GIE Les Indépendants – Entretien avec Jean-Eric Valli

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RadioActu : Comment analysez-vous cette progression et ce succès des Indépendants ?
Jean-Eric Valli : Je crois que nous sommes persévérants dans ce que nous faisons. Il y a beaucoup de travail en interne. Sur le fond, je crois que le concept des radios indépendantes est très fort et quand on enlève toute la polémique qu’il y a sur les problèmes d’attributions de fréquences, les questions soulevées par nos concurrents, à savoir le classement des Indépendants et les programmes que nous faisons, il y a un fond qui est très simple : plus les médias sont proches de leur public, plus ils sont forts. L’équation économique que nous sommes en train de réaliser avec une dimension régionale pour avoir des capacités de production correctes ets une équation très forte. Un certain nombres de nos confrères le savent et je pense que ce serait motivant qu’il y ait cette même compréhension de la part du CSA. Le message qu’il nous renvoie c’est : « quelle est votre légitimité ? ». Oser poser cette question là, c’est connaître assez peu le paysage radio et ne pas respecter l’attente du public réellement.

RadioActu : France Bleu se bat aussi sur le terrain du local et de la proximité, et pourtant son audience ne progresse pas…
J.-E. V. : France Bleu a suivi une autre voie. Elle a beaucoup progressé dans un passé récent. Je me souviens à Orléans d’une radio qui avait 2% d’audience, aujourd’hui elle en a 12. Quelque part, la mue de France Bleu a eu lieu dans un passé assez récent. La deuxième chose, c’est que France Bleu a pris une option à laquelle moi je ne crois pas sur le plan de l’audience qui est cette logique d’avoir une partie du programme qui est faite en commun le soir. Du coup, les gens des France Bleu vont se reposer sur une dynamique de réseau mais qui est virtuelle. Pour moi, un réseau n’est jamais dynamique. Les Indépendants ont pris un chemin qui est plus laborieux puisqu’il y a 86 radios, mais quand ça marche, c’est beaucoup plus fort et c’est plus irréversible. C’est aussi pour ça que nos concurrents ont besoin d’écrire dans la loi que nous n’avons le droit de rien faire, de convaincre le CSA que nous faisons de « sales » programmes. Je l’ai vraiment ressenti en toile de fond sur le débat concernant notre place dans les communiqués de Médiamétrie : c’était un fait nouveau. Là, il y a avait non seulement une rivalité mais aussi une espèce de haine. Nous avons des cartes en main que nous avons payé cher pendant 20 ans car beaucoup d’entre nous ont coulé et on nous a pris pour des demeurés mentaux. Aujourd’hui, nous avons trouvé notre voie et nous savons ce qui marche ou pas. Nos concurrents se trouvent maintenant une légitimité à vouloir nous inerdire d’utiliser ce qui marche. Je trouve ça lamentable, et quand d’une façon directe ou indirecte ils trouvent l’appui des autorités pour le faire, je trouve ça encore plus lamentable.

RadioActu : Cette attitude violente est peut être aussi une forme de reconnaissance des résultats des Indépendants ?
J.-E. V. : Oui, bien sûr ! C’est pour ça que je ne suis pas très fâché avec eux et que nous avons développé des arguments pour expliquer au Comité Radio de Médiamétrie qu’il était normal que nous restions dans la liste. Cette formule a été proposée par François Desnoyers de Radio France. Nous on ne se cache pas : nous n’avons jamais dit que Les Indépendants étaient une marque identifiée pour le public avec un programme unique. C’est ça qui énerve encore plus nos adversaires. On dit juste des vérités.

RadioActu : Sur les trois critères d’audience, Les Indépendants égalent ou devancent NRJ. Est-ce que c’est un argument supplémentaire auprès des autorités pour faire valoir votre légitimité, en particulier sur les dossiers en cours tels que celui du rachat de Voltage ?
J.-E. V. : Je m’interroge car c’est vrai que le CSA reconnait notre succès. Le CSA est constitué de gens qui ont un certain vécu et qui savent que nous avons une valeur. En même temps, le CSA a peut être peur de ce succès car nous devenons plus difficiles à gérer. Nous avons subi une compétition difficile et surtout imprévue de la part des autorités et de la loi. Nous avons trouvé des solutions que nous continuons à mettre en oeuvre et à faire évoluer puisque nous y avons ajouté une dimension financière pour avoir les reins solides, et à chaque fois que nous ajoutons une pierre à l’édifice, on nous envoie un message négatif. Ce n’est pas admissible. Je suis partagé car je sais que le CSA respecte notre travail. Inversement, j’ai observé trop de fois dans le regard de certaines personnes au CSA un contentement quand les Indépendants se plantaient, ce qui est aussi leur faute car nous sommes dans un environnement réglementé. C’est aussi un problème de génération. Il faut passer d’une société où on parle à trois potes à une société où on ne parle pas à tout le monde mais où l’on réfléchit aux leviers sur lesquels on va jouer modestement. Pour moi, la régulation doit être à l’écoute des envies et des besoins des opérateurs. Je sais que notre concept est très fort et fonctionne très bien. Il est beaucoup plus moderne que tout ce qui est centralisé.


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