Nova – « Le principal indicateur a toujours été nos oreilles », explique Bruno Delport

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RadioActu : Aujourd’hui Nova apparaît très officiellement dans le communiqué Médiamétrie. Peut-on considérer que Nova fait son entrée dans la cour des grands ?
Bruno Delport : Je ne sais pas si l’on peut parler de la cour des grands. Nous sommes simplement ravis d’avoir été enfin reclassés dans les programmes musicaux nationaux car cela faisait bien longtemps que Nova n’était plus une radio locale. Nous sommes donc contents que cela apparaisse officiellement et contents de dépasser le point malgré cette couverture extrêmement faible.

RadioActu : Nova souligne sa spécificité dans le paysage radiophonique. Doit-on comprendre que vos auditeurs sont un peu écoeurés par les autres offres ?
Bruno Delport : Je ne pense pas. Je pense plutôt qu’ils fonctionnent de manière positive : ils sont contents qu’il y ait autre chose. C’est ce que je constate. Les gens que nous rencontrons nous disent « ça fait plaisir d’entendre des choses différentes, une autre logique, un autre truc… On vient vers vous parce que vous êtes différents ».

RadioActu : Concernant la grille de Nova, qu’est-ce qui a bien fonctionné ou moins bien fonctionné ?
Bruno Delport : La première motivation des auditeurs de Nova est la musique. Par rapport à l’audience de la radio sur une heure, nous avons toujours surperformé entre 9h et 18h. Ce sont les horaires auxquels il y a le plus de plages musicales ; les gens viennent pour ça. Nous sommes aussi assez contents des plages sur la matinale et la fin d’après-midi, où l’on ne constate pas de disparition subite d’auditeurs alors que nous avons complètement changé les deux émissions. Mais nous faisons attention et ne tirons pas de conclusions définitives du fait qu’un quart d’heure est passé de 60 000 à 52 000 auditeurs.

RadioActu : Cela donne tout de même une indication ?
Bruno Delport : Cela donnera une indication si cela se reproduit sur la durée. À ce moment là, ce ne seront pas 300 personnes qui auront été interrogées, mais 600. Bien sûr que l’on regarde les chiffres, mais le principal indicateur de Nova pour la construction de sa grille a toujours été nos oreilles.

RadioActu : Vous évoquez naturellement la musique comme principale motivation d’écoute des auditeurs, notamment de ceux qui découvrent et rejoignent Nova. La station est-elle aujourd’hui aussi « subversive » qu’il y a quelques années ?
Bruno Delport : Nous l’avons toujours été et ça continue. Nous n’avons pas changé notre état d’esprit particulier : nous continuons à nous intéresser à la vie. Toute notre équipe d’antenne s’intéresse à la vie et travaille à ce que chacune des interventions parlées ait du sens et apporte quelque chose sans être trop « gratuite », comme trop souvent l’animation radio peut l’être. C’est aussi l’une des différences de Nova, c’est dans le paquet : les auditeurs viennent pour la musique mais le reste – l’habillage, la construction de certaines émissions, l’état d’esprit des gens… – forme un tout qui rend Nova différente. Notre présence est aussi sur le terrain : nous avons fait une centaine de déplacements d’antenne sur la saison dernière et avons diffusé près de 200 concerts en direct sur TSF Jazz.

RadioActu : La sortie de Nova du GIE Les Indés Radios début octobre est l’un des évènements marquants de la rentrée. Cela signifie une réduction significative de la publicité sur l’antenne. Ressentez-vous déjà un impact positif ?
Bruno Delport : L’impact positif est le côté agréable pour l’oreille, mais ça n’a pas d’impact en terme d’audience. Cela a une incidence vraiment à la marge. La preuve, nous avions réalisé la même audience avec beaucoup plus de publicité. Je ne crois pas que cela ait un impact important. Les gens savent que les radios musicales meurent si elles n’ont pas de publicité. Mais ils se sont toujours plaints de la publicité, qu’il y en ait beaucoup ou non.

RadioActu : Vous expliquez que Nova « offre aux annonceurs les meilleures conditions de diffusion et d’intégration de leurs messages ». Concrètement, comment Nova met-elle cela en oeuvre ?
Bruno Delport : Nous voulions souligner que nous avions mené beaucoup d’opérations spéciales avec des annonceurs cette année. Nous essayons d’intégrer au maximum la publicité dans les programmes. Elle n’est pas masquée, mais on essaye de la rendre la plus performante possible dans le cadre de nos programmes quand on fait une opération spéciale. Par exemple, si nous mettons en place une opération spéciale avec Levi’s, nous prenons l’angle de raconter l’histoire du jean à la manière de Nova, avec beaucoup de références différentes. Cela permet d’intégrer le produit à Nova. Dans le même esprit, nous avions également mené une opération sur les bases iPhone Fidelio de Philips, nous avions évoqué à l’antenne des histoires sur le son.

RadioActu : Les annonceurs sont-ils réceptifs à cette façon de communiquer où devez-vous faire preuve d’un minimum de pédagogie ?
Bruno Delport : Il y a toujours de la pédagogie à faire. En premier lieu parce que les gens ne nous connaissent pas forcément. Certains vous connaissent, d’autres non car ils n’évoluent pas dans les mêmes réseaux, les mêmes cercles… On a toujours un travail de conviction à faire auprès du marché, des annonceurs. Nous le faisons au quotidien sur le terrain et nous allons aussi le faire de manière plus formelle.

RadioActu : Nova couvre 27% de la population française avec 24 fréquences et avec cette couverture elle réalise plus d’un point d’audience nationale. Comme Oüi FM et FG, Nova est engagée dans la RNT. Êtes-vous confiant dans son déploiement ?
Bruno Delport : Non. Mais on ne sait jamais : des miracles peuvent arriver.

RadioActu : Pourtant il est difficile aujourd’hui d’obtenir de nouvelles fréquences en FM…
Bruno Delport : Il en existe. Des assignations sont possibles. On savait que l’instrument de régulation principal était la RNT, qui permettait de rebattre les cartes à un moment où cela était nécessaire. Si la RNT ne se fait pas, il faudra rebattre les cartes quand même. Il n’y a aucune raison – économique, légale ou quoi que ce soit – que des groupes détiennent 800 fréquences et que d’autres en aient 20 alors qu’ils ont la même légitimité, qu’ils font la même audience sur les bassins quand ils y sont. Le législateur avait bien prévu deux étapes : d’un côté une attribution automatiquement renouvelée deux fois, de l’autre au bout de 15 ans, cette attribution était revue. Ce n’est jamais le cas, on le sait bien. Cela n’aurait pas été un problème s’il y avait eu la RNT. Les choses auraient pu être redistribuées. Aujourd’hui, comme ce n’est pas le cas, il va bien falloir traiter les problèmes de double illumination. Est-il normal qu’une radio ait une double illumination sur certaines villes, en grandes ondes et en FM, alors que des radios ne peuvent juste pas émettre en FM ? Je pense que l’on capte très bien RTL et Europe 1 à Lille en grandes ondes. Si cela ne sert à rien, qu’ils éteignent ! Ainsi ils auront de l’argent pour faire la RNT. Si cela leur sert, que cela continue à leur servir ! Dans ces cas là ils doivent perdre les fréquences FM sur quelques villes et les gens se rabattront sur les grandes ondes. Tous les téléspectateurs de TF1 ont bien trouvé le moyen de passer de l’analogique au numérique. Je ne pense pas qu’il y ait de différence fondamentale de comportement et d’intelligence entre les téléspectateurs de TF1 et les auditeurs d’RTL, de Nova et de n’importe qui. C’est un point que l’on commence à souligner auprès du CSA.

RadioActu : Les auditeurs de Nova portent également un fort intérêt aux nouvelles technologies…
Bruno Delport : Dans les auditeurs de Nova, 95% sont des internautes assidus. C’est le record toutes radios confondues. Ce qui prouve que la population qui écoute Nova est vraiment à l’affût, connectée au monde moderne. Elle a pris en main les nouveaux outils de communication.

Crédit photo : Thibaut de Corday.


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