France Inter – Crise ouverte autour de la grille de rentrée

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La prochaine grille de rentrée de France Inter, mise en place par Frédéric Schlesinger (photo ci-contre), directeur de la station, provoque depuis plusieurs jours un mouvement de grogne des auditeurs mais aussi, depuis le début du mois de juin de la Société des producteurs et des collaborateurs spécialisés de France Inter qui bénéficie du soutien de l’intersyndicale de Radio France. Après l’arrêt annoncé début juin de l’émission de Macha Béranger après 29 ans de présence à l’antenne, c’est désormais autour de l’émission « Là-bas si j’y suis » produite et présentée depuis 1989 par Daniel Mermet que se cristallisent les tensions. Ce magazine devrait être diffusé à 15 heures dès la rentrée au lieu de 17 heures actuellement, ce qui se traduirait par une perte de 50% des 500 000 auditeurs quotidiens de l’émission.

Une manière de justifier la suppression pure et simple de cette émission, estiment les auteurs d’une pétition mise en ligne sur internet il y a quelques jours (http://petition.la-bas.org/la-bas.org). « Là-bas si j’y suis n’est pas une émission neutre et cette relégation n’est pas neutre, surtout au lendemain de mobilisations sociales et au seuil d’une année électorale », expliquent les auteurs de cette pétition. Ils dénoncent au passage les opinions « de droite, catholiques et libérales » ouvertement affichées dans le Figaro Magazine par Jean-Paul Cluzel, PDG de Radio France. « Ces incohérences ne peuvent dissimuler une volonté politique et idéologique très claire de casser « Là-bas si j’y suis » avant d’en débarrasser la grille de France Inter », estiment-ils, tout en expliquant que Radio France est « l’un des seuls espaces médiatiques en France qui n’ait pas pour but de vendre du temps de cerveau humain disponible aux annonceurs ». Lancée le 16 juin dernier, cette pétition a recueilli près de 150 000 signatures.

Par ailleurs, dans une motion rendue publique le 7 juin dernier, les personnels de France Inter, soutenus par l’intersyndicale ainsi que par la Société des producteurs et la Société des journalistes de France Inter, ont dénoncé « l’absence délibérée de consultation des personnels qui font France Inter, au profit de la cooptation d’experts extérieurs et rémunérés, risque de conduire cette chaîne de service public à un alignement pur et simple sur les recettes habituelles des chaînes commerciales ». Ils estiment que « les bouleversements en profondeur de la grille de rentrée semblent malheureusement s’inscrire dans le projet global de formatage amplement décrit depuis deux années par le PDG de Radio France » et demandent la mise en place d’une concertation avec les collaborateurs de la station. Ils réclament également le maintien « dans sa variété et son volume » de la politique musicale originale de France Inter et de la place de la musique vivante sur l’antenne. Pour sa part, la Société des Producteurs et des collaborateurs spécialisés de France Inter explique, dans un communiqué publié le 27 juin dernier, que le succès de la pétition de soutien à Daniel Mermet exprime « une profonde crise de confiance pour l’avenir de la radio de service public et sa différence ». Elle évoque un « coup de karcher tout azimut, reprise en main politique en vue des élections » et estime que « la nouvelle direction affirme n’avoir d’autre projet que l’augmentation des chiffres d’audience par tous les moyens, selon la logique de conquête des parts de cerveau disponible ». La Société des producteurs et collaborateurs spécialisés de France Inter invite par ailleurs les auditeurs de la station, chercheurs, journalistes, animateurs et syndicalistes à un débat public ce jeudi 29 juin au Gymnase Japy à Paris (métro Voltaire) à partir de 20 heures.


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