RadioActu : Vous avez rejoint Radio Classique il y a quelques semaines. Pourquoi avoir accepté de prendre la direction de cette radio ?
Étienne Mougeotte : J’aime beaucoup l’information, et je suis un grand
amoureux de musique, donc il n’y a pas un endroit où je pourrais être plus heureux que sur Radio Classique ou sur une radio de musique qui fait des informations le matin. C’est donc une forme de bonheur absolu, dans ce que j’aime. C’est clair, ce n’est pas un propos de circonstances, vraiment, j’ai la passion de l’info, et j’adore la musique.
RadioActu : Les performances d’audience de Radio Classique sont en partie dues à la tranche d’information du matin. Comment analysez-vous l’importance de cette tranche dans la globalité de Radio Classique telle qu’elle est aujourd’hui ?
Étienne Mougeotte : C’est une tranche très importante, c’est maintenant devenu un vrai rendez-vous, notamment pour toucher un public CSP+, des gens qui attendent une grande qualité, une vraie valeur ajoutée de l’information, et puis par ailleurs, Radio Classique reste fondamentalement une radio musicale, l’ADN de Radio Classique, c’est la musique. J’ai envie de dire que c’est en quelque sorte deux radios en une. On a une radio d’information le matin, qui maintenant s’est installée en progression permanente, puisque déjà en 2011 nous avions une progression très forte par rapport à 2010 et à nouveau en 2012, et pour le reste, c’est une radio dont tous les gènes sont faits de la musique.
RadioActu : Vous êtes arrivé sur une radio qui se portait bien avant votre arrivée, comment est-ce que vous envisagez maintenant de continuer à la faire évoluer et à la faire progresser ?
Étienne Mougeotte : D’abord, ne pas simplifier, ne pas s’amuser à changer les choses qui fonctionnent très bien. Deuxièmement, je pense qu’il y a un effort pour promouvoir cette marque qui n’a pas encore la notoriété qu’elle mérite, et puis j’ai aussi un objectif économique, c’est-à-dire de rendre cette radio profitable parce que sur une longue période il faut devenir profitable si on veut pouvoir se renforcer. J’ai en plus un dernier défi qui est technologique, parce que les conditions de consommation des médias en général et de la consommation de la radio en particulier sont en train d’évoluer très vite avec la révolution numérique. Donc il y a certainement à développer fortement l’écoute de la radio à travers les smartphones, les tablettes : avoir deux jambes, une jambe hertzienne, et une jambe numérique. C’est un gros chantier qui va demander beaucoup d’efforts, le temps nous est compté car la révolution est tellement forte et s’inscrit dans un phénomène. Le chantier numérique est l’une de mes priorités.
RadioActu : Lorsque vous dites de ne pas faire de bêtises avec cette radio, ça serait quoi faire une bêtise ?
Étienne Mougeotte : Ça veut dire ne pas s’amuser à changer pour changer. C’est devenu une bêtise que l’on pourrait être tenté de faire, mais je suis vacciné ! Il faut conforter ce qui marche, c’est une règle, dans la vie d’ailleurs, et à la radio aussi : il y a des gens de très grande qualité à l’antenne, il faut les conforter.
RadioActu : Avec l’immense carrière que vous avez que ce soit à la fois en radio ou en télévision, y a-t-il des gens que vous aimeriez appeler, des gens qui vous paraitraient légitimes pour venir compléter et appuyer Radio Classique ?
Étienne Mougeotte : Pour l’instant on en n’est pas là, ce n’est pas le sujet du jour. Le sujet du jour, c’est de conforter ce qu’on fait, nous développer dans le numérique, et garder une idée qui est forte dans la station : celle d’essayer d’atteindre l’excellence, avec une notion de plaisir. On écoute Radio Classique par plaisir, on écoute de la musique par plaisir, et c’est ce plaisir là qu’on veut essayer de faire partager à un nombre de plus en plus important de gens, même en essayant de faire venir à la musique classique des gens qui n’y sont pas nécessairement ouverts. Radio Classique est une radio de plaisir.
RadioActu : En dehors de l’information, qui est votre passion et votre métier principal, quel est votre rôle au niveau des programmes plus musicaux ? Intervenez-vous sur la programmation, l’évènementiel ?
Étienne Mougeotte : Oui ! Il y a un directeur de la musique qui est formidable, Francis Drésel. J’ai décidé de beaucoup travailler avec lui, beaucoup m’appuyer sur lui, c’est vraiment une référence musicale absolue, mais oui, je m’investis beaucoup dans la partie musicale. L’information c’est important mais ce n’est qu’une partie de la radio. Radio Classique est fondamentalement une radio de musique. Par exemple, nous allons être un partenaire extrêmement actif du festival d’Aix-en-Provence. Il y a évidemment des évènements traditionnels et très forts comme le concert de Radio Classique du mois de juin, et d’autres évènements sur lesquels on est en train de travailler. Il faut évènementialiser la radio si on veut la faire connaître.
RadioActu : Vous parliez des nouveaux médias, des tablettes et des smartphones. Radio Classique s’est engagée et a soutenu la Radio Numérique Terrestre. Êtes-vous êtes toujours confiant sur ce projet ?
Étienne Mougeotte : Je crois beaucoup plus à un mix entre la radio terrestre analogique telle qu’elle est aujourd’hui et à un développement des supports numériques qu’à la Radio Numérique Terrestre. Ça viendra, mais pour l’instant, on n’y est pas. Il y a aussi un phénomène de création et il ne faut pas rater les moments où ça accélère. J’ai été frappé, depuis une vingtaine d’années, de voir, sur les nouveautés technologiques l’arrivée des smartphones. Il y a 5 ou 6 ans, ça n’existait pas. On aura un phénomène similaire avec les tablettes. Pour la Radio Numérique Terrestre, nous verrons.
