Festival de Marne – Interview de Catherine Lemaire

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Un des évènements majeurs de ce mois d’octobre sur la région parisienne, le Festival de Marne est l’occasion de découvrir de nouveaux talents, dans de nombreuses salles à travers tout le département du Val de Marne. Catherine Lemaire, responsable (entre autres) des concerts rock, reggae et rap, explique l’esprit et les objectifs de ce festival.

MusiacActu : Catherine, peux-tu dans un premier temps nous parler de l’esprit de ce festival ?
Catherine Lemaire : C’est un festival qui existe depuis longtemps puisque c’est la 14ème édition, cette année. Son but est de faire découvrir de nouveaux artistes, en leur proposant de faire des premières parties, mais dans de bonnes conditions, à savoir qu’ils aient du temps pour jouer. Si tu veux, c’est pas la première partie que tu fais jouer en utilisant la moitié de la sono et la moitié des lumières ! L’esprit est totalement à l’opposé.
De plus, on essaie de faire en sorte que cette manifestation soit vraiment populaire : les prix sont assez accessibles. Beaucoup de concerts ont des tarifs uniques à 50F, et d’un autre coté les spectacles un peu plus importants (sous les chapiteaux) ont des places à 100F et 50F en demi-tarif (chômeurs, retraités, adhérents FNAC, etc…). On veut vraiment toucher le plus demonde possible.
Le Festival, c’est aussi « Refrains des Gamins » : des spectacles à 30F pour les adultes et les enfants, en ayant toujours cette démarche en tête : aller voir d’autres choses, plutôt que d’écouter en boucle le CD Pokemon (rires) ! Il y a beaucoup d’artistes qui proposent au jeune public de découvrir d’autres instruments, d’autres couleurs musicales, d’autres pays.
Enfin, il y a beaucoup d’activités périphériques dans les hôpitaux, les écoles, les maisons de retraite.

MA : Qui a eu l’initiative de ce projet ?
CL : C’est le conseil général ! Tout est subventionné par le conseil général, ce qui est assez « confortable » puisque cela permet de ne pas faire nécessairement de spectacles rentables. Par exemple, un spectacle de Nougaro dans une salle de 300 places à 50F la place : c’est pas rentable même si c’est plein (Nougaro se produit le 14/10 sous le grand Chapiteau à Ivry, NDLR). Mais cela permet aux habitants du Val de Marne ou d’ailleurs (le festival est assez connu maintenant des parisiens dans les autres banlieues) d’aller voir Nougaro pour pas trop cher.

MA : Les concerts en septembre, c’est un peu la partie émergée de l’iceberg…
CL : En effet, il y a beaucoup d’autres activités, comme des aides à la création : si les responsables du festival craquent sur un groupe, ils leur proposent une petite aide financière, ou leur trouvent également des concerts dans d’autres festivals (dans le sud, les Landes…). C’est ce qui a été fait avec les Ogres de Barback ou les Hurlements d’Léo. Pour des jeunes groupes, ça peut être intéressant au niveau de la crédibilité.
Cependant, je trouve que beaucoup de festivals sont assez consensuels : on y retrouve un peu les mêmes groupes. Au Festival de Marne, on essaie d’amener chaque année du sang neuf.

MA : Et vous suivez ces groupes qui sont mis en avant lors du festival ?
CL : Oui, tu peux décourvrir un petit groupe, une fois, dans une salle du département et le retrouver quelques années plus tard sous un chapiteau à Ivry. C’est ce qui s’est passé pour des groupes comme Louise Attaque ou Noirs Désirs…

MA : Le festival, c’est donc l’occasion de découvrir des groupes inconnus et prometteurs, et ce dans une large palette de style…
CL : C’est ce que je trouve intéressant : ça navigue sur de la chanson française, du rap, du raï, du reggae, du rock : c’est très eclectique. Il y a différents programmateurs, avec des goûts tout aussi différents. Nadine Jehl est très sensible à la chanson française, un peu intimiste. José (Tavarès, NDLR) qui tenait un petite salle de concert (La Pêche, à Montreuil), s’occupe de toute la programmation rock, rap, raï, etc… Et enfin Gilles Avisse fait la programmation « jeune public », et passe sa vie à voir des spectacles pour enfants ! Toute l’équipe du festival sort énormément, tout le temps, pour voir ce qui se passe.
Moi-même étant sur des labels inde, je connais beaucoup de jeunes groupes qui n’ont pas forcément sorti de disques, mais qui nous envoie des démos. Donc je peux faire le relai.

MA : Et combien de personnes travaillent sur l’évènement ?
CL : C’est assez variable : à l’année deux ou trois, même si les programmateurs travaillent toute l’année à aller voir des spectacles… et puis plus le festival approche et plus il y a de monde : tous les techniciens s’ajoutent, il y a ceux qui s’occupent des billeteries… En ce moment, on est une quinzaine dans les bureaux ! Ca grouille de partout !!!

MA : D’un point de vue personnel, qu’est-ce que tu retires de ce festival ?
CL : Je peux comparer par rapport au travail que je fais dans un label, où tu suis les groupes sur un très long terme. Je trouve assez plaisant de travailler pour du spectacle « vivant » : tu mets ton énergie pendant des mois sur un évènement… et après t’es super content quand tu vois des chapiteaux de 2000 personnes qui se remplissent. Et en même temps c’est très éphémère : tu travailles six mois sur le festival et quand les concerts sont terminés, c’est fini.
En plus je fais plein de découvertes grâce au festival.

MA : Justement, pour toi, quels seront les points forts de ce festival ?
CL : Au niveau du succès populaire, c’est évident que ce sont les têtes d’affiche qui sont le plus rapidement complètes : Claude Nougaro, Henri Dès, les Rita Mitsouko.
Maintenant, pour moi, une des plus elles soirées, c’est la réunion de Cheikha Remitti et d’Intik. Cheikha, c’est une chanteuse de raï de 77 ans, ultra-féministe, qui a tourné dans le monde entier et qui est restée quelqu’un de simple et d’accessible. Et Intik, ce sont des jeunes rappeurs d’Alger. Je trouve ça intéressant de regrouper ces deux talents là, en plus sous la bannière d’un festival de chanson française. Ils représentent deux générations totalement différentes de l’immigration des algériens.
Après, d’un point de vue personnel, je m’éclaterai dans la soirée reggae avec K2R Riddim et Mister Gang. Il y aussi une soirée où je ne connais aucun des quatre groupes : Heliogabale, Purr, Herman Düne et NLF Trio, quatre groupes qui viennent d’un petit label indépendant (Prohibited Records, NDLR).

MA : Justement tu viens de parler de deux des concerts pour lesquels MusicActu fait gagner des places… et les deux autres : Dolly/Dionysos/Cornu et Les Wampas/UncommonMenFromMars/Petit Vodo ?
CL : Les Wampas, c’est un peu la valeur sûre : ils ne ratent jamais un concert, tu es sûr de t’amuser.
Petit Vodo, c’est un groupe de hardcore… sauf qu’il est tout seul, et il fait un bruit incroyable !
Dolly/Dionysos/Cornu : je trouve ça plaisant parce qu’il y a des filles dans chacun de ces groupes : ça change un peu. Ca fonctionne très bien. En plus la chanteuse de Dolly est quelqu’un de très sympa : après son concert, elle va directement dans la salle, à la rencontre des gens. Les chapiteaux sont assez conviviaux en plus, à la fois cirque et concert…

MA : Merci Catherine.

Pour découvrir plus en détail le festival de Marne, MusicActu offre des places de concert pour les soirées suivantes :
– le 5/10 : Heliogabale, Purr, NLF Trio et Herman Düne à 20h au petit Chapiteau d’Ivry-sur-Seine
– le 6/10 : K2R Riddim, Mister Gang et Children of the Lion à 20h au grand Chapiteau d’Ivry-sur-Seine
– le 7/70 : Les Wampas, Petit Vodo et UncommonMenFromMars à 20h au grand Chapiteau d’Ivry-sur-Seine
– le 13/10 : Dolly, Dionysos et Cornu à 20h au grand Chapiteau d’Ivry-sur-Seine

Cliquez ici pour jouer et gagner vos placespour le festival de Marne…


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