Fun Radio/RTL2 – Entretien avec Jérôme Fouqueray, directeur général

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RadioActu : Comment expliquez-vous les excellents résultats de RTL2 dans un contexte qui n’est pas très réjouissant pour la radio en générale et les stations musicales en particulier ?
Jérôme Fouqueray : Il existe une vraie stratégie forte, lisible et constante en matière de programmation musicale. Il y a une cohérence sur l’ensemble de ce que nous proposons qui fait que cela marche. Les choses n’ont pas beaucoup changé, elles n’ont fait que se renforcer au fil du temps, que cela soit sur la musique ou la matinale. Depuis deux ans, la matinale s’est progressivement installée avec Christophe et Agathe et affiche un très gros score. Il s’agit d’un record historique pour RTL2 sur cette tranche horaire. Nous frôlons les 300 000 auditeurs au quart d’heure moyen et plus d’1.2 million en audience cumulée. 140 000 nouveaux auditeurs ont été recrutés entre 6h et 9h. Jamais le morning de RTL2 n’a été aussi haut. Parce que c’est un morning équilibré, différent et complémentaire des autres offres et surtout parce qu’il y a un travail d’équipe qui fonctionne entre les deux animateurs et l’équipe de RTL2. Il y a une communication forte qui est centrée sur la musique. Nous avons proposé de belles opérations, je pense au sponsoring du « Grand Journal » de Canal +, aux publicités Coldplay et U2. Ce sont des campagnes qui sont centrées sur les marques les plus fortes de la musique de RTL2. Il y a une évolution qui fait dans la constance et le respect des fondamentaux de RTL2. Il n’y a pas eu de gros mouvements en terme de programmation ou de communication, mais une évolution qui paie aujourd’hui. Elle est à la fois fidèle à ses fondamentaux, c’est-à-dire les grands piliers du son pop-rock, mais il existe aussi une volonté de se moderniser, de se transformer par petites touches. C’est ce qui a été fait depuis 2 ans et qui visiblement marche.

RadioActu : Une de ces « petites touches », c’est le recrutement d’Agathe Lecaron pour la matinale. Comment s’est porté votre choix sur elle ?
Jérôme Fouqueray : Le précédent record de RTL2 date de la même période avec Alexandra Subblet. Elle a décidé de nous quitter en juin dernier. La question s’est alors posée de la nouvelle animatrice. Jean-Philippe Denac m’avait suggéré de recevoir Agathe dont la meilleure amie, Virginie Efira, m’avait déjà parlé, sachant que j’ai déjà travaillé avec Agathe sur M6. Toutes ces connexions fait qu’on a fait un essai qui s’est bien passé. J’ai tout de suite perçu qu’il y avait quelque chose d’intéressant à faire. Le plus important, c’est qu’il y a eu tout de suite un esprit d’équipe qui s’est créé dans cette matinale qui a très bien fonctionné. Il faut également souligner le travail de Jean-Philippe Denac et de toute son équipe qui fait que les animateurs progressent et proposent une matinale qui est parfaitement cohérente avec l’ensemble de l’antenne.

RadioActu : Concernant les résultats de RTL2, vous dites que « c’est aussi la preuve que les auditeurs ne sont pas dupes des radios qui se contentent d’essayer d’acheter l’audience en accumulant les effets d’annonce et les coups marketing faussement innovants ». Vous pensez à qui ?
Jérôme Fouqueray : Je ne pense à personne. En tout cas, c’est ce que nous ne faisons pas nous. Je trouve qu’il ya deux choses intéressantes dans le succès de RTL2. Un, il n’y a pas de fatalité pour les radios musicales, et j’en suis convaincu. De dire que les stations musicales baissent, que c’est une fatalité et que cela va continuer, c’est une hérésie. Preuve en est, aujourd’hui c’est nous, mais il y a eu d’autres succès dans le passé de radios qui fonctionnaient très bien aussi. Dans notre succès, je vois la validation de notre stratégie à nous, qui fonctionne pour nous, et de ce mélange de constance et d’évolution par petites touches. En brusquant une radio, on prend le risque de rendre le positionnement moins lisible. Alors que c’est évident que les auditeurs ont besoin de repères, de balises très claires, et c’est ce que nous proposons sur RTL2.

RadioActu : Est-ce aussi le cas pour Fun Radio ? Comme les autres radios jeunes, Fun Radio recule légèrement sur un an avec 6.6% d’audience cumulée. Selon vous, c’est contextuel, un simple accident de parcours ?
Jérôme Fouqueray : Les résultats de Fun Radio sont stables. Ce n’est pas spécialement décevant. Nous sommes en phase d’installation avec nos émissions parlées qui sont totalement nouvelles, comme l’émission de Manu. Le soir, nous sommes repartis de zéro en septembre dernier. J’ai choisi de le faire en septembre dernier car je savais que je pouvais miser sur une musique forte et un positionnement qui marche musicalement. C’est d’ailleurs aussi la preuve que les radios musicales fonctionnent encore. La musique est très forte sur Fun Radio. Les émissions parlées sont encore en phase d’installation et nous n’avons pas atteint le niveau souhaité. Mais je pense que Fun Radio en a encore sous le pied. Nous attendons une progression significative de l’audience dans les 16 mois qui viennent. Nous en avons les moyens, les capacités. Nous devons faire plus le matin et le soir. Nous avons un très bon positionnement musical qui marche très bien. Tout ce que nous avons fait est assez récent. De mon point de vue, ce sondage conforte les choix que nous avons faits depuis deux ans : choisir un territoire musical unique et exclusif pour se différencier et devenir incontournable sur un segment de marché. J’ai choisi de confier l’animation des tranches parlées à des gens nouveaux, de faire preuve d’audace. Nous nous laissons du temps pour vérifier que nous avons eu raison. L’objectif de Fun Radio est de dépasser les 7 points d’audience.

RadioActu : Est-ce dans cet objectif que vous avez procédé récemment à plusieurs nominations ?
Jérôme Fouqueray : Les nominations se font au gré de la vie de la station et des gens s’en vont. Avec Morgan, directeur des programmes, il fallait s’organiser de façon différente pour renforcer l’équipe qui l’aide. Nous avons identifié les gens qui avaient du potentiel intéressant en termes de vision de ce que doit être Fun Radio. J’ai confiance en eux pour les objectifs que nous devons atteindre. Nous avons un positionnement musical qui marche, qui fait ses preuves. Maintenant, il faut que les émissions parlées continuent de s’installer avec plus de force. Ce qui est intéressant sur Fun, c’est que le sondage est finalement assez bon grâce au recrutement de jeunes. Fun Radio se rajeunit. Sur les 13-25 ans, nous avons recruté 122 000 nouveaux auditeur. L’audience cumulée de la station est plutôt stable mais il y a un mouvement de fond qui, selon moi, est très positif. Car cela montre à quel point Fun Radio est prescripteur en matière de tendances et à quel point c’est la radio qui colle aux nouvelles aspirations des jeunes et Fun Radio recrute beaucoup de jeunes.

RadioActu : Avec ce rajeunissement de l’audience de Fun Radio, seriez-vous, comme Skyrock ou NRJ, favorable à un abaissement de l’âge des personnes sondées par Médiamétrie à 11 ans par exemple ?
Jérôme Fouqueray : J’y suis plutôt défavorable. Il y a eu beaucoup d’études qui ont été menées sur la question. Je trouve que nous avons une mesure qui convient à tout le monde et qui permet d’avoir des référentiels clairs. Changer l’outil pour brouiller la visibilité des mesures ne me convient pas. Cela serait sans doute favorable à tout le monde mais je ne vois pas ce que cela changerait. En gros, il s’agirait de casser le thermomètre quand les audiences ne conviennent plus à certains. La bataille ne se joue pas sur les 11-13 ans. Après on est dans une bataille d’annonces qui est un peu stérile. Moi ce qui m’intéresse c’est de viser et les 13-25 ans et de rendre le programme de Fun Radio le plus fédérateur possible pour aller chercher des gens au delà des 25 ans. La bataille des 11-13 ans n’est pas prioritaire pour moi.


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