Manu Lévy (NRJ) – « Les sondages Médiamétrie sont importants »

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Vous évoluez dans l’univers de la radio depuis la fin des années 80. Quel est votre moteur pour vous lever chaque matin ?
Manu : Le fait de me dire que chaque jour, je réalise mon rêve d’enfant : parler à la radio ! En plus, je peux envoyer des sons de prouts quand je veux. Je suis un homme comblé.

Cette année, vous avez signé un nouveau contrat avec NRJ pour deux saisons. Aviez-vous reçu auparavant des propositions de la concurrence ?
Manu : Oui, j’ai été approché. Mais lorsque j’ai demandé à Jean-Paul Baudecroux de faire la roue dans les couloirs et qu’il l’a fait, j’ai signé à nouveau tout de suite. Il fait vraiment très bien la roue.

Vos concurrents sur Fun Radio, Skyrock et les autres radios musicales sont-ils agréables à écouter ?
Manu : J’écoute très peu la concurrence en ce moment. En revanche, à chaque début de saison, j’écoute tout le monde. Pas que les concurrents directs, d’ailleurs. Les radios adultes et les généralistes aussi, pour voir où l’on se situe par rapport à tout ce qui est proposé, pour sentir ce qui se passe, et comment toujours proposer quelque chose de différent. Puis, j’arrête d’écouter et je trace ma route. Cela dit, j’écoute quand même régulièrement mes potes, en podcasts. Bruno sur Fun, Flo sur Virgin.

La page Facebook du « 6/9 » totalise plus de 530 000 « j’aime » et la page Twitter compte près de 80 000 abonnés. Quel temps et quels moyens NRJ et l’équipe du « 6/9 » accordent-elles aux réseaux sociaux ?
Manu : À NRJ, il y a un community manager à temps complet qui travaille sur les réseaux sociaux du groupe. Mais je n’en sais pas plus. Il ne parle pas beaucoup, à part pour crier dans l’open space chaque matin « #FF les gars ! ».
Pour nous, c’est assez simple. On fait avant tout de la radio. Le plus gros de notre temps lui est donc consacré. Sur Twitter, on s’amuse avec les auditeurs, c’est un contact direct avec eux. C’est la force de Twitter. Et la page Facebook nous permet surtout de prolonger les discussions stupides que nous avons le matin à l’antenne. Très souvent, les sujets abordés durant l’émission continuent à alimenter la page plusieurs heures après. On ne fait aucune fixette sur les réseaux sociaux. On s’en sert en fait comme chacun le fait au quotidien. Ni plus, ni moins.

Comment expliquez-vous les 1 792 000 « j’aime » sur la page Facebook de l’émission de Cauet sur NRJ ?
Manu : Cauet est le premier à avoir utilisé à fond les réseaux sociaux durant son émission. Il a pris le risque et a réussi le pari. 2 millions de fans, c’est gigantesque. Il est très présent aussi sur Twitter, Youtube… C’est vraiment son truc.

Au sein de l’équipe du 6/9, l’ambiance est-elle aussi détendue hors antenne qu’à l’antenne ? Quelle place accordez-vous à l’improvisation à l’antenne ?
Manu : On travaille dans une ambiance détendue, mais pas dans un gros « n’importe quoi ». On fait notre travail sérieusement, sans se prendre au sérieux. C’est toute la difficulté. On ne peut pas proposer une émission quotidienne le matin en freestyle complet. Ça n’existe pas. Et en même temps, on a besoin d’une ambiance détendue pour être bien à l’antenne. Il faut un bon équilibre. Sur l’improvisation, elle est omniprésente. Mais elle doit avoir une base sur laquelle s’appuyer. Par exemple, un cas typique : avant de prendre l’antenne, je vais proposer aux autres un sujet sur lequel on peut se lancer. On sait tous de quoi il s’agit, on sait qu’on aura environ 4 à 5 minutes, et on se connaît assez pour avoir chacun une opinion, un truc à dire différent des autres. Tout le monde peut gamberger dans sa tête deux minutes pour savoir quoi dire, en gros. Puis, on part à l’antenne. Et là, surprise !

Certains lecteurs de Radioactu évoquent sur la Libre-antenne le fait que vous ayez fréquemment changé de coéquipiers dans vos émissions. Pour quelles raisons ?
Manu : C’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. Sur les 4 personnes à mes côtés à l’antenne aujourd’hui, 3 sont avec moi depuis 5, 6, voire 7 ans. C’est pas mal, je trouve. C’est très difficile de créer une équipe forte et complémentaire. Et c’est encore plus dur de tenir sur la longueur. La radio, le matin, est quelque chose de difficile et usant. Surtout lorsque les audiences montent si fortement et si rapidement (même si c’est paradoxal). Il faut gérer ça, vouloir et pouvoir toujours donner plus, trouver de nouvelles idées, s’investir à fond, et tout ça en dormant 5 à 6 heures par nuit. Tu ajoutes à ça le fait que j’ai un niveau d’exigence très élevé, et cela fait que, si tu n’as pas l’ADN Radio en toi, alors arrive un moment où l’envie n’est plus assez forte. C’est logique. Et ce n’est pas grave ! On ne peut le reprocher à personne. Aujourd’hui, je suis extrêmement fier de mon équipe. On va tous dans le même sens, et je n’ai jamais été aussi détendu et à l’aise à l’antenne. Je peux compter sur chacun, c’est un vrai plaisir. Et il y a aussi l’équipe de production. Nous sommes une dizaine en tout, c’est un mélange de « piliers » et de jeunes qui démarrent, à qui je donne leur chance. Ça aussi, ça compte. Je forme ceux qui vont essayer de me piquer ma place. L’esprit olympique !

Arthur est l’un de vos compagnons de route dans l’univers de la radio. Êtes-vous encore en contact avec lui ? Quel regard portez-vous sur ses apparitions télé, au théâtre, sur son activité de dirigeant de Oüi FM ?
Manu : Arthur est celui qui m’a lancé. C’est avec lui que je me suis créé, que je me suis épanoui. On est toujours en contact, on se voit régulièrement. En plus, comme ses enfants sont en réalité de moi, je dois suivre leur évolution, c’est normal. Il ne m’en veut pas, ne vous inquiétez pas. Ma fille est de lui. Ou de Nagui, je sais plus. À la télé, j’adore regarder et participer à « vendredi tout est permis ». On retrouve le côté « bande qui se marre » de la radio. Pour Oüi FM, j’aimerais vraiment que cette radio marche fort. Je suis rock dans l’âme, et je suis certain qu’il y a de la place en France pour une vraie radio rock moderne et bien pensée.

Beaucoup de figures de la FM sont des quadragénaires aujourd’hui, comme vous. Vont-ils continuer leur métier jusqu’à la retraite ? Quelle place existe-t-il aujourd’hui pour les jeunes animateurs ?
Manu : Personnellement, tant que je m’amuse et qu’on me demande de rester, je continue ! Sur la question précise de l’âge, c’est simple: on est en 2013. Le monde a évolué. Tout a évolué. Aujourd’hui, aux rayons jeux vidéo, tu as des mecs de 15 ans à côté de gars en costume 3 pièces avec les cheveux grisonnants de la cinquantaine. Les filles sont folles de Johnny Depp. 50 ans. David Beckham? 40 ans. Le mentaliste, Dr Mamour… Tous ces beaux gosses – dont je fais évidemment partie – ont 40 ans ou plus. Aux États-Unis, et un peu partout dans le monde d’ailleurs, les animateurs de morning de radios dites « jeunes » ont tous entre 35 et…. 50 ans ! C’est l’expérience qui prime. Et le reste, c’est la magie de la radio. Ce n’est pas une question d’âge. L’important, c’est ce que tu dégages à l’antenne. J’ai plus de 40 ans et je suis N°1 le matin sur les 13-18 ans. Je ne l’explique pas. Et je ne cherche pas à l’expliquer. L’âge est un chiffre, mais la radio, c’est du ressenti. Uniquement du ressenti. Il y a bien évidemment une place pour les jeunes animateurs. Un mot est important : la patience ! Si je suis sur NRJ le matin et que j’ai plus de 40 ans, c’est parce que je fais de la radio depuis 20 ans, et que j’ai su avancer doucement et me construire. Je suis « animateur principal » en matinale uniquement depuis 5 ans, c’est rien !

Quelle est l’influence sur votre matinale des études Médiamétrie sur l’audience ? Ajustez-vous des choses dans l’émission en fonction de la baisse ou de la hausse de l’audience ?
Manu : Les sondages Médiamétrie sont importants. Dire le contraire, c’est comme si un chef cuisinier disait : « je me fous du nombre de clients qui viennent dans le restaurant manger ma cuisine ». On fait une émission en espérant qu’il y aura toujours plus de gens qui nous écouteront. Et lorsqu’il y en a moins, on se demande ce qui ne va pas. C’est assez simple en fait.

Que pensez vous de la polémique lancée par « Que Choisir » autour des interventions bidonnées d’auditeurs dans les émissions de radio ?
Manu : J’ai l’impression que la polémique s’est aussi vite éteinte qu’elle s’est allumée, non ?

Avez-vous vu le film « Radio Stars », qui évoque une radio en perte de vitesse qui met en place des opérations pour reconquérir des auditeurs ? L’ambiance au sein de l’équipe de l’émission présente dans le film se rapproche-t-elle de l’ambiance au sein de l’équipe du « 6/9 » ?
Manu : J’ai vu le film. Je ne me retrouve pas dedans, mais je crois que c’est pas vraiment le but du film ! C’est une histoire humaine, et la radio est un prétexte. En même temps, on s’en fout : c’est un film, pas un documentaire sur une émission radio. Après, si ça a pu déclencher des vocations, tant mieux !


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