est de 510 euros, contre 9 350 euros entre 8 et 9h. Hugues Durocher admet pour sa part qu' »Europe 1 doit se développer davantage dans ce domaine ». Le tarif pour un soir de semaine entre 20h et 20h30 varie entre 440 et 730 euros selon les saisons. En revanche, le samedi soir où Europe 1 retransmet généralement des matches de foot, les tarifs sont beaucoup plus élevés et oscillent entre 960 et 1 440 euros et entre 1 600 et 2400 euros pour la période 21h-21h30.

Un des phénomènes qui prend également de l’ampleur est le partenariat. RMC a ainsi multiplié les partenariats, avec l’OGC Nice et la Coupe de la Ligue pour le football, avec le club de Bourgoin-Jallieu pour le rugby, ainsi qu’avec quelques Fédérations comme celle d’Athlétisme, de Ski ou de Handball, mais également avec le Team Nissan sur le dernier Paris Dakar. Selon Franck Lanoux, « RMC doit se montrer active, notamment par ce genre d’actions, afin que les auditeurs remarquent que la radio bouge ». Rappelons également qu’en 2002, RMC avait décroché l’intégralité des droits de retransmission des matches de la Coupe du Monde de Football. Un GIE Sport Libre, qui comprenait France Inter, France Info, Europe 1, RTL et RFI avait alors été formé pour tenter – en vain – de contrer la position dominante de RMC.

Sur France Inter, le partenariat n’est pas la priorité absolue. Toutefois la station est partenaire du Championnat de France des Rallyes, qui a débuté en avril dernier. A Europe 1, « on a des sollicitations mais pour l’instant on n’en fait pas. Ce n’est pas notre créneau », affirme Hugues Durocher. Sud Radio est pour sa part partenaire de la Fédération de Rugby. Le partenariat est en effet un bon moyen de s’inviter à la table du monde sportif et ainsi de donner une image de radio sportive aux auditeurs. Il est probable que ce phénomène prenne encore plus d’importance dans les prochaines années. Un autre fait marquant concerne les moyens déployés pour assurer la couverture de grands évènements sportifs. En cette année riche en évènements sportifs, les stations généralistes vont rivaliser de moyens afin de rendre compte au mieux de ces évènements. Europe 1 hésite encore sur le nombre de personnes qu’elle enverra sur le Tour de France. « On ne sait pas encore si on fera une formule light ou si on développera. Cela variera donc de 6 à 12, c’est à dire du simple au double », indique Hugues Durocher. Pour l’Euro, Europe 1 enverra 4 journalistes et des consultants sur place, tels que Guy Roux ou Robert Pires, qui sera avec l’équipe de France. De plus, pour les J.O, 8 personnes devraient être envoyées sur place. A France Inter, ce sont 30 personnes se rendront sur place pour l’événement et la station devra également alimenter en sons et reportages les 50 chaînes de radio du groupe Radio France. RMC mettra aussi en place d’importants moyens pour les prochaines compétitions, ce qui amène Franck Lanoux à dire que « RMC propose une offre très complète en matière de couverture sportive ». RMC couvrira donc tous les matches de l’Euro au Portugal, le Tour de France et les J.O. d’Athènes. Pour assurer la couverture des J.O., 30% des moyens mis en place seront à Paris et 12 personnes interviendront en direct depuis Athènes entre 10h et 23h. Par ailleurs, pour la troisième année consécutive, RMC a acquis début mars les droits de retransmission radio de la Formule 1. Pour sa part, Sud Radio a mis en place le Challenge Sud Radio de rugby, un véritable tournoi entre les meilleures équipes françaises, qui permettra au vainqueur de disputer la Coupe d’Europe. Frédéric Courtine indique pour sa part que 10 personnes ont été mobilisées pour suivre la Coupe du Monde de Rugby 2003 en Australie, une compétition pour laquelle la station s’est assurée l’exclusivité des droits radio.

De l’avis de l’ensemble des représentants des radios généralistes, la place du sport à la radio devrait continuer à se développer. Mais ne risque t-on pas l’overdose ? Selon Hugues Durocher « il y a encore une marge de progression si on est bon, il faut aussi se situer par rapport à la télé ». Pour Jean-Paul Cazeneuve de Sud Radio, « il va y avoir des possibilités de faire davantage en matière de sport. Mais maintenant, les radios vont devoir payer des droits, par exemple pour les JO 2012″. Ce dernier estime qu' »à terme on aura une radio essentiellement sportive, dont les choix seront surtout guidés par l’aspect économique ». Franck Lannoux abonde dans le sens de ses confrères, et va même plus loin. « Je pense que le créneau sport a encore beaucoup de possibilités d’expansion, on peut aussi penser à mettre en place une radio tout sport qui couvre l’ensemble du territoire », explique t-il. Enfin, Jacques Vendroux pense également qu’il y a encore des possibilités de progression. « La radio n’a pas encore tout fait en matière de sport, il faut explorer chaque créneau possible avec attention ». Le directeur des sports de France Inter, ne souhaite donc pas s’arrêter en si bon chemin et entend participer à la continuité de cette parfaite complicité sport-radio.


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