C’est certainement la rentrée la plus marquante de cette saison 2009-2010. France Info, 22 après sa création, a amorcé une mutation radicale de son antenne et de sa façon de traiter l’information. « France Info souffre mécaniquement de la concurrence d’Internet. Les choses n’allaient pas dans le bon sens », a estimé Jean-Luc Hess, PDG de Radio France. Bien qu’écoutée quotidiennement par près de 4.5 millions d’auditeurs, ce qui en fait la 5ème radio de France, France Info souffre d’un recul régulier de son audience. Une érosion à laquelle Jean-Luc Hees n’entend pas se résoudre. Il admet bien volontiers que ce renouvellement complet de format est « un pari risqué », et n’hésite pas à parler de « révolution ». « Il fallait trouver dans les programmes quelque chose qui sonne différemment et qui soit attractif », ajoute t-il. En clair : finies les horloges rigides et les rendez-vous à heure fixe qui ont fait le succès de la station depuis deux décennies. L’objectif de ce nouveau format est simple : augmenter la durée d’écoute de la station, qui s’établit aujourd’hui à 58 minutes et qui est aujourd’hui la plus faible de toutes les grandes stations nationales. Mais, par nature, n’est-ce pas le rôle de France Info de donner à ses auditeurs de l’information immédiate, sans attendre de longues minutes entre deux flashs infos ? L’auditeur habitué à venir sur France Info « picorer » régulièrement au cours de la journée les dernières nouvelles du monde va t-il changer ses habitudes d’écoute ? Tout l’enjeu de ce nouveau format est là. Si Jean-Luc Hees affirme ne pas avoir fixé d’objectifs d’audience, il admet qu’il demande à la station « de nager en plein océan sans gilet de sauvetage ».
« L’idée de base, c’est que l’information va induire la grille, et non pas l’inverse », explique Philippe Chaffanjon, fraîchement nommé directeur de France Info. « Le reportage reste prépondérant sur l’antenne. Nous avons 4% seulement d’auditeurs exclusifs. Notre ambition, c’est de garder nos auditeurs et de leur donner envie de revenir », souligne t-il. Il entend également gommer l’ambiance anxiogène et répétitive de France Info, avec « un travail de renouvellement permanent pour lutter contre cet effet de boucle. Nous devons nous adapter à ce qui se passe », explique Philippe Chaffanjon. « Nous avons décidé de casser l’antenne un peu tous les jours. L’actualité doit s’imposer à la grille », surenchérit Francis Tyskiewicz, directeur de la rédaction. « On prend le temps de s’arrêter sur les informations régulièrement, tout au long de la journée », précise t-il. Ainsi, en dehors des flashs à l’heure et à la demie et des rappels des titres à 15 et 45 de chaque heure, les deux modules de rappel des titres à 23 à 53 ne seront plus diffusés de manière systématique. Leur présence ou non sera laissée à la discrétion des journalistes.
Par ailleurs, France Info a mis en place des sessions d’information plus identifiées et plus longues qu’auparavant. 7 grandes sessions d’informations rythmeront désormais la journée sur France Info. Gilbert Chevalier ouvrira l’antenne à 5 heures, suivi par une nouvelle matinale emmenée par Nicolas Poincaré de 7h à 10h. A 47 ans, ce dernier retrouve l’antenne de France Info, où il fut reporter pendant 13 ans. Après avoir collaboré à TF1 puis à RTL, Nicolas Poincaré sera entouré de Marc Fauvelle et Raphaëlle Duchemin qui présenteront les journaux de 7h et 8h. Les matinées seront assurées par Jean Leymarie, suivi par Bernard Thomasson de 12h à 14h. De 14h à 17h, un présentateur différent assurera la présentation de chaque heure. La tranche 17h – 20h sera assurée par Catherine Pottier et Olivier de Lagarde. En soirée, Olivier Emond présentera la tranche 22h – minuit. Autre nouveauté : l’arrivée du Multiplex football animé par Jacques Vendroux et Julien Brigot, chaque samedi soir de 19h à 21h. Après l’arrêt de sa diffusion en janvier dernier sur les grandes ondes de France Inter, ce Multiplex retrouve une diffusion FM. France Info couvrira les matches de la Ligue 1 en simultané depuis 6 stades, tandis qu’une personnalité réagira et commentera les rencontres de la soirée à l’issue du Multiplex. Enfin, pour accompagner la mutation de France Info, la station a mis en place un nouvel habillage, signé par le musicien Arnaud Rebotini. S’il conserve le thème musical historique de France Info, cet habillage entend conférer à France Info « une nouvelle tonalité, épurée et l’inscrit dans un rythme désormais contemporain, plus chaleureux, plus fluide, plus souple ». Si Jean-Luc Hees affirme « ne pas être un mécanicien de l’antenne », il avoue apprécier « l’état d’esprit » qu’il sent depuis le 31 août sur l’antenne de France Info, « même si on sait qu’il va falloir le régler tous les jours ».
