RSF – La liberté de la presse dans le monde

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« La liberté de la presse se porte mal » : c’est la conclusion de l’association Reporters Sans Frontières (RSF) qui a présenté le 3 mai dernier son rapport annuel, à l’occasion de la 12ème Journée Internationale de la Liberté de la Presse. RSF estime que « les raisons d’inquiétude et de découragement ne manquent pas ». En effet, à l’exception du nombre de journalistes tués, tous les indicateurs sont en très forte hausse par rapport à l’année 2000, qu’il s’agisse des interpellations de journalistes (489) en progression de 50%, des menaces et agressions (716) en hausse de 40%, ou encore des actes de censure à l’encontre des médias (378), en augmentation de 28%. RSF explique que « de plus en plus de journalistes sont derrière les barreaux pour avoir dénoncé une malversation, critiqué la gestion d’un responsable, ou encore exprimé des inquiétudes de quelque nature qu’elles soient, bref, pour avoir fait leur métier, ce qui suffit, même si le journaliste a fait preuve de la plus grande prudence, pour les inculper d’atteinte à l’honneur d’un dirigeant ou encore au moral de la nation ». Ainsi, le nombre de journalistes emprisonnés à travers le monde s’élevait à 110 à la fin de 2001 contre 74 un an auparavant, soit un accroissement de près de 50%.

Par ailleurs, seon RSF, près du tiers des habitants de la planète vivent encore dans des pays où la liberté de la presse n’est purement et simplement pas reconnue. C’est particulièrement le cas des derniers pays communistes dans lesquels le parti « décrète souverainement ce qu’il convient d’écrire, dire et montrer » souligne RSF. Ainsi en Chine, RSF explique que « la presse reste sous la férule sévère des dirigeants du parti communiste en matière politique et sociale ».

Plus grave : selon RSF, « les bavures se multiplient dans les grandes démocraties », en Amérique du Nord, en Asie, en Europe. Dans les pays de l’Union européenne, « pourtant en pointe pour la défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression », de nouvelles menaces sur le pluralisme et la liberté de l’information sont apparues ou se sont aggravées dans plusieurs des principaux États Les bavures se multiplient dans les grandes démocratiesmembres. Ainsi en Italie, Silvio Berlusconi contrôle l’essentiel des médias audiovisuels du pays, privés comme publics, RSF dénonce « la répression des manifestations organisées contre la mondialisation ultralibérale lors du sommet de Gênes qui a fait un mort et de nombreux blessés dont 19 journalistes ». RSF s’émeut également d’assassinats de journalistes par des groupes armés en Espagne et au Royaume-Uni dans le cadre des conflits basque et irlandais, de mises en examen et condamnations en France et en Allemagne, de concentrations dans la presse écrite et interventions politiques sur l’audiovisuel public en Autriche.

Enfin, en France, RSF dénonce « la véritable aversion du Front National pour toute presse qui ose contester ses choix », rappelant les pressions exercées par des militants du FN à Nice, le mardi 30 avril, sur Jean-Luc Thomas, correspondant permanent de I-télévision et de Canal+, l’agression par le service d’ordre du FN de Le Front National préfère la politique du coup de poingGabriel Gueguin, preneur de son de TF1, lors de la manifestation du 1er mai à Paris, tandis que le vendredi 26 avril, une équipe de Canal + a été brutalisée par le service d’ordre du FN lors de la conférence de presse de Jean-Marie Le Pen, au siège du Front national à Saint-Cloud. Le journaliste John-Paul Lepers a été malmené et un technicien assistant, Yacine Ben Jannette, expulsé par la force. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, souligne que « les violences à l’encontre des journalistes ne se limitent pas à des accès de colère du candidat Le Pen. Elles sont l’expression de la véritable aversion de ce parti pour toute presse qui ose contester ses choix. Le Front National préfère la politique du coup de poing et de l’insulte au débat démocratique ».


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