Dans un communiqué publié ce vendredi 15 avril, le fonds d’investissement Axa Private Equity, qui contrôle 70% du capital du groupe Skyrock, a proposé à Pierre Bellanger, fondateur de Skyrock, la nomination d’un médiateur pour sortir de la crise que traverse la station depuis 4 jours. Démis de ses fonctions opérationnelles au cours du conseil d’administration qui s’est tenu le 12 avril dernier, Pierre Bellanger vit retranché dans son bureau du 5ème étage de la rue Grenetta. Si Axa Private Equity reconnaît le caractère « incontestable » du succès d’audience de Skyrock en radio et sur Internet, le fonds d’investissements égratigne au passage la gestion de Pierre Bellanger, estimant que « les résultats économiques le sont moins ». Un argument réfuté par Pierre Bellanger au cours de la conférence de presse qu’il a donné le 14 avril dernier, soulignant que 2 millions d’euros d’économies avaient été réalisées l’année dernière à la demande d’Axa Private Equity, tandis qu’un audit réalisé par le cabinet Capgemini avait confirmé la bonne gestion du groupe, et avait même pointé un sous-effectif dans certains services. Pierre Bellanger se refuse désormais à tailler dans les effectifs, « la seule variable sur les coûts », pour augmenter la rentabilité du groupe souhaitée par Axa Private Equity.
De son côté, l’actionnaire majoritaire a affirmé son souhait de préserver l’identité de Skyrock, et a justifié la nomination de Marc Laufer au poste de directeur général par la nécessité de « faire assurer la direction opérationnelle par un professionnel de la radio reconnu pour ses compétences en matière de gestion et de développement ». Axa Private Equity a également réaffirmé son volonté de « faire bénéficier le groupe des visions stratégiques de Pierre Bellanger qui ont fait leurs preuves depuis 30 ans ». Désormais, Axa tente d’éteindre l’incendie provoqué par la mise à l’écart de Pierre Bellanger, soulignant « les menaces qui le climat actuel fait peser sur le groupe » et rappelant « l’impossibilité physique dans laquelle le directeur général se trouve d’accéder aux locaux de l’entreprise dont il est le responsable ». Axa Private Equity souhaite que soit nommé un médiateur indépendant, avec pour objectif de proposer une solution « qui préserve tout à la fois les intérêts de l’entreprise, des ses salariés, des auditeurs, de ses internautes et de ses actionnaires ».
Difficile mission, même si Pierre Bellanger a répondu à cette proposition en rappelant qu’il a « toujours été un homme de dialogue », selon des propos rapportés par l’AFP. De son côté Axa Private Equity, présent dans le capital de Skyrock depuis 2006, rappelle qu’il n’est jamais intervenu sur les contenus éditoriaux et en apportant « à plusieurs reprises » un soutien financier au groupe Skyrock, « lorsque les engagements financiers n’étaient pas tenus par le groupe ». Axa Private Equity souligne également que « le respect du management et des entreprises dans lesquelles il investit sont sa ligne de conduite permanente ». Une conception du management que ne doivent certainement pas partager les animateurs de la station, qui soutiennent à l’antenne depuis 4 jours Pierre Bellanger, écarté brutalement de la direction de la station qu’il a fondé il y a 25 ans. Alors que les auditeurs apportent en masse leur soutien à la station. Près de 500 000 personnes ont ainsi rejoint la page Facebook de soutien à la station. Après avoir annoncé son intention de se porter acquéreur de la totalité de son groupe, Pierre Bellanger a indiqué qu’il travaille, « en lieu avec les auditeurs, à une initiative populaire massive », sans préciser la nature de cette initiative. Mais dans l’esprit de certains reviennent les images de la « manif des kids » du 8 décembre 1984, un rassemblement mémorable organisé pour défendre les radios libres menacées par la Haute Autorité. Ce jour-là, plus de 250 000 jeunes avaient envahi les rues de Paris pour apporter leur soutien à NRJ et à 5 autres stations menacées de suspension par la Haute Autorité. Parmi elles figurait La Voix du Lézard, ancêtre de Skyrock…
Manifs des kids à Paris – 8 décembre 1984
