Dossier Spécial Sport et Radio – Une vraie stratégie de programmes (1ère part.)

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Chacune avec leurs spécificités, les radios généralistes ont mis en place des stratégies afin d’être les plus complètes sur l’information sportive et de faire vivre au mieux les grands événements sportifs à leurs auditeurs. « Au départ, c’est un espace qui n’existait pas de manière régulière et nous avons décidé de le créer. Cela fait maintenant huit ans que nous faisons du sport sur notre antenne. D’ailleurs, les autres radios pensent qu’il est bien de faire comme nous et manquent un peu d’imagination », explique Hugues Durocher, secrétaire général d’Europe 1. Cela fait donc une petite dizaine d’années qu’Europe s’est positionnée sur le créneau sportif. Du côté de RMC, lorsque la station a été rachetée il y a quatre ans par NextRadio et Alain Weill, elle perdait plus de neuf millions d’euros par an. Il fallait donc trouver rapidement un nouveau créneau. « A notre arrivée, nous avons fait une étude marketing et on a remarqué qu’il n’y avait pas de radio généraliste qui traitait de sport de manière importante », souligne Franck Lanoux, directeur Général des programmes de RMC. Pour RMC, il s’agissait de « lancer un élément qui permettait une offre radio nouvelle », mais Franck Lanoux admet que « c’est difficile lorsqu’on arrive en dernier ». Depuis, RMC a basé une grande part de sa stratégie de développement sur les émissions sportives. Selon Jean-Paul Cazeneuve, journaliste sportif et spécialiste du rugby à Sud Radio, Sud Radio, explique que « le sport est devenu un phénomène de société, un spectacle. Il y a de plus en plus de demande de la part des auditeurs ». Selon lui, le sport a toujours occupé une place importante à la radio. « Je me souviens de Roger Couderc qui commentait les matches de rugby sur RTL, il y a quelques années. La presse consacre de plus en plus d’importance au sport, par exemple au Monde, avant il n’y avait pas de journalistes sportifs, désormais il y en a six ». Un point de vue partagé par Jacques Vendroux, directeur des sports à France Inter. « L’auditeur a besoin de sport, car il fait partie de notre vie et la radio en est un parfait complément. Les gens veulent en effet savoir à tout moment ce qu’il se passe », explique t-il.

Afin d’offrir le meilleur service possible en matière de sport, les radios ont mis en place différentes stratégies. Ainsi France Inter peut compter sur le réseau des stations locales de France Bleu. Les 42 stations locales accordent en effet beaucoup d’importance au sport. Une des particularités de France Inter, qui diffuse comme les autres stations généralistes à la fois en grandes ondes et en FM, est de décrocher sur son émetteur grandes ondes le samedi soir pour retransmettre les grands évènements sportifs, essentiellement des matchs de football. France Inter accorde en effet beaucoup d’importance aux « grands directs », car comme le précise Jacques Vendroux, « l’auditeur a besoin de savoir. Les gens ne veulent pas qu’on leur prenne la tête, on ne doit pas se lancer dans des grandes analyses et faire compliqué. Il faut simplement qu’on se contente de donner le résultat et d’être clair ». Hugues Durocher, affirme également pour sa part la volonté d’Europe 1, d’être claire et surtout « la volonté de rénover notre image, d’être moins automatique, de se différencier ». En clair, Europe 1 souhaite s’appuyer sur des bases solides et des valeurs qui lui sont propres pour installer le sport sur son antenne. Hugues Durocher précise qu' »Europe 1 souhaite être de plus en plus flexible et donner plus d’importance à l’information ». Cette flexibilité se traduit par exemple par la volonté d’attirer un public plus jeune, car la moyenne d’âge des auditeurs de la station de la rue François 1er est d’environ 45 ans. C’est le cas avec le Club Pires. « Robert Pires est est un joueur qui correspond bien à nos valeurs et auquel beaucoup de jeunes s’identifient », précise Hugues Durocher. Europe 1 cherche également à instaurer une interactivité avec ses auditeurs, notamment avec les SMS. Pour Jean-Paul Cazeneuve, « la complicité avec les sportifs est très importante. Nous les connaissons quasiment tous et ça se passe bien entre nous ».

Sur RMC, la relation avec les auditeurs et les sportifs est aussi primordiale, c’est pourquoi la station dirigée par Alain Weill a décidé d’accorder une place importante aux débats entre journalistes et auditeurs autour de faits sportifs marquants. « Il est important de donner la parole aux auditeurs, qui sont par ailleurs de fins connaisseurs. Il ne s’agit donc pas de leur raconter n’importe quoi », indique Franck Lanoux, tout en précisant que « RMC se rapproche d’une radio de service public par cette offre, et nous centrons notre créneau sur ce concept de « Talk Info Sport », avec des spécialistes comme Jean-Michel Larqué ou Luis Fernandez ». RMC entend également mettre des décrochages régionaux pour retransmettre de grands évènements sportifs, ces décrochages ne comprenant aucun message publicitaire ni partenariat local, en application des règles imposées par le CSA. RMC estime ainsi qu' »elle incarne le mieux les valeurs du sport ».

Toutes les radios s’attachent donc à proposer une grille des programmes riche en sport, si possible variée et très complète. Sur Sud Radio, c’est le rugby qui est le sport dominant. « Le rugby fait partie de notre histoire régionale mais c’est aussi une forte envie de notre part de nous y intéresser », indique Jean-Paul Cazeneuve. Chaque dimanche, il anime ainsi « Rugby Club » de 17h à 18h, suivi de 18h20 à 19h par « Football Club ». Présentée par Jean-Louis Verger et Pascal Despeyroux, cette émission suit notamment le TFC, les Girondins de Bordeaux, Montpellier et les clubs du Nord de l’Espagne comme Barcelone, Bilbao et San Sebastian. Par ailleurs, Sud Radio couvre chaque année 450 à 500 matches de rugby, depuis les matches de championnat du Top 16 à ceux de la Pro D2 et passant par la Coupe d’Europe et les matchs de l’équipe de France. Jean-Paul Cazeneuve précise qu' »au niveau du rugby, on a vu que le créneau n’était pas utilisé donc on l’a fait, mais pour le football on ne peut pas rivaliser avec des grandes chaînes comme Europe 1, France Inter, RMC ou RTL, qui ont une grosse force de frappe. Notre connotation sportive est à la couleur de l’antenne et nos programmes s’adaptent au sport ». A Sud Radio, lorsqu’il y a un grand évènement sportif, ce dernier est prioritaire sur les autres programmes. « C’est la presse sportive qui a créé les grands évènements sportifs, ce sont des journalistes qui ont mis en place la Coupe du monde de Rugby, de ski ou de Football. Sans la presse, le sport n’existe plus. Regardez les joueurs, même si ça les ennuie de répondre aux questions, ils se précipitent ensuite sur leur télé ou leur radio pour voir ou écouter l’interview », rajoute Jean-Paul Cazeneuve.

A France Inter, le sport occupe également une place importante au sein des programmes. « Nous avons tout d’abord un journal des sports à 6h40 et 7h40 tous les matins, puis Interfootball tous les soirs de match », explique ainsi Jacques Vendroux. Cette émission fait appel à des correspondants dans les stades où ont lieu les matches, ce qui représente une vingtaine de journalistes mobilisés par soirée de championnat. Le Directeur des Sports de France Inter estime que « malgré son côté intello, France Inter est quand même très sport ». Par ailleurs, Jacques Vendroux a lancé il y a trois mois une retransmission sur la City Radio à Paris des matches du PSG. « Cela permet aux auditeurs d’Ile-de-France de suivre les matches du PSG en direct, à domicile et à l’extérieur », indique-t-il. Mais France Inter s’intéresse aussi aux sports dits « secondaires ». Ainsi, durant les Jeux Olympiques d’Athènes, Jacques Vendroux prendra en charge la rubrique Badminton, dans laquelle la France a de grandes chances de remporter des médailles. « On souhaite aborder d’autres sports que les sports médiatisés pour que les gens puissent trouver ce qu’ils cherchent. Je pense que les patrons de Radio France ont écouté ce que j’avais dit sur le sujet ». Il indique aussi que « le fait que les autres radios en fassent trop n’est pas notre problème ».

A Europe 1, c’est le football qui a été choisi comme sport dominant. La station diffuse ainsi quotidiennement 2h30 de programmes sportifs. Hugues Durocher pense qu' »il faut réinventer les débats, les reportages. Nous avons ainsi créé une rubrique qui s’intéresse à la Ligue 2. Nous devons pousser les gens à rester plus longtemps, car sur 2h30 d’émission, ils restent en moyenne 1h ». Europe 1 souhaite, précise Hugues Durocher « développer ce qui est nouveau, par exemple avec la Formule 1 et les deux nouveaux grands prix à Bahrein et en Chine ». Le sport à Europe 1 est synonyme de « renouveau perpétuel », afin que l’auditeur « ne se lasse pas ». Ainsi, le multiplex présenté par Jacky Gallois, qui est le programme sportif phare de la station, attire chaque soir environ un million d’auditeurs, soit 12 à 13% de part de marché. Selon Hugues Durocher, « les gens sont des zappeurs, il faut donc repenser et renouveler de manière constante. Ainsi on fait des coups de zoom importants. Il ne faut pas faire ce que fait la télé, pour un grand match diffusé sur TF1, nous devons proposer autre chose, il faut retransmettre autrement ». Chaque soir, « Europe Sport », présenté par Jean-Charles Banoun et Lionel Rosso, revient sur les derniers résultats et informations sportives avec la participation de nombreux invités. Europe 1 est d’ailleurs certainement la station qui invite le plus de sportifs à réagir. Tous les grands matches de football sont également retransmis. Dernièrement, pour le match de Coupe d’Europe Panathinaikos-Auxerre, Europe 1 était le seul média à retransmettre le match en France. De plus, tout comme France Inter, Europe 1 propose des journaux sportifs le matin, à 5h42 et 6h42. Les programmes sportifs sur Europe 1 ont donc évolué, notamment avec le recrutement de jeunes journalistes. « Europe 1 a engagé des jeunes journalistes tels que comme Jean-Charles Banoun et Lionel Rosso ainsi que des journalistes leaders sur leurs chaînes de télévision tels que Christian Jeanpierre à TF1 et Laurent Luyat à France 2. L’objectif est d’assurer la relève de la génération qui va partir à la retraite. Nous devons fidéliser notre public, avec des rendez-vous chaque jour à la même heure », précise Hugues Durocher. La concurrence de plus en plus importante pousse Europe 1 à « être davantage volontariste et à renouveler les concepts ».

A RMC, on a également fait appel à de grands noms du sport pour animer plusieurs émissions sportives. Du lundi au vendredi, de 18h à 19h, Luis Fernandez présente ainsi son émission « Luis attaque ». De 19h à 20h30, François Pessenti et Christophe Cessieux animent « RMC Sport » suivis de 20h30 à 23h par « DKP Sport » emmené par Alexandre Delpérier, Guy Kédia et Sarah Pitkowski. Le week-end est aussi placé sous le signe du sport. Ainsi le samedi, Jean-François Maurel présente « L’intégrale Sport » entre 14h et 17h. Ensuite, Jean Bommel et Edouard Jay commentent le match de foot de l’après-midi dans « L’intégrale foot L1 » puis Gilbert Brisbois prend le relais avec « La soirée foot » entre 19h30 et 23h59. Enfin le dimanche, « Larqué foot » est programmé de 10h à 12h ainsi que des émissions spécial F1 lors des Grands Prix.

.: La semaine prochaine – 2ème partie :.Des moyens et des enjeux économiques


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