RadioActu : De Skyrock à Fun Radio en passant par Europe 1 et Europe 2, tu as été animateur sur la plupart des grandes radios nationales. L’annonce de ton arrivée sur NRJ a été pour beaucoup une véritable surprise. En quoi est-ce un nouveau challenge pour toi ?
Manu Levy : Le challenge est colossal. J’ai toujours été sur des radios qui couraient après NRJ. Ce qui a été plutôt très marrant à faire d’ailleurs. Et là, j’y suis ! Sur NRJ, tu poses tes fesses à 06h00, tu dis « bonjour », t’es déjà premier, sans avoir fait quoi que ce soit. Je vais donc devoir maintenant courir après quelqu’un d’autre encore plus haut qu’NRJ… CNN, gare à tes fesses, Manu arrive !
RadioActu : La matinale de NRJ est écoutée par 2.6 millions d’auditeurs, soit 800 000 auditeurs de plus que celle de Fun Radio. J’imagine que cela représente une certaine pression. Comment gères-tu cette arrivée prochaine sur NRJ ?
Manu Levy : Ça peut paraître incroyable, mais je n’ai vraiment pas plus de pression qu’ailleurs. C’est plutôt beaucoup d’excitation. C’est quand même NRJ ! La radio avec une panthère qui n’a que deux pattes sur le logo ! Ce qui d’ailleurs ne perturbe personne. Moi, je serais la SPA, je serais un peu choquée. Bref, pour le stress, je suis un peu tendu pour une chose : c’est hyper galère de se garer dans le quartier. Je vais demander à la direction de faire détruire l’école primaire en face pour en faire un parking.
RadioActu : Tu as toujours bénéficié d’une certaine liberté de ton à la radio. As-tu posé des conditions particulières dans ce domaine concernant ta future matinale sur NRJ ?
Manu Levy : Le seul tout petit pouvoir que j’ai, c’est de faire de l’audience. Demain, ça ne marche plus, je n’aurai plus cette liberté là. Je le sais. Je n’ai donc pas de choix possible : je suis voué à cartonner sur NRJ. C’est mon destin. Je m’en excuse par avance auprès des autres radios.
RadioActu : Nikos Aliagas avait installé sur NRJ une matinale axée sur le people et les stars, tandis que ton registre à toi c’est plutôt la déconne et le second degré. As-tu déjà une idée de ce à quoi va ressembler ta matinale sur NRJ ?
Manu Levy : Mon registre, c’est en fait juste être moi. Et je ne suis ni « stars » ni « people ». Je ne vais pas me forcer, ça ne marcherait pas. NRJ l’a très bien compris, ils ne m’ont vraiment rien demandé là-dessus. Pour l’émission, j’ai simplement demandé à ne pas reprendre les idées et concepts des anciens animateurs du 6/9, ça me semble logique. Maintenant, à moi d’apporter du frais! Pour le reste, j’écris des idées, dont beaucoup de trucs nuls ! Comme d’hab’ quoi.
RadioActu : L’année de ton arrivée sur Fun Radio, Morgan, aujourd’hui directeur des programmes de NRJ, animait alors la libre antenne du soir sur Fun Radio. Quels rapports entretiens-tu avec lui ? A t-il joué un rôle important pour te convaincre de rejoindre NRJ, quels ont été ses arguments ?
Manu Levy : Je m’entends super bien avec Morgan. Je le connais depuis longtemps, bien avant ces 3 ans sur Fun. C’est pour moi aujourd’hui le meilleur directeur des programmes de réseau musical en France. Il a joué un rôle très important dans mon arrivée, évidemment. Le succès de Fun, c’est lui qui l’a initié. La remontée d’NRJ depuis plusieurs mois, c’est lui. Le sauvetage des otages en Afghanistan, c’est lui… Vous me dites quand j’en fais trop ! Ah, un dernier truc sur Morgan : je possède des captures d’écran de lui sur « World of Warcraft » que je peux balancer à tout moment. Je le tiens !
RadioActu : Jérôme Fouqueray, directeur général de Fun Radio, a expliqué à RadioActu qu’il avait anticipé ton départ. Dans quelles conditions quittes-tu Fun Radio ? Comment as-tu vécu ces dernières semaines sur Fun Radio ?
Manu Levy : Je me suis assez bien entendu avec Jérôme pendant 3 ans. Aujourd’hui ce n’est hélas plus du tout le cas. La raison est simple : il y a 3 semaines, il m’avait promis dans son bureau en me regardant dans les yeux qu’il ne reprendrait rien de ce que j’avais apporté avec moi à Fun, y compris « La ligne anti relous ». Je lui avais d’ailleurs promis la même chose : que jamais je ne reprendrais une idée que Fun m’avait apportée. Je trouvais tout cela très fairplay. Aujourd’hui, sans rien me dire, il a remis « La ligne anti relous » à l’antenne. Ce qui me gonfle prodigieusement, c’est qu’il ne croyait pas à cette idée quand je suis arrivé. Moi si, je l’avais déjà faite sur Europe 2, je savais que ça marcherait. Eux en avaient fait une version sur Fun qui n’avait pas du tout fonctionné et qu’ils avaient d’ailleurs du coup arrêtée. Je fais ensuite cartonner le concept, et aujourd’hui Jérôme le revendique comme son bébé auprès de ses équipes. Ce n’est pas bien. Je pense qu’un boss a le droit, lui aussi, parfois, de ne pas être con. Pour terminer là-dessus, ce n’est pas qu’une question de « qui a inventé quoi » ou de « qui a copié qui », qui est un débat bien souvent stérile. C’est, au-delà de l’aspect juridique, une question de principe. Et « Manu à la radio », qui est un nom qui m’appartient, qu’il détourne en « Bruno à la radio », ça fait un peu beaucoup, non ? Coquin de Jérôme ! Après, tout cela est-il vraiment important ? À vrai dire, non. Je vais laisser tout ça derrière moi, et je vais utiliser mon énergie à des choses beaucoup plus importantes : j’ai des sons de prouts à préparer pour ma future émission ! Sur l’autre partie de ta question, je pense que Jérôme a anticipé mon départ dès 1997. Si ça peut lui donner un peu de bonheur, je suis là aussi pour ça. Mais à part ça, je pars de Fun heureux. J’ai beaucoup donné pendant 3 ans, et Fun m’a bien évidemment beaucoup apporté aussi.
RadioActu : Tu as longtemps co-animé des émissions, notamment avec Arthur et Nagui. Lors de ton arrivée sur Fun Radio, c’était la première fois que tu animais une émission en tant qu’animateur principal. Quel bilan tires-tu de ces trois années passées sur Fun Radio ?
Manu Levy : Je suis ultra content. Rien n’était gagné au départ. Au contraire. À mon arrivée, il faut être honnête, très peu de gens me voyaient réussir. Et puis petit à petit ça a décollé. Et on a battu records d’audience sur records d’audience. Jamais on n’aurait imaginé atteindre les 8 points d’audience ! C’est juste incroyable. J’ai gagné l’Eurovision ! Ce succès, c’est un grand signe d’espoir pour tous les mecs moches comme moi (y compris les roux) !
RadioActu : Beaucoup reprochent aux radios musicales d’être trop formatées, trop répétitives, et surtout de ne pas permettre à de nouveaux animateurs d’émerger, à de très rares exceptions près. Comment expliques-tu cette frilosité des patrons de radios ? De manière plus générale, quel regard poses-tu sur la bande FM actuelle ?
Manu Levy : Sur le coup, les gens de Fun en 2008 n’ont pas été frileux : ils m’ont fait confiance, alors que je n’avais aucune expérience en solo. Morgan a juste senti qu’on pouvait y arriver. Sur la recherche de nouveaux animateurs, c’est selon moi aux directeurs des programmes de le faire. C’est une partie de leur boulot: écouter la FM, le Web, suivre les gens, s’intéresser aux autres, faire de la veille, faire travailler les personnalités en devenir, les guider… Mais plus personne ne se donne ce mal. Un mec qui débarque sans expérience et qui cartonne tout de suite, ça n’existe pas. Il faut simplement sentir le potentiel de quelqu’un, et l’aider, l’amener à sortir le truc qu’il a en lui que les autres n’ont pas. C’est pas compliqué : c’est juste le principe des centres de formation dans le foot, tout simplement. Pour vous donner un exemple, c’est ce qu’il s’est passé avec Vacher, qui était avec moi à l’antenne sur Fun. Il m’a envoyé un mail il y a 4 ans. J’ai senti un truc. Je l’ai pris dans l’équipe en « junior », et on a bossé ensemble. Si tout le monde faisait ça, je suis certain que beaucoup plus de nouveaux talents radio émergeraient. Aujourd’hui encore, j’écoute tout ce qu’on m’envoie, et je lis tout ce que je reçois. Même les vidéos de cul, on sait jamais : derrière un gang bang se cachent peut-être d’excellents animateurs !
