Sacem – Entretien avec Claude Lemesle

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Les chansons de Claude Lemesle lui ont valu les compliments de Georges Brassens et tout comme Pierre Delanoë, sa palette d’interprètes est aussi impressionnante qu’éclectique. Joe Dassin, Dalida, Mélina Mercuri, Nana Mouskouri, Reggiani, Isabelle Aubret, Gérard Lenorman, Michel Fugain, Carlos, Hervé Vilard, Johnny Hallyda ou Michel Sardou sont quelques grands noms pour lesquels Claude Lemesle a écrit des chansons. Plus d’un millier aujourd’hui à son actif. Auteur de l’ombre, aujourd’hui Président du Conseil d’Administration de la Sacem, Claude Lemesle a accordé un entretien à RadioActu, dans le cadre de la remise le 4 novembre dernier du prix Sacem des Etoiles du RADIO ! 2005.

RadioActu : La Sacem et les radios c’est une longue histoire ?
Claude Lemesle :Dés l’apparition des premières radios d’entre deux-guerres, des contrats ont été signés avec la Sacem par les radios qui émettaient à ce moment là, et cela a continué de la même manière. Evidemment, avec l’explosion de la bande FM en 1981, nous avons mis un certain temps à régulariser tous les contrats des radios qui naissaient à ce moment là, plus d’un millier. C’était un énorme travail et petit à petit, tout s’est régularisé et maintenant tout est parfaitement en ordre. Que ce soit des grandes radios régionales, nationales ou radios associatives, cela se passe de la même façon : il y a un contrat, des droits d’auteurs qui sont versés par ces radios là en fonction bien sûr de leur budget. Pour les petites radios associatives, c’est très peu, mais les auteurs et les compositeurs sont évidemment rémunérés par les diffuseurs. La Sacem n’est pas un organisme qui fait des bénéfices, elle est en charge de répartir, une fois les frais de gestion retirés, de répartir tout l’argent perçu. Et il y a aussi une action culturelle qui est très importante à l’heure actuelle et qui sert à aider le spectacle vivant, la création et la formation d’artistes.

RA : Nous sommes ce soir à Nantes pour le Prix Sacem Etoiles du RADIO!, expliquez-nous ce qui vous touche pour assister à cette soirée organisée par Prun’ radio associative universitaire ?
C. L. : Et bien c’est très clair, c’est la volonté de Prun’ d’aider les jeunes talents, de les promouvoir et de leur ouvrir son antenne. Nous avons en fait des buts extrêmement parallèles, la Sacem et Radio Prun’. Ce vivier, cette effervescence, de nouveaux talents qu’il faut absolument aider à éclore et à durer pour que puisse se renouveler toute la diversité de la musique.

RA : Que pensez-vous des auteurs-compositeurs aujourd’hui et de leur diffusion en radio ?
C. L. : Ce sont deux choses hélas un peu différentes. Il y a actuellement une extraordinaire profusion de jeunes talents, de jeunes qui veulent faire de la musique, qui créent des chansons. Il y a cinq à six mille nouvelles adhésions par an à la Sacem, c’est dire si ce vivier est vivace. Alors maintenant est-ce que leur exposition radiophonique est suffisante ? Bien souvent elle ne l’est pas. Ce qui fait qu’à l’heure actuelle la plupart des jeunes qui vraiment font leur « trou », qui sortent, y arrivent par la scène. C’est vraiment la scène qui a fait éclore dernièrement un certain nombre de gens comme Jeanne Cherhal, comme Linda Lemay, comme Camille, comme Pauline Croze, comme Bénabar, Delerme et beaucoup d’autres. Donc la scène est un vecteur absolument essentiel et le bouche à oreille que le talent suscite lorsque qu’il a des talents. Et il y en a beaucoup. Alors, il arrive que des radios suivent, mais c’est vrai que les petites radios associatives qui jouent le jeu de ces jeunes talents aident beaucoup. Mais il est vrai que le formatage d’un certain nombre de radios, disons, plus écoutées, nuit tout de même à la diversité de la création musicale.

RA : Vous venez de sortir un livre sur Joe Dassin, pouvez-vous nous en dire plus ?
C. L. : Je viens de sortir en effet un livre chez Albin Michel. j’ai voulu raconter mon ami Joe Dassin, qui est un personnage extrêmement célèbre par ses chansons et par son oeuvre mais que finalement on ne connaît pas. En tant qu’homme, on en a une image qui est un peu une image d’Epinal, un peu lisse, un peu aseptisée. Cet homme n’était pas du tout en définitive ce qu’en pense la plupart des gens. Il est beaucoup plus complexe, beaucoup plus complexé, beaucoup plus tourmenté que ce que l’on en croit d’ordinaire. C’est pour cela que j’ai vraiment eu envie de raconter mon ami Joe, aussi bien à son fils puisque ce livre s’adresse à son fils qui hélas ne l’a pas connu puisqu’il avait quatre mois quand son père a disparu, mais aussi au public qui finalement ne connaît pas beaucoup plus Joe que Julien ne le connaît.

Propos recueillis par Philippe Chapot


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