« Merci pour la voix du temps. » Mercredi 29 octobre, il est un peu plus de 18h30 quand Sébastien Léas livre son tout dernier bulletin météo sur Franceinfo. Dans le studio, les applaudissements retentissent : journalistes, proches et auditeurs saluent celui qui incarnait la météo depuis une décennie sur les antennes de Radio France. Écarté semble-t’il pour des raisons budgétaires, il quitte l’antenne avec émotion, entouré de sa compagne et de ses deux filles. Une page se tourne sur le service public de la Radio en France.
Depuis 2016, Sébastien Léas était l’un des deux ingénieurs-prévisionnistes de Météo France à intervenir sur Franceinfo et France Inter. Sa collègue Élodie Callac, également à l’antenne depuis 2013, et Olivier Proust, depuis 2022 sont également concernés par cette suppression. La raison ? Un nouvel accord entre Radio France et Météo France, consécutif à un appel d’offres infructueux, qui acte la fin des interventions en direct. Trop cher pour le groupe audiovisuel public.
Des voix sacrifiées sur l’autel des budgets
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) dénonce « un contresens historique », pointant l’ironie de priver les ondes d’experts météo au moment où le climat devient un sujet brûlant. Si la direction de Radio France tente de rassurer, assurant que les bulletins seront toujours rédigés à partir des données fournies par Météo France, la suppression des voix incarnées laisse un goût amer. L’institution météorologique, elle, se dit « choquée » par la polémique mais estime la solution conforme aux contraintes budgétaires actuelles.
Jules de Kiss, présentateur sur Franceinfo, a salué à l’antenne « dix ans de plaisir à travailler ensemble », soulignant les quelque 25 000 bulletins présentés par Sébastien Léas. Le prévisionniste, la voix chargée d’émotion, a remercié la rédaction, sa compagne et sa collègue. « Malheureusement, on ne peut pas recommencer demain », a-t-il soufflé. Une disparition de l’antenne qui ne passe pas inaperçue pour les passionnés de radio.

