SRN – « C’est l’industrie musicale qui semble délaisser les artistes francophones »

398
398

Il y a quelques jours, David El Sayegh, directeur général du SNEP (Syndicat National de l’Édition Phonographique), avait vivement critiqué la politique des stations musicales en matière de respect des quotas de chansons françaises (lire RadioActu du 21/01/2011). Estimant que ces dernières contournent les dispositions légales en la matière, il avait expliqué que « la radio n’est pas le vecteur le plus performant pour assurer la diversité musicale ». Ce mercredi 26 janvier, le SRN (*) (Syndicat des Réseaux radiophoniques Nationaux) – à l’exception de Skyrock – a adressé une réponse cinglante au SNEP. « Les radios musicales sont toujours le meilleur vecteur pour les nouveautés musicales », estime le syndicat, expliquant que « la politique de programmation des radios en France ne constitue en rien un prétendu frein aux ventes d’albums francophones et au développement de la production musicale française. » Selon le SRN, « les productions étrangères ne représentent que 30% des disques vendus en France ».

Mises en cause par le SNEP sur la question du respect des quotas, les stations musicales réunies au sein du SRN indiquent qu’elles « respectent scrupuleusement ou dépassent même leurs engagements de diffusion de musique francophone et de nouvelles productions », s’appuyant notamment sur les rapports mensuels et annuels de contrôle du CSA et les rapports de l’Observatoire de la Musique. Le SRN ajoute que les radios « sont un acteur majeur de la diversité musicale », une position qui se serait renforcée ces dernières années « avec le choix des radios de se différencier davatge les unes des autres », explique le syndicat. Ainsi, selon un sondage réalisé par la SACEM et publié le 23 janvier, 70% des français découvrent de nouveaux titres ou artistes à la radio. « La montée en puissance ces dernières années de formats musicaux thématiques joue un rôle majeur en faveur de la diversité musicale », estime le SRN. « La spécialisation de certaines radios, qui s’accompagne de découvertes musicales, permet d’augmenter la diversité des genres musicaux et des artistes exposés sur les radios », ajoute le SRN. Le syndicat indique ainsi que le nombre de titres différents programmés sur les radios musicales a progressé de 15% entre 2009 et 2010.

Le SRN a renvoyé le SNEP dans les cordes, estimant que « en vérité, c’est l’industrie musicale qui semble délaisser les artistes francophones ». Citant les chiffres du marché 2009 communiqués par le SNEP lui-même, le SRN souligne que le nombre d’albums d’artistes francophones commercialisés en France a chuté de 49% entre 1999 et 2009, passant de 402 à 205 en 10 ans. De même, le nombre de singles francophones commercialisés a reculé de 76% sur la même période, passant de 268 à 63 entre 1999 et 2009. Le SRN ajoute que le nombre de nouvelles signatures s’élevait à 171 pour seulement 75 contrats rendus en 2002, alors qu’en 2008 ont comptait 84 contrats rendus pour seulement 69 nouvelles signatures. En 2009, 88 contrats ont été rendus pour seulement 70 nouvelles signatures. « Le solde s’est désormais inversé et démontre de manière flagrante que les producteurs de disques ne font plus leur métier de découvreurs de talents et d’investisseurs », estime le SRN, entraînant un tarissement de l’offre de nouveaux talents et de nouvelles productions de langue française, constate le syndicat. Dans ce contexte, les radios restent malgré tout soumises à la loi leur imposant un quota de 40% de diffusion de chansons francophones. Un taux « qui s’avère de plus en plus difficile à tenir vu la diminution de l’offre musicale », déplore le SRN.

(*) Chérie FM, Fun Radio, Nostalgie, NRJ, RFM, Rire & Chansons, RTL2 et Virgin Radio.


#Tags de cet article
Optimization WordPress Plugins & Solutions by W3 EDGE