Dernière née des stations locales de Radio France, France Bleu Toulouse a vu le jour le 23 février 2011, au terme d’une bataille juridique invraisemblable et de l’opposition farouche des radios locales privées. Après le rapatriement du Mouv’ de Toulouse à Paris, et la fermeture de Parenthèse Radio qui bénéficiait d’une fréquence à Toulouse, rien ne semblait s’opposer à la création de France Bleu à Toulouse. À la demande de Radio France, la fréquence est préemptée par le Ministère de la Culture et de la Communication en mai 2010. C’était sans compter sur le SIRTI, qui bien que les fréquences hertziennes sont un bien public, a estimé que la seule et unique fréquence disponible à Toulouse, qui était jusqu’ici exploitée par une radio privée qui n’a pas su trouver son public, devait revenir de fait à un nouvel opérateur privé. En juillet 2010, Vincent Rodriguez est nommé directeur de la station toulousaine. Accusé de « hold-up » sur cette fréquence, Jean-Luc Hees, PDG de Radio France, rétorque en octobre 2010, que « personne n’est propriétaire des fréquences » et rappelle qu’avant d’être attribuée à Parenthèse Radio, la fréquence 90.5 FM était exploitée par France Culture.
Le mois suivant, devant la Commission des Affaires Culturelles de l’Assemblée Nationale, il ajoute : « il nous semble donc essentiel, au nom de la continuité du service public, que cette station de Toulouse s’installe comme il est prévu, puisque nous avons la fréquence ». Mais la fréquence toulousaine suscite bien des convoitises de la part des opérateurs privés et de certaines stations privées locales, qui redoutent l’arrivée d’une nouvelle concurrente sur leur zone de diffusion. Ainsi, le SIRTI saisit le Conseil d’État pour faire annuler la préemption de la fréquence. De son côté, prudent, le CSA borde le dossier juridiquement et saisit à son tour le Conseil d’État pour avis. « Radio France constate avec satisfaction que le CSA prend toutes les précautions nécessaires pour mettre un terme à la polémique déclenchée par le SIRTI autour de l’attribution d’une fréquence à Radio France pour compléter le maillage du réseau France Bleu à Toulouse », indique Radio France en novembre 2010.
« Rappelons que cette demande d’attribution prioritaire, effectuée en mai 2010, n’a rien de choquant dans la mesure où Radio France a consenti des efforts très importants au cours des dernières années en restituant 13 fréquences en région Midi-Pyrénées, et globalement en réduisant très sensiblement ses ressources sur l’ensemble du territoire », précise Radio France. Après l’avis favorable du Conseil d’État, le CSA accorde définitivement le 15 février 2011 la fréquence à France Bleu. 8 jours plus tard, le 23 février 2011, la station débute ses émissions. Le 29 mars, le Conseil d’État rejette la demande d’annulation formulée par le SIRTI et 8 radios adhérentes du syndicat, estimant que l’attribution de cette fréquence à Radio France « n’entraîne pas (…) de conséquences suffisamment graves pour un intérêt public ou pour les radios qu’entend défendre le SIRTI ». L’équipe de la station aura mis à profit ces quelques mois d’incertitudes pour rôder son antenne à blanc. Dans un entretien accordé à RadioActu en mars 2011, Jean-Luc Hees reviendra sur l’attitude du SIRTI, estimant que « les limites de la décence ont été un peu franchies » (voir vidéo ci-dessous).
De son côté, Vincent Rodriguez explique, dans un entretien accordé à RadioActu en février 2001, que « nous aurions pu nous décourager s’il avait fallu attendre un ou deux mois de plus. Je trouve que les équipes ont fait preuve d’une grande dignité par rapport à cette situation. Quand on fait de l’antenne à blanc, que l’on annonce l’ouverture de l’antenne et que ce n’est toujours pas le cas deux ou trois mois plus tard, les journalistes qui partent sur le terrain, les animateurs ou les cadres qui rencontrent des interlocuteurs qui pourraient être tentés d’utiliser une certaine raillerie, auraient pu être affectés par cette situation ». Une période d’incertitude pendant laquelle la future France Bleu Toulouse est l’objet de nombreuses attaques. » Les personnes qui étaient là pour véhiculer ces railleries sont souvent les mêmes qui ne souhaitent pas nous voir arriver sur la bande FM à Toulouse. Que nos concurrents agissent contre nous, ça fait partie du jeu. En revanche, dans leur façon de s’exprimer, ils ne sont pas obligés de porter des coups bas », expliquait alors Vincent Rodriguez. Les débuts de la station sont difficiles, et les premiers résultats d’audience décevants : sur la période septembre-décembre 2011, la première vague de sondage crédite France Bleu Toulouse de 0,4%, soit guère plus de 3 000 auditeurs quotidiens. Aujourd’hui, la station a multiplié son audience par 6 en un an, et est créditée d’une audience cumulée de 2,4%, soit 17 100 auditeurs toulousains quotidiens. Désormais, loin des querelles qui ont entouré sa création, France Bleu Toulouse semble peu à peu trouver sa place dans le paysage radiophonique de la Ville Rose.
Radioactu Hees ToulouseÀ propos de France Bleu Toulouse – 11/03/2011
