Radio France – « Le déménagement du Mouv’ à Paris n’est pas tabou »

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RadioActu : Le Mouv’ n’apparaît pas dans les derniers résultats Médiamétrie. Quel est le score réalisé par la station ? Est-ce que ce résultat remet en cause l’existence de la station, ou sa ligne éditoriale ?
François Desnoyers : L’audience du Mouv’ est strictement stable par rapport aux vagues précédentes. L’existence de la station n’est pas du tout remise en cause. Pour la ligne éditoriale, ce ne sont pas ces sondages là qui la remette en cause. Depuis l’été dernier, nous travaillons à l’évolution des contenus du Mouv’ et du format. Mais ce n’est pas tant une question de format que de contenus. Au fond, il s’agit de faire en sorte que Le Mouv’ quitte un peu strictement l’univers de la radio musicale pour entrer dans un univers où il y a beaucoup plus de contenus. De la musique naturellement, car c’est très important pour cette génération, mais aussi un certain nombre de contenus parlés qui intéressent les publics visés. Ca a déjà commencé avec une ouverture musicale qui a été très concrète et qui s’est traduite dès la rentrée par un plus grand éclectisme dans la programmation, avec des personnages aussi différents que Mouss de Zebda, que DJ Zébra, Laurent Garnier, mais aussi Laura Leishman, une animatrice du soir qui a vraiment une programmation très libre et très originale. Donc Le Mouv’ est sorti petit à petit depuis la rentrée dernière de son strict format pop-rock. On s’est éloignés de l’esprit rock. Et ça s’est accompagné dans le même temps d’une structuration de l’antenne avec plus de diversité dans les contenus. C’est un travail de longue haleine qui ne va pas produire des résultats miraculeusement.

RadioActu : Est-ce que Le Mouv’ aura le temps de s’installer ?
François Desnoyers : On lui donnera le temps, bien sûr. Nous considérons que Le Mouv’ reste quelque chose de tout-à-fait utile à Radio France. La question de l’existence de la station n’est pas posée. Ce qui est posé, c’est l’évolution, mais cela a été dit clairement à l’équipe. Cette station évolue vers une plus grande ouverture et une plus grande diversité dans tous les domaines. Le Mouv’ est aujourd’hui dans un genre un peu atypique, car elle est n’est pas dans l’univers des grandes radios traditionnelles historiques, et elle n’est plus non plus strictement dans l’univers de l’offre musicale jeune.

RadioActu : Est-ce que le fait que la station soit installée à Toulouse est aujourd’hui un handicap en termes de programmes ? Est-ce que Radio France n’envisage pas de rapatrier totalement la station à Paris ?
François Desnoyers : Cela fait plusieurs années que la direction de Radio France, y compris le président précédent, réfléchissait à cette question de la bipolarité du Mouv’, qui ne facilite pas le travail. Donc, nous allons y réfléchir, notamment parce que nous avons devant nous un Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) à venir. C’est une question qui n’est pas neutre, parce que ce n’est pas facile de diriger une radio bipolaire, avec une partie de l’équipe dans une ville et une autre partie de l’équipe à 600 kilomètres. Nous recherchons donc les meilleures solutions, qui sont en même temps les moins coûteuses, car cela représente aussi des moyens. Il n’y a absolument rien de décidé, mais c’est vrai que nous sommes en train de réfléchir à cette question, qui est de comment donner de la cohérence et donc manager une radio dont l’équipe est scindée en deux géographiquement. Cela a un impact direct sur les programmes. Par exemple, dans les nouveaux venus sur l’antenne depuis septembre, il y a Mouss, qui habite à Toulouse, donc il fait son émission depuis Toulouse, mais les autres font leurs émissions depuis Paris. La question du rapatriement complet du Mouv’ à Paris n’est pas tabou. Il n’y a rien de décidé, car cela a des implications budgétaires et humaines, mais ça n’est pas tabou. Aujourd’hui, on peut penser que nous sommes arrivés à la limite de la bipolarité. Dans le cadre de l’évolution de l’antenne et de l’offre, il est évident que cette question du fonctionnement est importante.

RadioActu : De son côté France Bleu a réalisé d’excellents résultats d’audience. Est-ce que France Bleu a encore une marge de progression ?
François Desnoyers : Oui, nous en sommes certains. On ne va pas s’amuser à claironner car il faut rester toujours extrêmement modestes et prudents, mais nous sommes certains que France Bleu a une marge de progression. Il y a la marge sur le format existant, à périmètre constant, et il y a la marge future, si nous avons la possibilité éventuellement de créer d’autres stations. Il n’y a pas encore beaucoup de choses à faire, mais il y a quand même certaines zones sur lesquelles il y a de la population et qui ne sont pas couvertes par France Bleu. Nous ne sommes pas à Lyon, ni à Toulouse, ni à Saint-Etienne. Ca ne veut pas dire qu’on fera et qu’on pourra faire tout ça, mais c’est vrai que le réseau peut géographiquement être un peu complété. En juin nous ouvrons Le Mans, la radio de la Sarthe. Ce n’est pas un bassin forcément considérable, mais nous sommes certains que cela va fonctionner, dans un pays qui a une grande cohérence d’un point de vue géographique, humain et sociologique. Dans l’absolu, nous sommes persuadés que France Bleu a de la marge de progression.

RadioActu : Pensez-vous que l’ouverture d’une locale de France Bleu à Saint-Etienne est un dossier qui a des chances d’aboutir ?
François Desnoyers : Il se trouve qu’il y a une demande exprimée très fortement par plusieurs élus locaux, qui est déjà ancienne et qui a été réitérée. Nous avons très envie de le proposer au Contrat d’Objectifs et de Moyens. Mais naturellement, ce n’est pas de nous que cela dépend. Encore faut il que nous puissions envisager dans les 5 ans à venir de dégager les moyens pour pouvoir faire ce genre de chose. Il est évident qu’il y a des lieux d’implantation qui seraient tout à fait privilégiés, et dans ce contexte là, Saint-Etienne est un des lieux intéressants. D’autant que nous sommes réclamés.

RadioActu : France Bleu en Ile-de-France semble enfin décoller. Pensez-vous être sur un mouvement de fond ?
François Desnoyers : En tout cas, il s’est passé quelque chose il y a quelque mois. La hausse n’était pas accidentelle et semble être durable. France Bleu Ile-de-France s’est haussée à un niveau qu’elle n’avait pas atteint jusque là et semble y rester. C’est très encourageant. Et là aussi, il y a une marge de progression. En région parisienne, quand on fait du local, il n’y a pas beaucoup de solutions : sur Paris et la région parisienne, la notion de local est très compliquée. Il faut prendre l’un des dénominateurs communs les plus évidents, et puis se dire que, de façon assez radicale, nous allons être utiles dans ce domaine là. Sinon, vous faites des choses qui sont sans doute tout à fait sympathiques, mais qui n’ont pas forcément de résonnance pour les auditeurs.


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