Les collectivités du Syndicat Mixte Aéroportuaire, partenaires de la réalisation du futur aéroport du Grand Ouest qui doit être implanté à Notre-Dame-des-Landes ont financé une vaste campagne de communication autour de ce projet qui suscite une vive opposition. D’un montant total de 300 000 euros, cette campagne a été diffusée en radio jusqu’au 28 février dernier. Des espaces ont ainsi été achetés en presse, affichage et sur plusieurs stations, telles Chérie FM, RTL2, NRJ, Hit West, Virgin Radio et France Bleu Loire Océan. Cette diffusion a provoqué une vive réaction des journalistes de la station, qui ont tenté de s’opposer à cette diffusion et ont adressé une lettre ouverte à Jean-Luc Hees, PDG de Radio France. « Nous estimons qu’il porte atteinte à notre travail et à notre crédibilité. Nous craignons d’en subir les conséquences sur le terrain », ont-ils écrit, à propos du message diffusé sur France Bleu Loire Océan. « Sur ce sujet polémique, nous ne cessons de faire vivre le débat entre les pro et les anti-aéroport sur notre antenne, nous ne cessons de respecter une stricte neutralité, en lien avec les valeurs du service public de l’audiovisuel, nous ne cessons de résister aux pressions exercées sur nous de part et d’autre en toute indépendance », ajoutent les journalistes de la station.
« Nous ne comprenons donc pas comment, dans ces conditions, la direction de Radio France peut cautionner la diffusion de cette campagne promotionnelle, sauf à considérer qu’elle vaut plus que notre travail », ont-ils estimé. Pour sa part, la CGT Radio France a dénoncé « une erreur de Radio France Publicité, qui devient une faute dès lors qu’elle est cautionnée par la direction générale et par la direction de France Bleu ». Le syndicat estime que ce spot publicitaire « risque de mettre à mal des mois (des années !) de travail des journalistes de cette station pour respecter la neutralité indispensable au traitement de ce dossier qui déchaîne tant de passions et d’oppositions. Cela veut dire que la crédibilité de la radio et de ses personnels va être anéantie par un simple contrat signé par Radio France Publicité, sans même que le directeur de la station et l’équipe locale en ait été informés ».
Dans un message adressé aux journalistes de la station, Jean-Luc Hees s’est dit sensible aux difficultés soulevées par cette campagne, mais a souligné « qu’il existe des règles très strictes concernant notamment la notion de refus de vente ». Et de s’interroger : « les journalistes sont ils légitimes à refuser ou accepter un message publicitaire sur leur antenne, sauf bien entendu à ce que le contenu du dit message soit expressément mensonger, tendancieux, insultant envers un individu, une catégorie de population ou attentatoire aux règles de la République, etc. », mais, ajoute Jean-Luc Hees, « il me semble que les assurances que vous a adressées votre Délégué Régional quant à l’encadrement de ce message sont de nature à vous mettre à l’abri de toute ambiguïté vis à vis de ce dossier ». En parallèle, les visuels de cette campagne ont été détournés par les opposants à l’implantation du futur aéroport.
