Radio FG – Entretien exclusif avec Henri Maurel

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RadioActu : Où en êtes-vous de la stratégie de développement de FG ?
Ecouter > Henri Maurel : C’est une stratégie qui n’a pas varié depuis que nous avons choisi de passer en mode d’exploitation commerciale en 1997, où nous avons à la fois rejoint le groupe des Indépendants, nous avons demandé au CSA de changer de catégorie, nous étions en catégorie A pour passer en catégorie D, et si nous avons demandé cela c’est parce que nous avions acquis la certitude que notre format radio, à la fois sur le plan de son contenu musical, de son innovation musicale, enfin qui est fondé sur l’innovation musicale d’une part et sur des contenus éditoriaux spécifiques, était une offre pertinente dans le paysage radiophonique. Et que dès lors on pouvait avoir l’ambition de ne pas rester uniquement une radio à périmètre local, mais au contraire entrer dans le grand bain de la diffusion nationale ce qui supposait le changement de catégorie qui a eu lieu entre temps. Donc notre stratégie maintenant c’est d’obtenir les moyens de diffusion hertziens qui nous manquent pour nous mettre à parité avec d’autres opérateurs thématiques comme Nova ou autres, qui sont des formats thématiques et spécifiques mais qui ont accès à ça… Donc notre stratégie c’est un développement sur un réseau multivilles autour de notre format en gardant à celui-ci sa pertinence, sa spécificité et son originalité.

RA : L’affaire Skyrock Pays de Loire, où en êtes-vous ?
Ecouter > HM : Nous, bien sûr on est tenu par les décisions à la fois de justice et puis l’avis du CSA qui n’a pas eu lieu mais qui en fait entérine cette décision. Ce qu’on retient de cet épisode là c’est que d’une part, un opérateur local était intéressé par notre format pour sa qualité et sa pertinence par rapport à une cible locale que sont les jeunes de 15/25 ans. Deuxièmement que sur le plan de l’économie générale des médias, même si nous n’affichons pas la puissance de feu économique de groupes ou de grands réseaux, nous sommes parfaitement à leur niveau en matière de production radiophonique et de pertinence éditoriale, et que ça nous encourage à rechercher via précisément des accords de diffusion ou des franchises, puisque nous y avons droit désormais, ça nous encourage à rechercher des partenaires au niveau national, pour rejoindre notre objectif constant qui est d’élargir la diffusion des programmes. Donc finalement c’était un bon galop d’essai. Je ne suis pas trop rentré dans le détail, c’était vraiment le conflit récurrent et ancien avec son diffuseur, c’est vraiment un différent de type vraiment commercial avec son diffuseur. Nous nous sommes totalement extérieurs à cela, à savoir que si le diffuseur avait obtenu gain de cause, s’il avait pu se séparer de son fournisseur de programmes, et bien on aurait bénéficié de cette disponibilité là. Mais le fond c’est vraiment les relations internes entre Skyrock, Vortex, et ses franchisés.

RA : Quelle est votre position sur l’image de la musique électronique ?
Ecouter > HM : C’est toujours un univers quand même fluctuant. Il ne faut pas oublier que lorsque moi j’ai fondé le format musical de la radio, il y a tout juste dix ans, qu’on a lancé le 5 septembre 92 le format, ça s’appelait d’abord la techno, parce qu’à l’époque c’était le mot utilisé pour définir cet environnement, cet univers, ce territoire, de musiques qui sont des musiques à la fois répétitives, amplifiées etc… Et qui ont une jeunesse un peu complexe, que les spécialistes font remonter à la musique noire américaine… et ensuite il y a eu une espèce de diversification très rapide de ce que l’on appelle la techno avec des sous-variétés ou des co-variétés, la house etc… et puis c’est vrai que la diabolisation qui était constante autour de cette musique, qui s’explique pour des raisons à la fois sociologiques, politiques, sanitaires, plein de raisons quoi… a conduit de nombreux acteurs à s’approprier le terme de musiques électroniques comme étant un terme plus générateur, un terme plus générique pour désigner toutes les sous-catégories qui se multipliaient au fur et à mesure que la musique se développait. Et donc je me souviens très très bien, c’est en 1999 que nous avons commencé nous à parler de musiques électroniques. A ce moment là on a cru aussi qu’il y avait une espèce de rentrée dans le rang avec le phénomène de la ‘french touch’ avec des soucis commerciaux, avec une pacification du paysage puis manifestement, récemment, et on l’a bien vu avec le phénomène des ‘free party’, qui musicalement quand même sont pas exactement ce que j’appellerais moi des musiques électroniques, c’est quand même vraiment une thématique très segmentée… il n’en demeure pas moins que ce complexe à la fois générationel et esthétique qui est la musique à danser, répétitive, un peu scotchée, un peu nouvelle etc… a reprovoqué encore l’hystérie avec les interdictions, avec les fuites, en fait il y a une espèce de « malédiction » qui colle à la peau à cet univers, d’ailleurs c’est un phénomène qui est très amplifié par les médias, mais surtout par la description que l’on en fait. En fait l’univers des ‘free party’ est très marginal par rapport au volume considérable que représente l’audience des musiques électroniques qui sont très diffusées par la discographie, par la diffusion en club, par la diffusion en festival, la diffusion radiophonique la preuve… et bon bien oui, il y a ce petit secteur qui continue à sentir le souffre, et ça colore l’ensemble, et c’est vrai qu’il faut faire attention en terme d’image. Il y a encore des gens pour qui tout ça c’est de la musique de drogués, et de dégénérés et de gens irrespectueux de ‘traveller’, de tout ce que vous voudrez … je crois qu’il y a beaucoup de fantasmes, voilà … il y a beaucoup de fantasmes, mais ça colle à l’image. C’est un peu dommage, mais en même temps aussi, il faut respecter les jeunes qui cherchent des territoires d’expressions authentiques, autonomes, libertaires, libertins, moi, vraiment je suis le dernier à condamner ce type d’expression. Ca fait partie de la grande famille.

RA : Que pensez-vous des actions menées par le préfet de l’Aude à l’encontre de Radio Ballade ?
Ecouter > HM : Je pense que cela procède des protections imaginaires. C’est à dire qu’en fait on s’imagine que parce que l’on va museler une ou plusieurs radios locales qui ont choisi d’apporter leur soutien à une revendication, même si elle est un peu anecdotique, de groupes de jeunes qui veulent s’exprimer ou écouter de la musique, de faire rentrer l’ordre en muselant une radio, on fait de l’ordre public. Mais je ne crois pas du tout, ce n’est pas comme ça… pas du tout, ce n’est pas en muselant une radio, c’est en dialoguant avec les gens, en trouvant des lieux pour qu’ils s’expriment, en évitant la discrimination sectaire ou simplement la ségrégation partisane. Moi ça m’a fait penser vraiment à quelque chose d’arrière-garde, un combat d’arrière-garde mais ça montre aussi que les radios sont toujours des territoires d’expression essentiels, que l’on peut y faire passer de la découverte, de l’innovation, de l’alternative, de la vie quoi… et qu’elles ont bien raison de se battre pour diffuser ce qu’elles aiment parce que c’est un principe de liberté fondamental, et je pense que là, il y a eu une erreur, presque sur le plan républicain c’est à dire que, on ne muselle pas une radio pour régler un problème de trouble à l’ordre public ou d’organisation générale des moyens de sécurité pour faire interdire une soirée. Vous voyez, ça ne va pas du tout ça. Il fallait qu’ils s’occupent des problèmes posés par le rassemblement mais pas en coupant le son d’une radio. Là, c’est du dérapage.

RA : Dernière question, FG et Hourtin ?
Ecouter > HM : Moi, c’est la première fois que je reste aussi longtemps, moi je trouve cela très intéressant parce qu’on rencontre des confrères, on rencontre des partenaires institutionnels, comme le CSA, le Ministère de la Culture, on rencontre aussi des groupes de pression, au moins d’idées etc… et moi ça me permets de prendre la température de ce que les radios peuvent représenter pour l’expression démocratique et donc ça m’encourage à pousser ou orienter certains aspects de mon travail éditorial, par exemple. Là j’ai pris des idées, ici j’ai trouvé des thèmes éditoriaux, c’est clair. Ça permet de finaliser ou de peaufiner des stratégies d’alliance avec des confrères, avec des médias d’autres catégories, ce matin on a parlé avec des télévisions. Ça permet aussi de rencontrer des producteurs indépendants, alors pas dans le secteur de la musique ici, c’est clair, mais dans le secteur des programmes télévisés, dans le secteur de l’édition écrite, donc quelque part, c’est à la fois un salon de réflexion, c’est un univers où l’on réfléchit sur les questions de fond de la communication mais c’est aussi… Il y a un petit marché business qui n’est pas inintéressant non plus, pour ma part c’est ce que je préfère parce qu’il faut toujours être à l’affût d’opportunités de développement, il faut sentir les choses pour garder toujours un temps d’avance, parce que le produit FG c’est quand même d’avoir toujours un petit peu un temps d’avance sur ce front de la communication radiophonique.


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