RTL – Entretien avec Robin Leproux

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RadioActu : La prise en compte des 13-14 ans n’a pas été favorable aux radios généralistes de façon générale. Cela signifie t’il que vous allez rajeunir dans une certaine mesure les programmes de RTL ?
Robin Leproux : Non, je réponds tout de suite non. Ca serait une bêtise, franchement. La station dans le groupe de radios que je dirige qui doit essayer de charger NRJ qui est un leader sur les jeunes, c’est Fun, il faut être clair. Fun a un travail à faire, Fun a eu de bons résultats et elle va essayer de progresser pour en avoir de meilleurs et aller chercher NRJ. RTL a un public qui est les 25-59 ans, c’est notre coeur de cible et c’est là que nous devons progresser. Nous avons progressé sur les actifs et les cadres. Quand on a fait du jeunisme, ça a été la grande crise d’RTL il y a deux ans, il faut être clair et assumer l’histoire de cette maison. Nous avons failli en mourir quand nous sommes tombés dans un travers qui ne nous ressemble pas. En revanche, moderniser RTL, proposer PDDA, Anne Sinclair, être plus forts sur l’info, amener le football : ça, ça nous ressemble. C’est un RTL qui va chercher des gens un peu plus actifs, un peu plus cadres et CSP+. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui on se porte merveilleusement et que nous avons retrouvé notre niveau de résultats et de performance d’avant la crise. C’est pour ça que le succès d’NRJ en audience cumulé, qu’il faut acter, est obtenu grâce à deux effets : la mesure des jeunes, et le succès formidable de Maurad. 200 000 auditeurs de plus à 20 heures plus l’effet des jeunes, c’est très bien, mais on voir bien que ces deux choses là n’ont rien à voir avec RTL. Nous n’avons pas de surface de contact sur ces deux événements. Ce n’est pas un jugement de valeur, nous sommes sur le marché radio tous les deux, mais tout cela n’a rien à voir.

RA : Est-ce que d’une certaine façon vous n’avez pas été maladroit en réfutant le critère de l’audience cumulée pour l’établissement des classements ?
RL : Je ne me considère pas comme maladroit, mais je connais l’exaltation du groupe NRJ et de son dirigeant. Elle est traditionnelle et je savais qu’avec une performance d’audience cumulée de ce type, ce groupe allait dire « Je suis première radio française ». Et je ne peux accepter ça, car la première radio française c’est RTL. Nous avons une part de marché qui est supérieure de 50% à celle d’NRJ. Là où le dirigeant d’NRJ a raison c’est que, comme en radio on a parlé pendant 20 ans d’audience cumulée, moi j’ai été obligé, par anticipation, d’interpeller la presse et dire « Attention, s’il y a un leadership d’NRJ en audience cumulée, c’est un événement que je ne minimise pas ». C’est Nous avons une part de marché qui est supérieure de 50% à celle de NRJun critère très important, c’est le nombre d’auditeurs qu’il y a à côté d’une station. Moi je suis à l’aise, et venant de la télé il y a un an et demi, j’étais déjà tombé de mon siège quand j’ai vu que l’on hiérarchisait les stations par l’audience cumulée. J’essaie de prendre du recul, et par défaut, vous êtes obligés de choisir la part de marché, parce que l’audience cumulée est un critère incomplet : il manque la durée d’écoute. Je ne pense pas être maladroit, peut être que j’ai gâché la fête des dirigeants d’NRJ, mais c’est une réalité. Je suis obligé de répondre aux contre-vérités. Quand on me dit qu’en Europe on mesure tous les 11 ans et plus, c’est faux. A part l’Italie, tout est à 14 ans. Aux Etats-Unis, ce n’est pas le système déclaratif que l’on impose aux gens pendant ½ heure. Les 13 ans, c’est pas moi qui ait décidé, c’est Médiamétrie qui a voté à l’unanimité.

RA : Est-ce que vous pensez que l’on assiste à une évolution du marché qui serait divisé en deux, avec les généralistes d’une part et les musicales d’autre part, avec une segmentation sensible des généralistes ?
RL : Je n’irais pas saucissonner les généralistes. Quand vous avez du Ruquier, du Calvi, des infos, appelons ça une généraliste. C’est comme lorsque Weill dit qu’il n’est pas une généraliste. Quand il y a Jean-Jacques Bourdin, qui est un ancien journaliste de RTL, puis Le Doc, puis Brigitte Lahaie, puis du sport j’ai quand même l’impression que l’on fait une généraliste, ou alors les choses n’ont plus de sens. Les généralistes et les musicales font à peu près 39% du marché. Il y a une égalité de consommation de la radio par les français entre les généralistes et les musicales, dont acte. Les deux premières radios françaises sont deux généralistes. Je suis désolé de le dire, mais c’est la vérité : c’est RTL, puis France Inter. C’est là où je voulais absolument couper l’herbe sous le pied d’une fausse idée.

RA : Dans le détail, qu’est-ce qui a bien fonctionné et qu’est ce qui a moins fonctionné sur la grille de RTL ?
RL : Nous sommes très satisfaits du leadership de l’information le matin, mais aussi le score en progression du nouveau journal de 18 heures d’Hervé Berroud, ça c’est une grande satisfaction. La progression du football, car nous avons amené le football avec Eugène Saccomano il y a seulement un an. Nous avons également eu une ou deux petites contre performances, mais je travaillerais là dessus avec mes équipes (rires).

RA : Isabelle Quenin est présente à deux reprises sur la grille. Pour quelles raisons ?
RL : (Rires) L’année dernière, nous avions un déficit d’émissions féminines. Et nous avons voulu avec Isabelle, qui a toujours bien réussi sur RTL, que son arrivée soit plus facilement repérable et que ce soit un signe très fort, qu’elle arrive en incarnant une présence féminine. Donc, on s’est dit qu’en la mettant dans une émission l’après-midi puis le soir, ça serait plus facile à imposer à un public radio où il y a une certaines inertie. C’est une démarche tactique qu’on ne regrette pas, puisque ça s’installe, peut être plus vite que le football.

RA : On en peut donc pas dire qu’il y ait le feu à la maison RTL ?
RL : Pas du tout, puisque nous avons une progression à deux chiffres de notre chiffre d’affaires, et il y a des performances derrière. Nos clients sont des professionnels et ils ne viendraient pas investir chez nous si massivement si nous n’avions pas eu cette performance d’audience. Sur nos cibles, qui sont les adultes de 25 à 59 ans, nous avons des performances qui tiennent vraiment bien. Nous n’avons pas du tout d’inquiétude.

RA : Comment RTL se définit elle aujourd’hui dans l’univers des généralistes et quelles sont ses spécificités ?
RL : RTL est aujourd’hui la radio de référence moderne, c’est comme ça que je la définirai. Ce n’est pas de la condescendance, mais pour nous, les concurrents directs sont d’abord France Inter, puis Europe 1. Nous aimons la compétition, et nous nous disons que nous devons être la radio de référence. On doit proposer à chaque fois des choses de grande qualité et être de plus en plus proche des gens modernes. Pour moi, moderne, ça veut dire au coeur de la vie des gens. Nous sommes dans une zone de concurrence forte, mais moi j’aime bien respecter mes concurrents. Je ne vois pas pourquoi on se bat plus vite et mieux en disant du mal des autres et en leur crachant dessus.

RA : Vous parliez tout à l’heure de la proximité, et pourtant vous avez fermé tous vos décrochages locaux. C’est paradoxal…
RL : C’était un goût de pas assez. Nous aurons des initiatives claires en direction des régions, mais les décrochages locaux étaient un peu trop courts. Ou on ne fait pas, ou on fait beaucoup, encore une fois, on est RTL, on est la première radio de France, faisons les choses en grand !

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