Europe 1 – « Nous n’avons pas fini de marquer des points », estime Fabien Namias

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Europe 1 réalise 9% d’audience cumulée. Comment accueillez-vous ce score ?
Fabien Namias : Avec beaucoup de satisfaction. C’est un bon score et nous aurions tort de ne pas nous en réjouir. Lors de la vague précédente, nous avions été très clairs avec les équipe d’Europe 1 : nous avions clairement dit avoir été déçus par les résultats, qui n’étaient pas à la hauteur des implications ni de la qualité de l’antenne. Cette fois, nous retrouvons des résultats qui, à mon avis, sont davantage conformes au potentiel de performance d’Europe 1. C’est le meilleur résultat sur cette vague de printemps, qui est toujours un peu compliquée pour les généralistes en général et pour Europe 1 en particulier. Nous avons la meilleure audience cumulée et n’avons pas eu autant d’auditeurs qui nous écoutaient sur cette vague depuis 2006. Nous progressons sur un an et établissons un record d’écoute. On n’a jamais été autant écoutés par les CSP+. Quand on fait le détail de la grille et des résultats, on voit que nous avons des points, que nous avons des valeurs sur lesquelles nous allons encore travailler et consolider pour la rentrée, et que nous avons des endroits avec des réserves d’auditeurs, de la croissance à aller chercher… Cela correspond exactement aux réformes que nous sommes en train de mettre en place pour la rentrée. Tout cela est très encourageant.

Pour expliquer cette hausse d’audience enregistrée par Europe 1, considérez-vous par ailleurs que vos concurrents ont été moins bons que vous sur cette vague de sondages ?
Fabien Namias : Je regarde les résultats. Je constate que certains de nos concurrents progressent, d’autres régressent de manière assez significative. Je note qu’Europe 1 a su en profiter, a su par moment être meilleure que ses concurrents sur le divertissement et l’information. Regardez ce que nous avons été capables de produire en informations ces derniers temps : quand Bernard Tapie vient parler à la radio, il le fait sur Europe 1, quand Bill Clinton revient en France il est sur Europe 1, Jérôme Kerviel était encore là il y a une dizaine de jours… Nous avons été le seul média en France à diffuser une interview du président de la République au moment de la catastrophe de Brétigny. Nous sentons que nous sommes dans un climat porteur, avec des équipes qui, malgré la fin de saison, sont mobilisées et performantes. Il n’y a aucune auto-satisfaction là-dedans, mais je pense qu’Europe 1 a fait du bon boulot, dont elle est récompensée. Il y a aussi des aléas d’audience : quand un concurrent baisse il est normal qu’un autre monte. J’entends depuis plusieurs mois qu’Europe est hors du coup, un peu mal portante, on se demande si elle pourra rebondir… Nous avons la preuve aujourd’hui qu’elle peut, qu’elle est toujours là, bel et bien dans la course et qu’elle n’a pas fini d’y marquer des points.

Votre objectif est-il toujours d’atteindre les 10% d’audience cumulée, à quelle échéance et avec quelle stratégie ?
Fabien Namias : Notre objectif est de resserrer l’audience avec nos principaux concurrents. L’année dernière qui nous devançait ? France Info, France Inter et RTL. Info avait 0,3 point de plus que nous ; nous en avons 0,8 de plus cette année. Entre France Inter et nous, il y avait plus d’un million d’auditeurs d’écart. Ils sont à peine plus de 400 000 aujourd’hui. L’écart avec RTL est encore important. Tout l’objectif d’Europe 1 sera d’être performante, d’innover, d’inventer, pour resserrer les écarts. A terme, pas avant l’horizon de moins de deux saisons, on peut envisager de remettre Europe 1 à sa place naturelle, sur le podium des trois premières radios de France.

Europe 1 regarde-t-elle les scores d’une radio musicale comme NRJ ?
Fabien Namias : Ces scores disent quelque chose. Ils disent tout d’abord la qualité du programme et le talent des gens de NRJ. C’est un point très clair : coup de chapeau à NRJ ; on doit toujours saluer le vainqueur d’une vague. Sans tomber dans la sociologie de comptoir, cela traduit aussi une forme d’inquiétude, de lassitude, de désenchantement face à l’information, au climat du pays en général. Les radios qui occupent cette place peuvent être pénalisées. Il existe un besoin de se divertir, de se changer les idées dans ce pays… Les radios qui accordent plus de place au divertissement et à la musique tirent leur épingle du jeu.

Vous vous êtes séparé de Bruce Toussaint en couvrant de fleurs à l’antenne l’arrivée de Thomas Sotto. N’auriez-vous pas adressé une critique assez dure de Bruce Toussaint et de sa direction de la matinale ?
Fabien Namias : Non. C’est une remarque que l’on m’a faite récemment. J’essaie d’imaginer l’inverse et de me dire : « voilà, Bruce Toussaint s’en va, on va le remplacer par Thomas Sotto, qui ne sera pas forcément mieux, qui n’a pas beaucoup de valeur ajoutée… ». C’est complètement absurde ! Thomas Sotto vient car nous pensons qu’il va pouvoir incarner et porter le projet qu’on définit ensemble ici concernant la matinale de rentrée. L’orientation de la matinale de rentrée est moins axée sur l’humour, le divertissement. Elle fera davantage de place à l’analyse, l’expertise, les points de vue tranchés. La personnalité de Thomas nous semble faire partie des meilleures pour porter ce projet. Avec Bruce Toussaint, nous nous sommes séparés en d’excellents termes. Sur un plan personnel je me sens très proche de lui. Il a excellemment porté le projet qu’on lui a demandé de porter. Il a obtenu le plus haut potentiel du résultat que l’on pouvait obtenir. Aujourd’hui il s’agit d’accélérer et de se dire que le potentiel de croissance se trouve sur la matinale, qui est le plus gros carrefour d’audience de la grille d’Europe 1. De ce point de vue là, le problème n’était ni une personne, ni une équipe. Il fallait faire évoluer le projet, le transformer. A partir du moment où on le transformait, il fallait le confier à une personne qui nous semblait être en phase avec ce projet. En tout cas je trouve que Bruce a parfaitement fait ce qu’il était venu faire chez nous et qu’il part en laissant une audience matinale qui a gagné quelques milliers d’auditeurs par rapport à l’année dernière. C’est une mission réussie, et on peut aller plus loin. Pour ce faire, c’est une question de modèle à faire évoluer, pas une question de personne.

Avec le départ de Michel Drucker et l’arrivée de Cyril Hanouna ne craignez-vous pas de déstabiliser votre audience, de la même façon que RTL avait déstabilisé la sienne avec le remplacement de Philippe Bouvard par Christophe Dechavanne ?
Fabien Namias : Quand on touche aux habitudes en radio, il y a toujours un risque. Il faut se poser la question de ce que sont une radio et une marque en général. Europe 1 est pour moi une marque qui ne se porte jamais aussi bien que quand elle est une forme d’incarnation de quelques valeurs simples : la liberté, l’innovation et la transgression. Je pense que Cyril Hanouna – en terme de transgression, de bousculer les habitudes des gens, d’extraordinaire liberté de ton -, correspond totalement aux valeurs d’Europe 1. Cela prendra un peu de temps, il faudra que l’émission s’installe, qu’elle trouve son format, que les habitudes d’écoute se créent. Il est évident que cela ne se fera pas en quelques semaines, mais j’ai une totale confiance entre l’adéquation de ce qu’est Cyril Hanouna, de ce qu’il va proposer, et de ce que les auditeurs d’Europe 1 attendent d’Europe 1. On prend toujours un risque en changeant, mais c’est un risque calculé. Est-ce que ça donnera des résultats immédiatement ? Cela reste à voir, car il faut toujours du temps en radio. Mais je pense que la direction est la bonne.

Ces changements nombreux annoncés dans la grille des programmes pour la rentrée ne vous donnent aucun stress alors qu’Europe 1 vient d’enregistrer des scores honorables dans ses résultats d’audience ?
Fabien Namias : Mon but n’est pas de conserver ce score honorable, mais de l’améliorer. Notre conviction – avec Bruno Gaston, qui dirige les programmes, et Denis Olivennes, qui fixe la stratégie -, est que, pour aller encore plus loin, nous devons changer de braquet, accélérer, donner plus de potentiel au contenu. Certains points forts sont des points performants : Morandini, Ruquier, Poincaré, Caroline Dublanche le soir… Nous avons des progressions considérables d’une année sur l’autre. Le 18/20 de Nicolas Poincaré progresse de 174 000 auditeurs en un an, c’est énorme. Il y a des moments d’antenne – la matinale, l’émission de fin de matinée qu’occupera Cyril, la tranche d’info de la demi-journée -, avec lesquelles nous pouvons aller plus loin. Nous savons que nous pouvons faire mieux. Si tel est le cas, nous partirons en conquête et Europe 1 aura davantage d’auditeurs. Le plus grand danger serait l’inertie et l’auto-satisfaction. Nous devons prendre un risque et nous le prenons.

Les modifications d’une antenne doivent-elles obligatoirement passer par l’arrivée de voix extérieures ? Cela voudrait-il dire qu’Europe 1 n’arrive pas à promouvoir en interne ses propres animateurs et responsables pour dynamiser l’antenne ?
Fabien Namias : Certainement pas. Le 5h-6h de la rentrée sera animé par Marion Calais, une voix de la maison. La tranche de la mi-journée sera animée par Wendy Bouchard, qui est un talent maison. Nicolas Poincaré, Patrick Roger sont là aussi. Des talents maison, comme Frédéric Taddeï, reviennent. Une radio est un endroit où les gens doivent mûrir, progresser, ou aller chercher. Nous sommes allé chercher Thomas Sotto car son profil nous semblait intéressant. Quant à Cyril Hanouna, il était déjà dans le groupe Europe 1. On s’est dit qu’il était plus intéressant pour nous de l’avoir sur Europe 1 à la rentrée plutôt qu’à Virgin. On ne va chercher à l’extérieur que quand on estime qu’il va y avoir un apport réel par les compétences, le point de vue, la personnalité. Europe 1 est une radio qui se renouvelle énormément de l’intérieur.

Quelle est votre politique de développement de l’univers de la station sur les applications mobiles, l’internet ?
Fabien Namias : Nous sommes en train de modifier considérablement le traitement du site et l’appli Europe 1. Nous avions deux possibilités : la première était de réduire la voilure du numérique et de se dire que la site n’était qu’un accompagnement de l’antenne, un relais extérieur de l’antenne. La deuxième était d’investir, de développer et de proposer une nouvelle appli, de renouveler le site et créer de vrais mariages entre le site et l’antenne, faire en sorte de créer une antenne participative, qui associe les internautes. Nous avons donc fait un choix d’investissement : un nouveau patron du site, Jérémie Clévy, nous a rejoints il y a quelques semaines. Il est en train de travailler pour nous proposer un modèle nouveau, enrichi, plus puissant encore, de l’Europe 1 numérique de demain, qui sera mis en place entre septembre et décembre. Nous sommes déjà la première radio en terme de podcasts. Nous pouvons faire beaucoup mieux en terme de consultation de notre site et de relais d’infos.


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