Journaliste sportif et voix emblématique du cyclisme, Jean‑René Godart nous a quittés. Âgé de 75‑76 ans selon les sources, il aura consacré près d’un demi‑siècle au commentaire sportif, d’abord à Europe 1 de 1974 à 1994 puis à France Télévisions jusqu’à sa retraite en 2018. Au micro comme à l’antenne, il est resté fidèle à sa passion pour la Grande Boucle, les Jeux olympiques et les grands moments du sport.
Quand la radio façonne une voix du vélo
Entré à Europe 1 en 1974 à l’âge de 24 ans, Jean‑René Godart y affronte d’emblée le micro avec l’ambition de raconter le sport. Trois ans plus tard, il rejoint le service des sports, aux côtés des légendes Roger Couderc et Robert Chapatte. Il couvre avec ferveur les exploits de Bernard Hinault, Laurent Fignon, Greg LeMond ou Miguel Indurain, devenant voix de référence sur le cyclisme pour des millions d’auditeurs.
En 1988, il devient rédacteur en chef adjoint de la rédaction sportive d’Europe 1, puis, en 1992, rédacteur en chef. Il impose un style précis, nerveux, attentif au « dans l’instant », incarnant la liaison entre la route et les auditeurs.
Ce lien avec le public perdure aujourd’hui : dans une rétrospective consacrée aux « grands moments du Tour de France sur Europe 1 », ses commentaires ressortent encore pour leur densité et émotion. Europe 1
De la radio à l’antenne TV : le passage au service public
En 1994, Godart rejoint France Télévisions, d’abord au sein de la rédaction des JT de France 2, puis au service des sports à partir de 1999. Très rapidement, il prend place parmi les commentateurs majeurs du cyclisme, tout en assurant des responsabilités éditoriales.
Au fil des années, il couvrira 33 Tours de France, 13 Jeux olympiques et 15 Roland‑Garros, devenant un pilier de l’offre sportive du service public. Il est aussi rédacteur en chef de l’émission Tout le sport sur France 3 avant de quitter ses fonctions à la fin de l’année 2018, pour raisons de santé.
Pourquoi Jean‑René Godart restera une référence
Parce qu’il fut d’abord une voix de radio : l’outil originel de son métier imprimait le sens de l’instant, de la respiration de la course, et de ce que l’auditeur ne voit pas mais ressent. Ces années à Europe 1 ont modelé sa façon d’être au commentaire — jamais uniquement image, toujours complément de l’antenne.
Parce qu’il a su traverser la transition vers la télévision sans perdre sa signature : précision, sens du tempo, sensibilité pour le moment dramatique du sport.
Parce qu’il savait tenir la complexité (tactiques d’équipe, efforts psychologiques, aléas mécaniques) dans une écriture audible, même pour ceux qui ne sont pas spécialistes.
Pour les auditeurs de la radio et les passionnés d’audio, sa disparition est une perte sensible : une voix qui s’éteint, c’est un pan de la mémoire sonore du sport qui s’efface.
Radio Actu adresse ses sincères condoléances à sa famille, ses proches et aux équipes qui l’ont accompagné au cours de sa carrière.