C’est dans le cadre prestigieux du Château de Penthes (Genève), à deux pas d’une ambassade américaine transformée en bunker, que s’étaient donné rendez-vous 300 représentants des organisations radiophoniques du monde entier. L’événement était de taille car il s’agissait d’officialiser l’avènement de la numérisation des ondes courtes, moyennes et longues. « C’est l’aboutissement de cinq ans de travail », a expliqué à RadioActu Peter Senger, président du consortium DRM et de la Deutsche Welle. « Nous avons commencé à travailler sur ce projet avec 20 organisations, elles sont 80 aujourd’hui. Nous avons su respecter le planning que nous nous étions imposés et cette journée est la preuve d’une parfaite collaboration avec les industries et les radiodiffuseurs », se réjouit Peter Senger. Il faut dire que la technologie DRM ne manque pas d’intérêt et devrait susciter un véritable regain d’intérêt des auditeurs pours les ondes courtes, longues et moyennes. Fini les grésillements et parasites : le passage au numérique offrira une qualité proche de la FM et sans interférences ainsi qu’une portée accrue des émetteurs.
« Aujourd’hui, 16 radiodiffuseurs diffusent en mode DRM, dont RFI, RTL (Allemagne), la BBC, Radio France ou encore la Deutsche Welle », souligne Peter Senger. « Les premiers récepteurs grands publics devraient être disponibles fin 2004, estime Peter Senger, et leur coût sera supérieur de 15% à 20% à celui d’un récepteur analogique traditionnel ». Par ailleurs, le procédé Simulcast, malgré quelques imperfections à l’heure actuelle, permettra la diffusion sur une même fréquence du signal analogique et du signal numérique, ainsi que la transmission de données associées. Peter Senger s’est dit confiant sur le succès du DRM, rappelant que des pays tels que la Russie ou la Chine, représentant des millions d’auditeurs, ont adopté ce mode de diffusion, ce qui devrait contribuer très largement à la démocratisation des récepteurs compatibles.
Après un spectacle de mimes retraçant les grandes heures de la radio depuis ses origines, Peter Senger donnait le feu vert aux premières émissions en mode DRM. Depuis le Mont-Salève, dominant le bassin lémanique, TDF a alors commencé à émettre les premiers signaux DRM en ondes moyennes (1 179 kHz) et ondes courtes (25.775 MHz). Les programmes retenus pour cette émission historique étaient ceux de FIP et de RFI, diffusés avec une puissance de respectivement 1 kW pour les ondes moyennes avec un émetteur Thalès et de 350 W pour les ondes courtes. Ces émissions prendront fin le 20 juin prochain et s’inscrivent dans le cadre de la Conférence Mondiale des Radiocommunications organisée par l’Union Internationale des Télécommunications.
« L’introduction du DRM changera pour toujours la direction de la radio, a déclaré Peter Senger, l’évanouissement, le bruit et les interférences qui ont gêné la radio analogique depuis des décennies seront remplacés par l’excellente qualité de réception de DRM, lequel créera ainsi de nouvelles possibilités stimulantes pour les radiodiffuseurs, leur permettant d’accroître leurs audiences et les temps d’écoute ». La France était représentée par Michel Penneroux, responsable du service ondes courtes de TDF et président du comité commercial de DRM, Pierre Vasseur (Thalès), Alain Delorme (TDF), Philippe Levrier (CSA) et Jean-Baptiste Sauquet (Radio France).
D’ores et déjà, la Deutsche Welle diffuse quotidiennement 12 heures de programmes en DRM en anglais et en allemand. De même, Radio Netherlands, Swedish Radio International, Deutschland Radio et RFI ont annoncé le lancement de leurs programmes DRM. En France, l’avènement de la radio numérique fait l’objet d’un groupe de travail placé sous l’égide du Ministère de la Culture et de la Communication, et de nouvelles initiatives devraient être annoncées dans les prochains jours. Reste encore pour les radiodiffuseurs et les fabricants à reconquérir un public qui a progressivement perdu l’habitude d’écouter cette gamme d’ondes. C’est là que réside la clé pour un véritable succès du DRM.
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