Radio numérique – Entre consultation publique, DRM, T-DMB et tests DRM+

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Le DRM, dont on entend parler depuis de nombreuses années, est une des normes choisie par le gouvernement pour la diffusion de radio numérique en France. Nous sommes d’ailleurs l’un des seuls pays à avoir officiellement pris cette décision. Aujourd’hui, la priorité du CSA est de permettre au plus grand nombre d’éditeurs de services d’avoir accès à une diffusion numérique dans la bande III, d’où les appels aux candidatures lancés en janvier 2008 avec la technologie T-DMB Audio – qui ne fait plus l’unanimité au sein des grands groupes – et les 160 radios sélectionnées sur les trois villes de Paris, Nice et Marseille sur 377 dossiers déposés. A noter que ces trois villes ne sont pas des villes tests pour une expérimentation de la radio numérique comme il a été annoncé suite à un communiqué de l’AFP, mais bel et bien une sélection officielle des radios pour ces trois villes. Il est toutefois probable que les radios sélectionnées sur la zone de Paris soient remaniées, l’extinction de Canal + en analogique n’étant pas encore entièrement terminée.

Le CSA a lancé fin juin une consultation publique dans laquelle l’une des premières questions posées concerne le DRM : « Dans l’hypothèse d’un appel aux candidatures dans les bandes de fréquences inférieures à 30 MHz, seriez-vous candidats ? Si oui, quel serait votre objectif de couverture (agglomération ou région) ? Sur quelle(s) bande(s) de fréquences ? » Cette question est prise par certains éditeurs de services comme une question piège, en plein lancement du T-DMB sur l’ensemble du territoire d’ici 2014. En effet, si les radios répondent qu’elles désirent l’une des 50 fréquences planifiées et disponibles en dessous des 30 MHz en DRM, en auront-elles une en T-DMB sur la bande III ? Pour ce qui est des bandes de fréquences de 60 MHz et jusqu’à 120 MHz, une autre norme permet de les numériser : le DRM+. Le DRM+ est une évolution de la norme DRM, tout comme le DAB+ est une évolution du DAB. Pour être choisie par un pays européen, le DRM+ doit être validé par l’ETSI, organisme international. Cette validation devrait aboutir en septembre 2009. L’objectif du Consortium DRM, également en consultation sur la mise en place de profils de récepteurs – nerf de la guerre du succès d’une technologie – , est de faire intégrer le DRM et le DRM+ dans l’ensemble des terminaux qui recevront la radio numérique.

Le Consortium DRM arrive un peu tard. Le WorldDMB a déjà quant à lui publié en 2008 les profils de récepteurs à l’intention des fabricants européens et internationaux en leur demandant d’intégrer au minimum le DAB, le DAB+ et le T-DMB audio. Fait inquiétant : pas de DRM en vue. Et encore moins de DRM+. Eureka Research, institut de recherche indépendant, a réalisé une étude non commanditée sur la famille DRM et résume la situation en indiquant « qu’inclure le DRM + dans les profils de récepteurs aurait retardé l’intégration des technologies de 12 à 24 mois pour les fabricants de récepteurs automobiles et probablement retardé à 2018 la sortie des autoradios. La publication des profils de récepteurs par le WorldDMB en 2008 indique qu’il est possible que certains fabricants automobiles intègrent la radio numérique d’ici 2014. Cela dit, il n’est pas impossible que le WorldDMB ajoute le DRM – DRM+ dans les profils dans un futur proche permettant la sortie des autoradios à partir de 2018 ».

Le SNRL a donc mis en place une démonstration afin d’ouvrir les esprits et de montrer la complémentarité des familles de technologies. Cette démonstration en bande 1 sur le 64,5 MHz à permis de démontrer qu’il est possible d’émettre avec des puissances très faibles – 300 Watts PAR – un son d’une qualité FM, des données associées sous forme d’images, mini site web ou encore des services multimédia. La technologie DRM ou DRM+ permet aux radios de diffuser de manière autonome, comme en FM. Les caractéristiques du DRM+, en termes d’application, sont identiques au DRM. La différence réside dans la bande de fréquences utilisée, la couverture et la faible consommation en électricité des émetteurs selon cette couverture. Le DRM+ est également une norme complémentaire à la famille DAB. La commutation automatique du DRM ou DRM+ vers la FM est prévue, tout comme en DAB ou en DAB+. Elle permettrait aux radios qui désirent couvrir de petites agglomérations de ne pas s’engager dans un multiplex dans lequel elles se retrouveraient seules à payer l’ensemble du multiplex. Même s’il est bon de préparer le futur et de proposer des possiblités techniques, le DRM+ n’est qu’en phase d’expérimentation.

Côté récepteurs, il n’en existe pas encore en DRM+. C’est également d’ailleurs l’un des gros problèmes du DRM depuis de longues années. Aujourd’hui, seul un récepteur est vraiment testé en DRM et disponible au compte-gouttes : l’UniWave, développé par une société française du même nom. Ce récepteur, basé sur le module de la société Mirics, n’a pas encore fait ses preuves et semble souffrir des mêmes problématiques que les précédents récepteurs basés sur des composants logiciels. Le Morphy Richards DRM/DAB a été abandonné et Morphy se concentre sur des récepteurs DAB/WiFi, marché plus porteur. Le récepteur Himalaya DRM 2009 est basé sur le module RadioScape RS500 qui date de plus de 3 ans et qui avait été commandé par le groupe RTL. Radioscape a officiellement annoncé l’arrêt du développement du DRM de ce module, et la société anglaise semble avoir quelques problèmes de redressement judiciaire actuellement. RTL Group a pour sa part cessé d’émettre ses programmes en français en DRM et a quitté le Consortium DRM. D’autres fabricants chinois, russes et allemands ont annoncé des dates de lancement grand public. A ce jour, aucun de ces récepteurs n’est disponible à l’achat.

L’adoption du DRM+ en Europe semble ne pouvoir intervenir que si les opérateurs et les gouvernements européens s’entendent sur l’extinction de l’analogique et provoquent une conférence spéciale de planification internationale de l’IUT. Aujourd’hui rien n’indique qu’un tel accord entre les pays européens puisse voir le jour, n’ayant aucune garanties quant à l’avenir de l’utilisation de la bande I et de la bande II (FM) pour la radio à terme. Certains pays ont en effet indiqué par le passé leur désir d’utiliser les fréquences de la bande FM sans y apposer une technologie particulière.


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