DR – VRN – Comité DRF – « La radio numérique terrestre : maintenant ! »

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La Radio Numérique Terrestre (RNT) est une réalité depuis le 27 mai 2009. Une réalité au travers des décisions du CSA, décisions attendues depuis de longues années par de très nombreuses radios commerciales et associatives, qui se sont portées candidates dans toute la France et qui ont investi financièrement dans cette attente.

Ces entreprises et associations étaient parfaitement conscientes de la norme choisie, malgré la controverse autour de celle-ci, conscientes aussi pour la plupart de la nécessité de la double diffusion qui interviendrait durant la période de migration, conscientes enfin de la nécessité de numériser la radio pour que ce media conserve au plus vite sa place dans la chaîne audiovisuelle de la convergence, face aux tentatives de la télévision et de la téléphonie d’en faire un media mineur.

Mais, la réalité de la RNT, c’est d’abord l’intérêt des auditeurs, dans l’augmentation significative de l’offre radio, sur le plan local, régional et national.

Sur les trois premières zones retenues par le CSA pour un démarrage en fin d’année, Paris passera de 48 radios FM à 55 radios RNT, Marseille de 29 à 41, Nice de 27 à 40.

La réalité, c’est aussi la possibilité offerte aux radios existantes d’élargir leurs zones de diffusion et de devenir pour celles qui le souhaitent, des radios multi-villes ,des radios multi-régionales, qui constitueront les « nouveaux entrants géographiques », ce que la saturation de la bande FM leur interdisait jusqu’à présent.

La réalité, c’est encore l’introduction de nouvelles fonctions inédites en radio FM. Une qualité du son équivalente à celle du CD. La possibilité de revenir en arrière pour écouter dans sa totalité, un programme déjà à l’antenne. L’introduction sur les récepteurs d’un mini écran de données visuelles associées au programme sonore, (logo de la radio, photo de l’animateur et des invités, pochette du disque diffusé ou couverture du livre commenté…). Outre l’interactivité qu’offre la RNT avec les réseaux numériques de l’internet et de la téléphonie mobiles, de multiples fonctions associées au programme permettront d’opérer des achats (musiques, billets de concert…), d’avoir accès au trafic routier, au cours de la bourse, à la météo…

La réalité, c’est enfin la possibilité de « podcaster » et de bénéficier de la mobilité de la radio pour une information gratuite permanente et viable.

Autant d’atouts qui, comme la TNT en son temps, vont permettre à des millions de français de bénéficier à terme d’une offre nouvelle et surtout toujours gratuite.

Or, depuis quelques semaines, nous constatons que ceux qui, hier déjà, ont tout fait pour faire échouer le DAB et l’appel aux candidatures du CSA de l’année 2000 puis la numérisation des ondes moyennes, ceux qui ont refusé le bon sens dans le choix de la norme, préférant à la « multistandardisation » et à l’homogénéité européenne, la norme propriétaire américaine de l’IBOC puis plus récemment le T-DMB coréen, continuent leur ballet incessant de revendications en tous genres, d’attaques en règle et de pression contre le CSA, de tergiversations techniques pour s’interroger au bout du compte sur le bon choix ou non de la norme qu’ils ont eux-mêmes imposés.

Mais que se passe-t-il réellement en France ?

Les grands opérateurs se considèrent toujours en état de monopole absolu, comme si le paysage radiophonique n’a pas évolué depuis la libération des ondes et que ce paysage était figé et leur appartenait définitivement, rejetant la concurrence de nouveaux entrants et du même coup le renouvellement normal et naturel de l’offre et son enrichissement.

Mais au-delà de leur souci permanent de conserver leur monopole, ces grands paquebots affichent aujourd’hui surtout leur faiblesse. Leur quasi incapacité à créer une nouvelle offre et de nouveaux contenus, alors qu’ils savent parfaitement que la concurrence est là, à leur porte, avec de nouvelles thématiques, de nouvelles équipes, un nouvel état d’esprit radio, qui considère le media radiophonique comme un support multimédia, que seule la RNT permettra de déployer. Le media radio global est né, et c’est l’auditeur qui fait la loi. C’est la fin du media imposé à l’auditoire, les habitudes de consommation changent à la vitesse grand V, mais les grands opérateurs en sont-ils conscients ? Et surtout, ont-ils la capacité de s’adapter à cette évolution inéluctable ? Quoi qu’il en soit, si leurs inquiétudes sont légitimes, leurs tentatives d’empêcher le bon déploiement de la RNT ne l’est aucunement.
Aujourd’hui, ce n’est plus à eux de décider de l’avenir de la radio en France. C’est aux Institutions et plus particulièrement au CSA de prendre la responsabilité d’engager enfin le déploiement de la RNT, tel que cela a été décidé dans l’appel à candidature officiel de mars 2008. Nombreux sont les opérateurs qui ont été autorisés et qui sont prêts à ouvrir leurs antennes, nombreux sont les opérateurs qui seraient prêts à ouvrir des antennes nouvelles, avec de nouveaux contenus, mais qui n’ont pas reçu d’autorisations, faute de places.

Nous avons créé l’association VRN (Vivement la Radio Numérique) en 2002, Le Comité DRF (Digital Radios Françaises) en 2003, l’association DR (Digital Radio) en 2005. VRN et le Comité DRF ont rejoint dés sa création l’association DR pour plus d’efficacité et pour soutenir l’introduction au plus vite de la RNT. Toutes trois s’inscrivent dans l’héritage du Club DAB et rendent hommage à son Président Roland Faure qui regrettait déjà au sujet du DAB « que le processus de numérisation de la radio soit bloqué, en dépit du succès de l’appel aux candidatures lancé en 2000 » et toutes trois ont décidé de s’exprimer très fermement.

Nous constatons à regret que depuis 1996, les politiques slaloment. « Petite loi FILLON ». Appel à candidature DAB en 2000. Appel à candidature OM en 2003. Adoption d’un cadre juridique pour le déploiement de la radio numérique en 2004. Et depuis 2005, déclaration de Patrick DEVEDJIAN, Ministre de l’Industrie, qui souligne que « la radio numérique est une priorité de premier plan ». Prise de position ferme de Dominique BAUDIS, alors Président du CSA qui déclare que « le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel va rapidement lancer une consultation sur la radio numérique, qui sera le point de départ de son déploiement ».

L’appel aux candidatures lancé en mars 2008 pour le déploiement de la RNT répondait à une forte demande (après de multiples consultations, concertations avec l’ensemble des acteurs, réunions publiques et autorisations pour des expérimentations). La marche en avant de plus d’une décennie aura été longue et sinueuse et les attributions n’interviennent finalement qu’en mai 2009.

Tout ralentissement, report ou retard sera extrêmement préjudiciable financièrement pour tous les opérateurs existants, les nouveaux entrants et les futurs nouveaux entrants qui attendent l’ouverture de la RNT. Nous ne pourrons tolérer que de nouveaux retards interviennent. Tout nouveau retard correspondrait à une annulation de fait de la sélection du 26 mai 2009 ,ce que nous refusons totalement.

Nous ne pouvons accepter que la loi soit bafouée en permanence par une poignée d’acteurs aux positions sans cesse fluctuantes qui engage la RNT dans une perpétuelle illusion au détriment des auditeurs, de nos entreprises, de nos associations et de notre économie.

La Radio est le seul média qui n’est pas encore numérisé à ce jour. La RNT était une promesse depuis 1996. Elle est, aujourd’hui, une réalité dans la légalité la plus absolue, celle du cadre juridique fixé pour la radio numérique, celle du Journal Officiel de la République française, celle de l’Appel à candidature du CSA et celle de la sélection des radios par le CSA et portée à la connaissance de la nation..

Tout est maintenant en place pour que la RNT soit lancée : la norme, a été validée par le ministère de la culture. Les premiers appels ont été lancés. Les trois premières zones choisies et les présélections faites. Le service public a annoncé son souhait de détenir un multiplex et la création de sa société de multiplex. Les propositions de multiplex ont été adressées aux opérateurs et les propositions de convention retournées par les éditeurs de services. Des engagements ont été pris vis-à-vis des « plus fragiles ». Le livre blanc commun aux diffuseurs et aux fabricants à été publié. Les diffuseurs ont annoncé sous la très forte incitation des éditeurs de services radio leur décision de constituer des sociétés de multiplex. Les fabricants communiquent fortement sur leurs gammes de produits.

Aussi, ni la crise économique actuelle, ni l’Internet, ni la diversification des habitudes d’écoute ou des supports (qui l’une comme l’autre remonte a plus de 20 années), ne peuvent justifier un quelconque retard pour le lancement de la RNT.

Un éventuel retard ou report mettrait de plus en péril des milliers d’emplois, au moment même où la France s’efforce, comme de nombreux pays européens, de sortir de la crise.

Dans les périodes difficiles, seuls le mouvement et la créativité comptent et aucune victoire durable et constructive ne peut être remportée contre le bon sens.

Le temps est donc venu de tenir promesses et engagements, dans un esprit de rigueur, de nécessité, de volonté et surtout de responsabilité, ou alors il faudra expliquer officiellement et publiquement pourquoi la radio numérique n’est pas lancée, nommer ceux qui ont réellement intérêt à empêcher son déploiement en France et au profit de qui et dédommager les opérateurs autorisés.

Le service public a été à la pointe de la numérisation de la radio analogique en Grande Bretagne et en Allemagne. Dans notre pays, il est grand temps que le service public sorte du bois et assume sa responsabilité, lui qui a des droits et des devoirs vis-à-vis de l’ensemble de nos concitoyens : le droit de préemption des fréquences en analogique et en numérique et la certitude de disposer d’un multiplex pour diffuser l’ensemble de ses programmes, le devoir et l’obligation de couvrir 90% du territoire national.

Il faut démarrer la RNT dans les délais convenus, en décembre prochain, car plus rien ne s’y oppose et que de très nombreux opérateurs y sont prêts. Ceux qui ne veulent pas de la radio numérique terrestre ont la solution Internet. La Radio ne rime pas uniquement avec part de marché mais, aussi, avec des dizaines d’années d’expériences, des certitudes étayées sur le terrain et une volonté sans faille de continuer d’avancer.

Pour nous La RNT, c’est maintenant ! Il faut la lancer avec ceux qui le souhaitent et ils sont nombreux.

Ceux qui ne le souhaitent pas ou plus, et qui ont déposé des candidatures à la légère ou par réflexe, et qui ne démarreront pas dans les délais fixés par la loi, doivent prendre leur responsabilité en restituant au CSA leurs autorisations, qui seraient alors remises en jeu, au profit de nombreux éditeurs de services qui attendaient ou attendent des autorisations.

Jamil Shalak, Président de l’Association DR
Tarek Mami, Président de Vivement la Radio Numérique
Joël Pons, Président du Comité DRF


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