Quotas francophones – Le ton monte entre les radios et la filière musicale

434
434

Les propos tenus la semaine dernière par David El Sayegh, directeur général du SNEP ont mis le feu aux poudres sur la très sensible question des quotas de chansons francophones auxquels sont soumises les radios françaises depuis 15 ans. Ces propos ont provoqué une vive réaction du SRN, qui réunit les principaux réseaux musicaux nationaux (1). « C’est l’industrie musicale qui semble délaisser les artistes francophones, » avait rétorqué le SRN (lire RadioActu du 26/01/2011), soulignant que « les radios musicales sont toujours le meilleur vecteur pour les nouveautés musicales ». Ce jeudi 27 janvier, l’ensemble des acteurs de la filière musicale (2) ont répondu au SRN, estimant que les propos de ce dernier sont « inadmissibles ». Ils ont précisé qu’ils ne reprochent pas aux réseaux musicaux de « violer » la réglementation sur les quotas francophones, mais « d’en faire une application totalement dévoyée ».

Selon les représentants de la filière musicale, les stations musicales pratiquent « de très fortes rotations sur un nombre de plus en plus restreint de nouveautés francophones et de nouveaux talents ». Selon eux, 90% des diffusions de nouveautés francophones ont été concentrées sur 15 titres en 2010. Ils ajoutent que seuls 11 nouveaux talents francophones figurent parmi les 100 plus fortes rotations en 2010, soit un recul de 56% par rapport à 2009, tandis les titres entrés en programmation en 2010 est en baisse de 10% en 2010. Par ailleurs, la filière musicale reproche aux réseaux musicaux « une ghettoïsation des nouveautés et titres francophones aux heures d’écoute peu significative ». Selon les représentants de l’industrie musicale, la diffusion des productions francophones serait concentrée le week-end entre 6h30 et 8h30. Ils ajoutent que la présence de la musique sur cette tranche le week-end s’élève à 75%, contre 44% en semaine. « Pire encore, la part de la chanson francophone au sein des diffusions musicales est 3 fois supérieure le week-end qu’en semaine pour cette même tranche horaire », ajoutent-ils.

Enfin, les acteurs de la filière musicale reprochent aux stations musicales « une diffusion tronquée des titres pour satisfaire les quotas au mépris du droit moral des artistes et des auteurs/compositeurs ». Il faut préciser ici que d’un point de vue légal, une minute de diffusion d’un titre suffit à être comptabilisée dans les quotas francophones. « Les pratiques généralisées consistant à ne diffuser qu’une minute d’un titre pour satisfaire les quotas sont inacceptables », estime la filière musicale. « Comment, dans ces conditions assurer une exposition des nouveaux titres sans permettre aux auditeurs d’écouter leurs oeuvres en intégralité ? », s’est-elle interrogée. « La crise économique qui frappe la filière musicale ne saurait justifier une concentration extrême des rotations », ajoutent les représentants de la filière musicale. Citant des données fournies par Bya, ils indiquent que les producteurs ont envoyé en 2010 aux radios plus de 2 185 nouveautés, dont 713 francophones. Une diversité qui, estiment-ils, « n’est malheureusement pas représentée dans les diffusions des radios musicales ». Ils en appellent désormais au Ministre de la Culture et au CSA « pour que ces dérives, contraires à l’esprit de la loi, cessent ».

(1) Chérie FM, Fun Radio, Nostalgie, NRJ, RFM, Rire & Chansons, RTL2 et Virgin Radio.
(2) SNEP – SCPP – UPFI – SPPF – ADAMI – CSDEM – MMF – PRODISS – SACEM – SNAC – SNAM/CGT – SDLC – TPLM – UNAC


#Tags de cet article
Optimization WordPress Plugins & Solutions by W3 EDGE