L’appel lancé par l’intersyndicale à manifester devant la Maison de Radio France a été largement entendu : près de 3 000 personnes, auditeurs, salariés de Radio France et militants se sont rassemblés ce jeudi 1er juillet avenue du Président Kennedy à Paris. Ils entendaient protester contre l’éviction de Stéphane Guillon et Didier Porte, et pour défendre « une radio publique indépendante ». Les deux humoristes évincés par Jean-Luc Hees, PDG Radio France, et Philippe Val, directeur de France Inter, étaient présents et ont été acclamés par les centaines de personnes rassemblées. Des messages déposés par des auditeurs sur le répondeur de l’émission « Là-bas si j’y suis » de Daniel Mermet ont été diffusés, sous des slogans hostiles à la direction de Radio France et au gouvernement.
François Rollin, qui officie le samedi sur France Culture, était venu apporter son soutien aux deux humoristes. « Je suis venu en tant que confrère et auditeur à la fois pour déplorer comme vous la disparition de deux chroniques de grande qualité qui ont toujours obéi aux lois du genre que Philippe Val en principe connaît bien : le droit à la caricature, l’outrance joyeuse, la licence humoristique », a t-il expliqué. « Je trouve consternant que que Philippe Val et Jean-Luc Hees, qui furent pourtant en leur temps de courageux défenseurs de la liberté d’expression sacrifient la couleur et l’originalité d’une antenne de service public aux caprices despotiques du Président de la République puéril qui les a nommés », a ajouté François Rollin. Pour sa part, l’humoriste Christophe Alévêque a estimé que « ce qui est en train de se passer est extrêmement grave, pas seulement pour Radio France, mais pour la démocratie en général ». Il a expliqué que Stéphane Bern l’avait appelé pour « éventuellement » revenir dans « Le Fou du Roi », occuper la place de Didier Porte. « Je pense que ce serait une occasion de voir quelle serait la réaction de la direction en voyant que, en coupant une mauvaise herbe, il y a en une autre qui repousse », s’est amusé Christophe Alévêque « Croyez-moi que si je viens, ils ne sont pas prés de me la faire fermer. Peut-être que je serais viré avant d’avoir commencé ! », a t-il ironisé.
Des personnalités politiques telles que Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) et Jack Ralite, figure du Parti Communiste et ancien Ministre, sont venus apporter leur soutien aux salariés de Radio France et aux deux humoristes. « Il n’y a pas de démocratie, pas de république, pas de valeurs sans que l’irrespect ait le droit de citer », a déclaré Jack Ralite. « Ce sont les nominations qui abîment les hommes qui les acceptent. On n’est pas nommé autoritairement sans conséquences pour son esprit, pour sa pensée », a t-il ajouté, faisant référence à la nomination de Jean-Luc Hees par Nicolas Sarkozy. Pour sa part, Didier Porte a fait part à RadioActu de satisfaction devant l’importance de la mobilisation. « Je suis très content. Ça me remonte le moral avant de partir en vacances. J’ai passé 10 ans sur France Inter, et ça fait chaud au coeur », a t-il expliqué. « Je ne vois pas bosser ailleurs, mais peut-être que je serais amené à le faire. Il faut bien que je bouffe », a t-il ajouté. Il s’est montré plus réservé quand aux suites que donneront Jean-Luc Hees et Philippe Val à ce mouvement. « Je ne pense pas que ça change quoi que ce soit. Ils s’en foutent complètement, ils se foutent royalement des quelques centaines d’auditeurs qui étaient là ce soir ». Par ailleurs, des manifestations étaient également organisées devant les stations locales du réseau France Bleu. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant les sièges des stations locales à travers toutes la France.
