RNT – La radio numérique est un réel succès en Suisse et en Allemagne

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Non, la RNT n’est pas un échec, loin s’en faut, dans les pays européens qui se sont engagés dans le déploiement de cette technologie. Alors que le gouvernement français tarde maintenant à se prononcer sur la présence de Radio France sur la RNT, bloquant ainsi le calendrier volontariste du CSA, les chiffres en provenance de Suisse et d’Allemagne devraient rassurer les autorités françaises sur la pertinence économique et industrielle de poursuivre et d’accompagner le déploiement de la RNT en France. En effet, selon les résultats d’une étude menée en Suisse par l’agence Marketing and Consulting for Digital Broadcasting Technologies (MCDT), filiale de SRG-SSR, la barre du millionième récepteur numérique vendu en Suisse a été franchie en août 2012 (voir graphique ci-dessous). Un succès d’autant plus remarquable que la Confédération compte moins de 8 millions d’habitants et que la RNT n’y est réellement déployée que depuis moins de 3 ans. « La radio numérique DAB+ fait un tabac en Suisse », se félicite l’agence MCDT, ajoutant que désormais 2,4 millions d’auditeurs bénéficient d’une couverture numérique, soit près d’un tiers des foyers suisses. Ce résultat « propulse le pays dans le peloton de tête européen de la radio numérique », ajoute MCDT. Entre 13 et 31 stations sont disponibles en RNT en fonction de la région linguistique, et la Suisse s’apprête à lancer un troisième réseau DAB+ sur les régions alémaniques. Ce réseau, qui sera lancé en décembre 2012, couvrira les zones de Zurich, l’Argovie, Schaffhouse et Glaris. Sur la zone francophone, la Suisse planifie actuellement l’aménagement d’un second réseau DAB+. « Ces dernières années, de nombreux pays d’Europe, mais aussi l’Australie, ont opté pour la radio numérique. Avec l’arrivée de l’Allemagne sur le marché DAB+, en août 2011, la gamme des modèles s’est encore diversifiée. En Suisse, une cinquantaine de fabricants proposent plus de 200 modèles, dans toutes les gammes de prix », a indiqué MCDT.

En Allemagne, première puissance économique européenne, la RNT connaît un succès similaire. Le pays s’est engagé dans le déploiement national de la RNT en août 2011 (ci-contre : carte de la couverte DAB+ en Allemagne en août 2011). L’année dernière, 336 000 récepteurs numériques ont été vendus dans le pays, tandis que plus de 240 modèles de récepteurs sont disponibles. Le nombre d’unités vendues devrait dépasser le million d’appareils en 2012, selon les prévisions du Bayerischen Landeszentrale für neue Medien (BLM). En juillet dernier s’est tenue une réunion rassemblant plus de 200 équipementiers, diffuseurs, opérateurs et autorités de régulation, afin de dresser un premier bilan du déploiement de la RNT en Allemagne. Ils ont expliqué que le succès de la radio numérique est le résultat de la concertation menée entre les opérateurs privés et publics. En Bavière, le BLM estime désormais que 200 000 auditeurs écoutent quotidiennement la radio numérique, sur une population d’environ 12 millions d’habitants, soit l’équivalent de la région parisienne. La RNT touche ainsi près de 2% des auditeurs potentiels bavarois, un an seulement après son lancement. Par ailleurs, la société allemande Regiocast estime que 10 millions de récepteurs numériques devraient être vendus en Allemagne à l’horizon 2015. La réception en mobilité demeure toutefois la principale préoccupation des opérateurs et diffuseurs allemands. Ils estiment que le marché de la radio numérique ne pourra vraiment décoller qu’avec l’appui de l’industrie automobile. Aujourd’hui, 41% des fabricants et distributeurs automobiles allemands, dont Audi, BMW, Ford, Volkswagen, Mercedes, Opel, Mini, Volvo ou encore Toyota proposent la RNT installée en option pour un coût moyen d’environ 300 euros. 21% des marques automobiles prévoient de proposer prochainement la RNT dans leurs véhicules, tandis que 38% ne proposent pas la RNT.

Enfin, concernant la question de la viabilité économique et du coût lié à la diffusion en RNT, prétexte invoqué par les grands groupes privés français pour justifier leur retrait de la radio numérique, l’agence MCDT apporte une réponse claire. À terme, l’arrêt de la diffusion analogique en FM, technologie qui sera supplantée par le DAB+, se traduira par une baisse considérable des coûts de diffusion, à couverture équivalente. Ainsi, en Suisse, MCDT explique que le coût de diffusion d’une station en numérique terrestre n’atteint que 20% de celui d’un signal analogique. En clair : la diffusion en numérique terrestre coûte 5 fois moins cher qu’une diffusion en analogique. Si certes les opérateurs publics et privés devront supporter dans une premier temps une double diffusion analogique-numérique, à terme, ils réaliseront des économies substantielles sur les frais de diffusion de leurs stations. Cette période sera d’autant plus courte si tous les acteurs concernés affichaient une réelle volonté de déployer la RNT et d’inciter leurs auditeurs à franchir le pas. En France, on pourrait ainsi imaginer un calendrier d’extinction progressif zones par zones de la FM, une fois la RNT déployée, le tout appuyé par des campagnes de sensibilisation du grand public, à l’instar des actions qui ont été menées pour l’extinction du signal analogique en télévision. MCDT appuie sa démonstration en expliquant qu’en Suisse 853 émetteurs FM sont actuellement exploités pour diffuser 4 stations analogiques. En numérique, 210 émetteurs seulement sont nécessaires pour diffuser jusqu’à 18 stations, c’est à dire 4 fois moins d’émetteurs pour 4 fois plus de stations diffusées en DAB+.

Sources : MCDT – Radioszene – Digitalradio


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