RadioActu : À quoi attribuez-vous vous le recul sensible de Fun Radio, de 7,5 à 6,9 % ?
Jérôme Fouqueray : D’abord il y a plusieurs choses, il y a effectivement un recul en audience cumulée de 0,6 point, mais j’observe qu’il y a une part de marché qui est stable, à un très haut niveau, avec de bonnes performances pour Bruno Guillon et le soir. On avait un référentiel l’année dernière qui était très élevé mais si on se compare à la vague de mai-juin, les choses sont beaucoup plus favorables. Je pense que sur Fun Radio on sort d’une série de sondages records depuis trois ans globalement. Les arbres ne montent pas au ciel. Là, on a un léger recul de l’audience cumulée dans un contexte qui est plutôt défavorable sur les jeunes et une compétition qui est difficile, qui s’est renforcée sur le segment des radios jeunes. La stabilité de la part de marché est un bon indicateur de la santé de la radio. De mon point de vue, la vague que l’on vient de vivre ne remet rien en cause concernant la stratégie ou les choix que l’on a fait en matière d’animateurs et de programmes, et on a tous les moyens pour revenir au plus vite au meilleur niveau de l’audience cumulée.
RadioActu : Les radios musicales ont gagné un point d’audience sur un an, alors que Fun Radio en perd 0,6 dans un contexte dynamique. Après cette mise en perspective, comment percevez-vous cela ?
Jérôme Fouqueray : Si on prend le critère de la part de marché, les radios musicales gagnent un point et Fun est stable. Mais selon moi la stabilité de cette part de marché est l’indicateur de la bonne santé de notre radio après une série de vagues record et sur le critère audience cumulée, nous allons essayer de faire mieux la prochaine fois pour revenir au plus vite auprès des plus gros records. Disons que cette vague ne remet rien en cause de ce qui fait le succès de Fun Radio et qui nous a permis d’atteindre les niveaux qu’on connaît ces trois dernières années. Je suis très confiant pour la suite des opérations.
RadioActu : Comptez-vous néanmoins adopter une nouvelle stratégie ou faire des ajustements pour redresser l’audience ou bien conserver sur un plus long terme les mêmes programmes et la même programmation musicale ?
Jérôme Fouqueray : Aujourd’hui il n’y a aucune raison de remettre en cause ni la stratégie, ni les choix en matière d’animateurs et de programmes. Ces choix ont permis à Fun Radio d’atteindre des niveaux record et je suis convaincu que nous avons les moyens avec le programme actuel de revenir à ce niveau. Cependant, l’évolution du marché et la compétition nous font évidemment réfléchir. Il faudra prendre des initiatives nouvelles dans les semaines ou mois qui viennent, pour essayer de renforcer notre image, notre programme et d’être encore plus présent auprès de nos auditeurs pour permettre un retour rapide au meilleur niveau d’audience.
RadioActu : D’après vous, est-ce que cette baisse serait aussi due à un essoufflement éventuel de la dance ?
Jérôme Fouqueray : Je ne crois pas, je pense que c’est plutôt le contraire. Aujourd’hui on voit que la dance a envahi toutes les playlists. Je pense notamment à nos amis de NRJ, même à Skyrock qui a augmenté de façon importante sa proportion de musique dance. Au contraire nous sommes la radio qui a initié beaucoup de choses en matière de dance music, avec NRJ d’ailleurs. Nous devons donc travailler pour faire comprendre à nos auditeurs que nous sommes les plus légitimes, les plus nouveaux, les plus forts sur ce segment qui est le segment du moment.
RadioActu : Comment se comportent les deux tranches phares de Fun Radio, la matinale de Bruno Guillon et la libre antenne de Karel en soirée ?
Jérôme Fouqueray : La libre antenne de Karel progresse d’une vague à l’autre et d’une année sur l’autre. Les choses sont donc très positives. C’est une équipe qui est jeune, qui est en développement, qui prend le temps de s’installer. En ce qui concerne Bruno on démarre la deuxième saison avec une progression importante d’une vague à l’autre. Par rapport à mai-juin on a un quart d’heure moyen d’audience cumulée qui progresse nettement. Vis-à-vis du rythme d’installation de cette émission, en comparaison avec ce qu’on a connu avec Manu Lévy, puisqu’il faisait cette tranche avant, nous sommes dans notre plan de marche. Je suis donc confiant pour que l’émission continue à progresser avec Bruno. Nous sommes dans une l’installation qui se poursuit d’une façon très positive.
RadioActu : Sur la tranche horaire du soir, comment Karel se différencie des autres talks comme Cauet sur NRJ ou Difool sur Skyrock ?
Jérôme Fouqueray : C’est vrai que la compétition est quand même très forte le soir. Arriver à progresser, nous avons un quart d’heure moyen qui est à 150 000, est donc difficile, car le contexte concurrentiel est très dur et qu’il y a une très forte compétition avec de grosses personnalités. Nous avons une belle carte à jouer, parce qu’on a l’équipe la plus jeune, la plus moderne, et que cette équipe est là pour s’installer dans la durée. Encore une fois, je suis confiant sur l’avenir de cette émission. Il y a deux émissions qui sont bien arrêtées, ce sont celles de Cauet et la nôtre, car Difool est en baisse et ce n’est pas la première vague où il baisse. Les mouvements de fond me semblent donc assez clairs. J’ai beaucoup d’espoir pour que Karel continue à s’installer et à progresser.
RadioActu : Concernant RTL2, ces audiences sont un motif de satisfaction pour vous ?
Jérôme Fouqueray : Pour RTL2, les choses sont plus nettes puisqu’avec plus de 2,6 millions d’auditeurs, c’est tout simplement le meilleur score de l’histoire de RTL2, depuis sa création. C’est donc un record absolu toutes vagues confondues. Évidemment c’est une grande satisfaction, dans un contexte concurrencé qui lui aussi se renforce. Je considère que c’est une très belle performance qui est due tant à la bonne santé de la matinale, puisqu’elle réalise un record, qu’à la progression des tranches musicales. Je pense que la recette du succès de RTL2 c’est sa constance et le fait que c’est une radio qui a une promesse extrêmement claire en matière de musique et qui tient cette promesse dans la durée avec une programmation de qualité et fédératrice. Évidemment pour nous c’est une très belle performance d’être pour la huitième fois consécutive le leader du segment jeune adulte, c’est-à-dire devant Virgin Radio, malgré des réseaux de diffusion qui sont très inférieurs. Je considère que c’est un énorme succès. Nous avons un réseau de diffusion par exemple inférieur à Chérie FM, à RFM et à Virgin Radio, donc d’avoir une audience qui continue à grossir malgré la compétition avec toutes ces radios, c’est une performance exceptionnelle. Nous sommes très fiers et très heureux de cette performance.
RadioActu : La matinale de RTL2 a donc bien fonctionné, mais est-ce qu’il y a eu des tranches qui ont moins fonctionné voire qui ont eu des difficultés, des choses à parfaire ?
Jérôme Fouqueray : Là nous sommes dans un record, donc il y a forcément en regardant le détail des tranches qui sont moins bonnes que d’autres. Mais globalement tout va bien et les tranches les plus importantes font des scores spectaculaires et c’est une très grosse satisfaction.
RadioActu : Un mot sur la compilation de Francis Zégut : est-elle représentative de la programmation musicale de RTL2 ? Francis Zégut a-t-il participé à la sélection des titres ?
Jérôme Fouqueray : C’est représentatif de la sélection musicale de son émission, puisque c’est une émission de découverte musicale, où il y a justement des titres que l’on n’écoute pas en journée. Les titres sont plus rares et sélectionnés, c’est-à-dire ne faisant pas partie des playlists quotidiennes. C’est donc une émission qui permet d’explorer des univers qui sont différents autour de l’univers pop-rock. Francis a sélectionné chacun des titres qui sont sur ce disque. Il les a même annotés personnellement. Francis est un acharné en matière de boulot. C’est quelqu’un qui a une énorme légitimité et une grande passion pour la musique qu’il défend. Il n’aurait donc laissé le soin à personne de choisir à sa place une compilation qui porte son nom et qu’il défend à l’antenne. Francis Zégut, ce n’est pas qu’un enjeu d’audience, c’est aussi un enjeu d’image extrêmement important pour RTL2, puisqu’il participe aux dimensions d’expertise et de découverte musicale qui doivent être présentes sur RTL2. Nous sommes une radio qui diffuse bien sûr des titres qui sont les plus connus, les titres pop-rock préférés des auditeurs. Mais nous sommes aussi là pour emmener les auditeurs dans des tranches où il y a des gens qui sont plus connaisseurs, plus pointus, qui ont envie d’explorer la musique pop-rock, de découvrir les nouveautés, les titres rares, qui ont envie de moments exclusifs. Et ça c’est la promesse de l’émission de Francis Zégut et celle de ce coffret, qui est très représentatif non pas de la playlist quotidienne mais de son émission.
