GIE Les Indépendants – Une convention nationale sous (haute) tension

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L’ambiance était particulièrement tendue à l’entrée du Pavillon Gabriel à Paris où se tenait il y a quelques jours la convention annuelle du GIE Les Indépendants. Un dispositif de sécurité impressionnant – 4 vigiles et 2 policiers – avait été déployé pour filtrer soigneusement l’accès des représentants des stations du groupement. Chaque station devait montrer patte blanche et présenter une invitation nominative. L’une d’entre elles s’est purement et simplement vue refuser l’entrée. Ce refus a provoqué de vives protestations d’une quarantaine de dirigeants de radios du GIE devant l’entrée du Pavillon Gabriel. Joint par l’un d’entre eux au téléphone, Jean-Eric Valli, président du GIE, a refusé de venir expliquer les raisons de l’éviction de cette station, préférant rester à distance derrière le barrage de sécurité. Le patron de cette radio, qui a tenu à ce que son nom ne soit pas cité, a confié à RadioActu qu’il craignait « des représailles » de la part de la présidence du GIE. Il s’agit pourtant d’une station présente au sein du GIE depuis 5 ans, leader sur son département et écoutée par près de 100 000 auditeurs. Selon nos informations, cette station aurait été interdite de convention pour avoir invité Jean-Philippe Olivieri, ancien directeur général du GIE. En marge de cet incident, plusieurs radios importantes ont décidé de boycotter cette réunion annuelle, tandis que la presse n’avait pas été invitée à assister à la convention. C’est dans ce contexte que s’est ouverte cette convention. Après un discours d’ouverture par Jean-Pierre Pernaut, c’était au tour de Jean-Eric Valli de prendre la parole. Ce discours aurait été fraîchement accueilli, ont rapporté plusieurs observateurs présents dans la salle. Seul le premier rang, composé des administrateurs du GIE et des représentants de TF1 Publicité, aurait applaudi cette allocution, tandis que le reste de la salle serait resté ostensiblement silencieux.

Depuis plusieurs mois, un climat de tension palpable s’est en effet installé au sein du GIE Les Indépendants. En mars dernier, à l’issue d’une assemblée générale du groupement, le groupe Start avait pris le contrôle du conseil d’administration (lire RadioActu du 13/03/2009). Dans le même temps, Jean-Eric Valli avait licencié Jean-Philippe Olivieri, directeur général, et David Cherfa, directeur du réseau. Trois mois plus tard, en mai 2009, Jean-Eric Valli et le GIE Les Indépendants déposaient une plainte contre X pour des irrégularités qui auraient été commises par Jean-Philippe Olivieri lors de l’assemblée générale par correspondance qui s’était déroulée le 15 décembre 2008. On peut légitimement s’interroger sur l’intérêt d’entamer une telle procédure, 5 mois après les faits incriminés. Quoi qu’il en soit, après 3 mois d’enquête, la brigade financière de Paris a conclu que les accusations portées par Jean-Eric Valli étaient sans fondements. Durant cette enquête, la brigade financière a pourtant entendu une quarantaine de personnes et procédé à une centaine d’heures d’audition. La plainte a donc été classée sans suite par le Procureur de la République. Cette décision pourrait également remettre en cause le bien-fondé des motifs du licenciement de Jean-Philippe Olivieri.

Parallèlement, plusieurs modifications des statuts du GIE Les Indépendants sont venues renforcer les pouvoirs accordés au président du groupement. Ainsi, au cours de l’assemblée générale du 27 avril dernier, il a été décidé d’interdire le vote à bulletins secrets, y compris pour les votes de personnes. De même, des sanctions peuvent désormais être prises contre des radios qui « ne respectent pas le président ». Quelques jours plus tard, le 17 juin dernier, le groupe Start, dirigé par Jean-Eric Valli, est placé en procédure de sauvegarde (lire RadioActu du 27/06/2009), ainsi que Sudporters, qui contrôle Sud Radio. La station généraliste du Grand Sud afficherait des pertes s’élevant à un million d’euros, selon Le Figaro du 02/07/2009. « On a des résultats qui sont chaotiques », reconnaissait Jean-Eric Valli à propos des recettes publicitaires de Sud Radio, dans un entretien au Buzz Media du Figaro le 16/06/2009. La procédure de sauvegarde a été renouvelée le 23 septembre dernier et prendra fin le 3 décembre prochain. Depuis, de nombreux contrats d’animateurs dans les différentes radios du groupe Start n’ont pas été renouvelés. L’impact sur le GIE Les Indépendants d’une éventuelle défaillance financière du groupe Start suscite des inquiétudes et des interrogations au sein des stations du groupement. Rappelons également que depuis janvier 2009, Sud Radio et Wit FM, sa filiale bordelaise, sont également commercialisées par TF1 Publicité, mais en dehors de l’offre du GIE Les Indépendants. « Ce qui nous plaît chez TF1, c’est qu’ils vendent Sud Radio toute seule et c’est une marque qui mérite de ne pas être noyée dans un package avec d’autres stations », expliquait Jean-Eric Valli dans le Buzz Media. Toutefois, selon nos informations, Sud Radio, du fait de sa commercialisation en marge de l’offre du GIE Les Indépendants, bénéficierait de frais de mise à l’antenne conséquents.

A l’issue de sa convention nationale, dans un communiqué publié le 13 novembre dernier, le GIE Les Indépendants a souligné une progression de 10% de part de marché de la publicité nationale au 1er semestre 2009 (source IREP). Ces résultats « viennent conforter le choix de la régie publicitaire du groupe TF1, opéré en 2008 », se félicite le GIE. Mais la progression des recettes publicitaires serait essentiellement due au versement par TF1 Publicité d’un minimum garanti très nettement supérieur à celui que versait la régie du groupe Lagardère, qui assurait auparavant la commercialisation des stations du groupement. Cette hausse des recettes se traduirait également par un nombre de messages publicitaires plus important sur les antennes des stations du GIE. Depuis la commercialisation de leurs antennes par TF1 Publicité, de nombreuses stations auraient constaté une hausse sensible du temps d’antenne consacré à la publicité nationale. Ces stations s’inquiètent de l’impact sur leurs audiences de ce volume publicitaire national, volume auquel elles doivent ajouter la commercialisation de leurs espaces publicitaires locaux. Interrogé par RadioActu le 30 octobre dernier sur ces différents points, Jean-Eric Valli nous a signifié qu’il ne souhaitait pas répondre aux 8 questions précises que nous lui avions adressées.


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