NRJ Group – Entretien avec Jean-Paul Baudecroux

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RadioActu : Comment analysez-vous cette vague de rentrée pour les stations de votre groupe ?
Jean-Paul Baudecroux : NRJ demeure la première radio de France et creuse l’écart avec RTL. Nous avons 6.2 millions d’auditeurs quotidiens. C’est la 12ème fois en treize sondages que NRJ confirme sa place de leader du marché et nous sommes très satisfaits. Le « 6-9 » est le premier morning de France des moins de 60 ans, c’est dire jusqu’où nous allons. Nous touchons plus de 3 millions d’auditeurs chaque matin entre 6h et 9h, et surtout, ce qui est intéressant, c’est que le morning d’NRJ réalise la performance de compter plus d’auditeurs que l’addition des auditeurs de Difool sur Skyrock et de Cauet sur Fun Radio. Nos deux challengers réunis ne réalisent pas la performance du 6-9. Par ailleurs, l’émission « Sans Interdit » entre 21h et minuit confirme sa progression de vague en vague et affiche 60% d’auditeurs supplémentaires par rapport à l’année dernière. L’émission s’installe et c’est une belle performance.

RA : La nuit vous avez également installé une libre antenne. A quoi correspond ce choix dans la stratégie d’NRJ ?
J.-P. B. : Cela correspond à coller aux attentes des jeunes qui, à cette heure là, voulaient de la musique, mais aussi autre chose que de la musique. Nous constatons la même chose le matin : tous les mornings sont beaucoup plus bavards que le restant de la journée sur les radios musicales. C’est la même chose le soir.

RA : Les autres stations de votre groupe connaissent également des résultats stables ou orientés à la hausse, à l’exception de Rire & Chansons ?
J.-P. B. : Oui, nous sommes très contents parce que dans l’ensemble les quatre formats se portent bien, à l’exception effectivement de Rire & Chansons. Mais 6.2 millions d’auditeurs quotidiens pour NRJ, 4.2 millions pour Nostalgie, qui reconquiert sa place de deuxième radio musicale de France. Dans les trois premières radios musicales, le groupe NRJ en place deux. Chérie FM progresse tant par rapport à la dernière vague que par rapport à l’année dernière avec 100 000 auditeurs de plus et une progression sensible sur la part d’audience. Nous sommes un peu déçus par Rire & Chansons car nous pensions qu’avec l’impact et les retombées éditoriales du canular de Gérald Dahan cela aurait davantage profité à la station. Malheureusement pas, mais nous avons quand même des raisons de nous réjouir puisque « Les Peopleries » de Cyril Hanouna gagnent 14% de nouveaux auditeurs. Rire & Chansons est un peu en retrait de ses résultats habituels, mais ce n’est pas une chute. Nous allons étudier les résultats de près, mais on ne s’explique pas pourquoi.

RA : De manière générale, les radios musicales sont assez malmenées en termes d’audience. Comment NRJ Group, en tant que premier groupe français de radios musicales, se positionne t-il par rapport à l’évolution de la radio, et notamment le passage au numérique ?
J.-P. B. : C’est vrai que ce n’est pas une bonne vague pour la radio en général et notamment pour les radios musicales jeunes. Dans l’ensemble, quand on regarde la part d’audience d’NRJ qui est pratiquement stable, si on la compare avec celle d’Europe 2 ou de Fun Radio, ça n’a rien à voir. Ce sont eux qui font baisser les radios jeunes. Mais une vague ne fait pas le printemps ! C’est vrai aussi qu’il y a un concurrence de l’i-Pod, de l’internet, et c’est pour ça qu’il est urgentissime que la radio se numérise. C’est pour cela que dans les jours qui viennent towerCast va lancer des expérimentations sur différents systèmes, notamment l’Iboc, un système américain.

RA : L’offre de NRJ Mobile s’inscrit également comme un relais de croissance financier, mais également d’audience ?
J.-P. B. : Tout à fait. C’est de pouvoir continuer une relation avec la « tribu », les auditeurs d’NRJ, en étant présent toute la journée via leurs téléphones mobiles. NRJ Mobile fait partie de cette stratégie.

RA : Peut-on craindre une érosion continue de l’audience des stations musicales avec le développement de ces nouveaux modes de consommation ?
J.-P. B. : Non, je ne crois pas. Il y a eu le même phénomène aux Etats-Unis, et puis ça s’est stabilisé.

RA : En marge de ces sondages, MFM va être commercialisée à partir de janvier par NRJ Régies. Gérard Louvin a indiqué que sa station est à nouveau en vente. Votre groupe est-il candidat à un rachat éventuel ?
J.-P. B. : Nous allons regarder le dossier. Mais nous sommes malheureusement limités par la loi, qui n’a pas évolué malgré l’inflation de la population française. C’est-à-dire que le seuil a même baissé car il ne tient pas compte de cette inflation de la population. Pour notre développement, nous sommes prisonniers de cette loi. Peut-être sera-t-elle assouplie ? C’est ce qui a fait que nous avons renoncé à racheter RMC à l’époque, puisqu’entre la signature du protocole d’accord et la signature du contrat définitif, il y a eu ce recensement qui avait été publié et qui nous empêchait de le faire. Nous sommes victimes en France de notre réglementation, et il n’y a pas que dans ce domaine d’ailleurs.

RA : Le CSA étudie des demandes de changements de catégorie qui ont été déposés par plusieurs réseaux nationaux. Le SIRTI s’oppose à ces changements. Quelle est votre position sur cette question et quelle analyse faites-vous de la loi adoptée l’été dernier ?
J.-P. B. : Je pense que les changements de catégorie permettent de créer des emplois, de donner une information et un pluralisme aux habitants de ces agglomérations qui aujourd’hui reçoivent nos programmes en passif . Je crois que cela relève de l’intérêt général. La France est le seul pays au monde où l’on empêche des radios à faire des programmes locaux. C’est extraordinaire ! Alors que l’on voit bien que l’appétit pour les programmes locaux est très important de la part des français, il y a un déficit très important d’informations locales et de promotion dont le tissu économique local a besoin. Quand vous êtes commerçant au Havre, par exemple, vous ne pouvez pas annoncer sur NRJ Le Havre parce que nous sommes en passif. C’est absurde ! Les gens du SIRTI, qui ont une sorte de petit monopole sous prétexte qu’ils sont indépendants, alors qu’ils n’ont d’indépendants que le nom, qui font moins de programmes locaux que les radios des réseaux qui sont en C, veulent évidemment que ce monopole perdure. Je crois que c’est contraire à l’intérêt général. Ils ont réussi à convaincre des sénateurs qui ne connaissent pas grand-chose à la radio qu’il fallait que ça continue comme ça. J’espère que le CSA saura résister aux pressions et verra l’intérêt général.


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