Radioactu : Sur un an, France Info affiche une stabilité en part d’audience et fait moins bien en audience cumulée. Comment avez-vous accueilli ces chiffres ?
Laurent Guimier : Sans surprise, ni stress particulier. D’après les premiers indicateurs, nous savions que le marché radio au global n’aurait pas de bons scores. France Info sortait de quatre vagues consécutives de baisse, ce qui était d’ailleurs un record. L’année dernière, la station n’avait fait que descendre. Au 1er septembre, il était compliqué de se dire que nous allions nous trouver au même niveau qu’un an auparavant. Nous nous sommes démenés et ne nous situons pas si loin que cela de notre point de départ, au 1er septembre. Nous sommes donc aujourd’hui très sereins, pas plus optimistes que cela mais tout de même assez confiants : bien qu’étant partis de très bas, la tendance qui s’est enclenchée au premier septembre nous permet d’arriver à 7,8. Nous sentons qu’il y a une adhésion au produit que nous avons lancé ; nous le constatons sur toutes les tranches. Lorsque nous nous comparons d’une vague à l’autre, toutes les tranches augmentent de 4h à 21h. Même d’une vague à l’autre, depuis cinq ans, France Info était en baisse ou à égalité entre la fin du printemps et la rentrée. Pour la première fois, nous connaissons une rentrée « au-dessus ». Cela signifie que la formule prend.
Radioactu : Cela représente donc pour vous un début de validation de votre stratégie mis en place récemment…
Laurent Guimier : Je l’espère. Nous faisons tout pour… En tout cas, la tendance observée est positive. Les rendez-vous de la grille où nous avons été les plus inventifs, le plus en rupture avec ce qu’était France Info, fonctionnent encore mieux. C’est le week-end, par exemple – et même s’il faut prendre ces chiffres avec des pincettes -, que France Info monte le plus d’une année sur l’autre. C’est le week-end que France Info a subi le plus de changements et de coups d’accélérateur. Par ailleurs, le soir, entre 20h et 21h, l’émission « Les Informés » de Jean-Mathieu Pernin progresse de 56% d’une année sur l’autre. Il s’agit du premier talk d’information à avoir été installé sur France Info. Tout cela montre qu’il existe un espace, un appétit pour l’information en continu sous une forme un peu différente.
Radioactu : Considérez-vous que les équipes ont bien mis en oeuvre votre stratégie ?
Laurent Guimier : Je suis globalement très satisfait de la façon dont les équipes ont mis en oeuvre le projet, à tous les niveaux. Cela concerne tout le monde : la rédaction et toutes les équipes. Nous avons travaillé ensemble, j’ai beaucoup écouté, nous avons pris du temps pour expliquer le projet. Fin juillet, j’ai écrit aux équipes et je le rappelle aujourd’hui : nous sommes partis pour un chemin très long et les miracles n’existent pas en radio. Lorsque qu’un miracle semble se présenter, cela ne dure en général pas longtemps… Nous sommes donc partis sur un projet long, dont la première marche était la mise en place de la grille le 1er septembre. Le 15 janvier nous connaîtrons une deuxième étape et au 1er septembre prochain, nous serons dans l’aboutissement du numérique et France Info sera en capacité de produire beaucoup plus efficacement ailleurs qu’en radio. Nous nous inscrivons donc dans une perspective longue ; ce n’est pas une façon de dire que les audiences ne sont pas importantes, c’est juste de se dire qu’il faut du temps pour faire revenir les auditeurs et pour devenir ce que nous avons envie d’être : la chaîne d’information en continu du service public audiovisuel, qui a été créée à cet effet il y a 27 ans.
Radioactu : Une dernière question sans rapport avec les sondages : y a-t-il plus de sport qu’auparavant sur France Info le soir ? C’est l’impression qui se dégage lorsque l’on écoute la station.
Laurent Guimier : C’est vrai. Cela fait partie de la ligne éditoriale que nous avons légèrement modifiée à la rentrée concernant le sport. Dans le projet de Mathieu Gallet, qui est porté par lui-même et par le directeur délégué aux antennes Frédéric Schlesinger, il a été dit que France Info, chaîne d’information du groupe Radio France, avait vocation à accueillir une partie beaucoup plus importante de l’offre sport de Radio France. C’est pour cela que nous proposons plus de sport le soir.
Radioactu : Cela ne fait-il pas fuir les auditeurs qui seraient « en manque » d’information à ce moment précis ?
Laurent Guimier : Je ne le sais pas, mais nous faisons très attention à ce point. Nous essayons d’offrir un mix entre le sport et l’information généraliste. Nous y arrivons plus ou moins bien. Certains soirs cela peut être déroutant lorsque nous sommes en intégral sur des matchs. Nous sommes encore en phase de test, mais il est sûr que France Info a vocation à accueillir plus de sport qu’elle en accueillait durant les années précédentes.
