Radio France – Jean-Luc Hees adoubé par les Commissions parlementaires

467
467

Jean-Luc Hees sera donc le premier PDG de Radio France désigné par le pouvoir exécutif. Le processus de nomination, comportant une audition du candidat de Nicolas Sarkozy par le CSA puis par les Commissions Culturelles du Senat et de l’Assemblée Nationale, n’aura donc été qu’une simple formalité. Après le CSA le 8 avril dernier, la candidature de Jean-Luc Hees a été validée sans surprise par les deux Commissions parlementaires les 28 et 29 avril derniers. Au Sénat, la candidature de Jean-Luc Hees a reçu 20 voix pour et 19 votes blancs, et a recueilli 26 voix pour, 5 abstentions, un vote contre et un blanc à l’Assemblée Nationale. Devant la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée Nationale, présidée par Jean-Pierre Méhaignerie, Jean-Luc Hees a évoqué les grandes lignes de son projet pour les différentes antennes de Radio France. Il est préalablement revenu sur l’entretien qu’il a eu avec Nicolas Sarkozy, lorsque ce dernier a souhaité le porter à la tête de Radio France. Jean-Luc Hees a affirmé qu’il ne connaissait pas le Président de la République auparavant, et a indiqué que Nicolas Sarkozy « souhaitait un journaliste et un homme passionné par la radio et le service public ». Il a ajouté avoir reçu l’assurance que Nicolas Sarkozy « ne lui demanderait jamais rien qui puisse heurter sa conscience ou ses convictions politique ». « J’aspire à devenir PDG de Radio France parce que j’ai une haute idée du service public. Les antennes du service public appartiennent à tous les français. C’est un lien démocratique dont nous avons grand besoin. Radio France doit faire entendre sa différence. Je suis convaincu que cette différence est un atout dans cette compétition », a précisé Jean-Luc Hees.

Dans sa déclaration liminaire, Jean-Luc Hees a évoqué sa vision des différentes antennes de Radio France. Indiquant que le contenu sera sa priorité, il a expliqué que « le paysage radiophonique est en train de changer, notamment avec de nouvelles habitudes de consommation chez les plus jeunes ». Concernant France Inter, Jean-Luc Hees indique que la station « a connu des jours meilleurs en termes d’audience. Il faut redresser la pente, il n’y a pas de fatalité à subir l’érosion ». Il a également estimé que France Info « est touchée de plein fouet par toutes les concurrences en termes d’accès à l’information. Il est temps d’apporter certaines modifications : je pense notamment au découpage de l’antenne. On peut améliorer certaines choses qui peuvent améliorer cette sensation de répétition un peu anxiogène ». Jean-Luc Hees a qualifié France Bleu de « réseau formidablement moderne. Sa raison d’être est son ancrage local. Je suis né en province et je continue d’écouter les antennes de France Bleu quand je me déplace ». Mais, a t-il indiqué, « dans cette période difficile, il y a des choses à faire en plus, accompagner davantage les français dans leurs lieux de vie. Il faudrait libérer quelques énergies au niveau local, moins centraliser les décisions ». Concernant les zones de diffusion des stations locales, Jean-Luc Hees a souligné qu' »il y a des trous de couvertures de ce réseau, je pense à la région Midi-Pyrénées qui manque cruellement de France Bleu. Il faut élargir cette couverture ». Selon Jean-Luc Hees, France Culture « se porte bien et poursuit ses missions avec beaucoup de vitalité, mais il faut s’ouvrir et se rendre accessible à un nouveau public », a t-il estimé. Pour France Musique, il a indiqué que « la station a des atouts inestimables, notamment les formations musicales qui son d’un très haut niveau. Elles doivent être davantage exposées ». Concernant Le Mouv’, Jean-Luc Hees a expliqué qu’il a vu naître cette station. « C’était une belle idée de service public, car on ne peut pas laisser des jeunes en dehors de la communauté naionale. Simplement, cette idée, malgré l’augmentation du bassin de diffusion du Mouv’, ne s’est pas traduite dans les sondages. Je ne pense pas que ce soit normal. Cette antenne doit sortir un peu d’un certain ghetto. On ne peut pas laisser ce chantier comme ça ». Selon Jean-Luc Hees, « il faut revoir les formats de l’information sur Le Mouv’, il faut s’intéresser à l’éveil politique ». Enfin, il a indiqué avoir « une sensibilité particulière » pour FIP, station sur laquelle il a démarré sa carrière dans les années 70. « J’en pense beaucoup de bien, mais il va falloir se montrer cohérent, notamment sur les moyens de diffusion ».

A l’issue de cette déclaration, Jean-Luc Hees a répondu aux questions des parlementaires. Didier Mathus, député de Saône-et-Loire et spécialiste des questions audiovisuelles au sein du Parti socialiste, a contesté la procédure de nomination des PDG de l’audiovisuel public et s’est interrogé sur la stratégie de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France. « Nous avons eu du mal à discerner un projet alternatif dans vos propos. Cette absence de plan alternatif met l’accent sur le caractère purement arbitraire de cette procédure », a t-il estimé. Soulignant le bilan positif de Jean-Paul Cluzel à la tête de Radio France, Didier Mathus a estimé que « il semble que l’actuel PDG de Radio France ait déplu au Président de la République. Cette consultation n’est qu’un simulacre. Vous serez nommé PDG de Radio France par l’effet du Prince ». Répondant à ces critiques quelques minutes plus tard, Pierre Méhaignerie, président de la Commission, a pour sa part défendu cette procédure, estimant que depuis les années 80 la nomination des dirigeants de l’audiovisuel public relevait d’une « hypocrisie ». Didier Mathus s’est également inquiété de l’indépendance de Radio France à l’égard du pouvoir politique. « Nous avons entendu la mise en cause par le Président de la République des chroniques de Stéphane Guillon. Qu’allez vous faire se Stéphane Guillon ? », s’est interrogé Didier Mathus. « Nous ne voulons pas que France Inter devienne « Ecoutez la déférence ». Comment entendez vous démontrer votre indépendance, car vous êtes placé sous la menace directe d’une révocation par le Président de la République. Comment allez vous exercer votre mission sans être soumis à cette épée de Damoclès ? », a demandé Didier Mathus.

« Vous admettrez que je suis le moins bien placé pour faire un commentaire défavorable sur cette loi, car j’aspire à devenir PDG de Radio France », a rétorqué Jean-Luc Hees. « Il m’est arrivé d’être révoqué. Ca fait partie des risques du métier, mais ça ne modifie pas ce que je suis. J’ai 57 ans, et je ne vais pas ruiner 40 ans de ma réputation pour devenir un journaliste obéissant et aux ordres », a affirmé Jean-Luc Hees. Sur le cas de Stéphane Guillon, Jean-Luc Hees a expliqué que « ce matin, il s’est moqué de moi, j’ai trouvé ça très drôle. Ca ne me fait pas toujours rire. Mais je ne suis pas un censeur ni quelqu’un d’absolument coincé ». Il a rappelé qu’il avait lui-même recruté Stéphane Guillon pour « Le Fou du Roi », ajoutant que ce dernier « a beaucoup de talent » et qu’il n’avait pas l’intention de « le mettre à porte ». Jean-Luc Hees a ajouté que « l’impertinence en soi n’est pas une vertu particulière, et ce n’est pas forcément ce que je recherche dans l’humour. Je n’ai aucun problème idéologique avec ça. Toutefois, il y a des bornes au contenu des antennes de servce public et je ne supporterais jamais la diffamation. Il m’est arrivé de présenter des excuses publiques à l’antenne ». Revenant sur les conditions de sa nomination, Jean-Luc Hess a estimé que l’on « complique parfois les choses et on en fait des objets de polémiques, mais les impétrants ne sont pas toujours à l’aise dans la polémique. Je comprends votre point de vue, mais je n’ai pas voté la loi. Ne remettez pas en cause mon indépendance. J’ai besoin que vous ayez confiance en moi ». Après avoir franchi les trois étapes du processus de nomination, la nomination de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France sera entérinée au cours d’un prochain Conseil des Ministres. Il succèdera alors à Jean-Paul Cluzel dont le mandant arrivera à son terme le 12 mai prochain.


#Tags de cet article
Optimization WordPress Plugins & Solutions by W3 EDGE