Chance

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A l’affiche du Théâtre Dejazet à Paris depuis le début du mois de juillet, « Chance » est en quelque sorte un OVNI au milieu des grandes comédies musicales traditionnelles. En effet « Chance » s’inspire, dans sa conception, des opérettes d’Offenbach qui attiraient les foules dans les théâtres parisiens au XIXème siécle. Mais que l’on ne s’y trompe pas : les thèmes de « Chance » est on ne peut plus contemporain. L’histoire se déroule dans un cabinet d’avocat dont les employés vont voir leurs existences bouleversées par un gain au Loto. MusicActu a rencontré Hervé Devolder, créateur, compositeur et metteur en scène de « Chance ».

Quel est votre parcours et votre formation ?
J’ai commencé mon parcours par de la musique : conservatoire, université de musicologie, ce qui m’a amené à écrire des musiques de films, et comme je produisais à une certaine époque beaucoup de musiques de films qu’on m’en demandait, je me suis dit : « et si je faisais mes films ? ». Je suis donc entré dans une école de cinéma, l’IDHEC, dont j’ai fait un bout du parcours. J’ai ensuite monté une boite de prod et j’ai commencé a faire des films et des pubs, jusqu’à ce que j’ai à diriger des comédiens. Je suis entré au conservatoire, d’art dramatique en pensant y aller un jour par semaine, et ça m’a tellement plu que j’ai fermé la boite de prod et je suis rentré dans le cursus comédien. Comme je savais faire de la musique et du cinéma, j’ai tout mélangé et j’ai très vite fabriqué des spectacles : one-man show, duos comiques. A force de fabriquer des spectacles, on devient metteur en scène et je me suis dit, « tiens, si je faisais un spectacle entièrement musical ? »

« Chance » est donc l’aboutissement de ce parcours, comment est née l’idée de cette comédie musicale ?
Ca je ne sais pas ! J’ai fait une comédie musicale qui se passe dans un bureau, mais comment ça m’est venu, je ne sais pas… L’écriture a été très longue, parce que entre l’idée et la première, il s’est écoulé 4 ans. Au début, j’ai écrit quelques chansons et un bout du synopsis, puis j’ai été pris par quelques projets en télé, j’ai à nouveau travaillé sur « Chance » un mois ou deux, et petit bout par petit bout, ca a pris 4 ans. La dernière année, je ‘nai rein fait d’autre que ça, d’autant que nous avons répété un an. C’est énorme, car il ya 6 chanteurs, qui jouent vraiment une situation dramatique, même si je suis conscient que l’intrigue n’est pas épaisse, mais c’est un prétexte à une déconnade musicale. J’ai demandé à ces comédiens de danser. J’ai une chorégraphe merveilleuse qui est aussi prof de danse qui sait parler à des débutants, donc nos chorégraphies ont beaucoup d’allure mais il a fallu apprendre aux comédiens à danser avant de faire les chorégraphies. Et puis j’avais de très bons chanteurs qui n’étaient pas du tout comédies et de très bons comédiens qui n’étaient pas du tout danseurs, donc tout le monde a bossé pendant très longtemps.

Vous auriez pu choisir la facilté et monter « Chance » sous forme de pièce de théâtre ?
Non, car je voulais faire un spectacle musical. Si on en faisait une pièce, ça ne serait pas intéressant du tout parce que si on résume l’histoire à des scènes parlées, ca deviendrait d’une pauvreté consternante. C’est la musique qui nour permet la déconnade : la secrétaire amoureuse de son patron qui nous chante un truc de variétoche ça nous fait rire parce que d’un seul coup elle a recours à la musique. Il n’y a qu’un moment parlé, mais sinon tout est musicale.

Le public français est il vraiment très réceptif aux comédies musicales ?
Le créneau artistique est tout neuf. C’est a dire que le 19e siècle était la grande période d’Offenbach et de spectacles musicaux, et les théâtres étaient pleins d’opérettes, de vaudevilles, et puis ça a disparu. Les derniers relents que l’on ait eu en France étaient les opérettes de Francis Lopez dans les années 60, et c’est devenu ringuard, ça n’est plus à la mode. La pièce de théâtre chantée rigolotte et musicale a complètement disparu. J’ai commencé à écrire Chance il y a 4 ans, donc avant les grandes comédies musicales que nous connaissons aujourd’hui et je suis ravi que le succès de ces comédies musicales fasse que ce n’est pas ringard d’écrire de tels spectacles. Le public vient voir « Chance » en ne sachant pas du tout ce qu’il va venir voir et c’est un truc qui est complètement inclassable parce que c’est une déconnade musicale jamais vue en France !

Comment se positionne « Chance » par rapport aux comédies musicales traditionnelles ?
Encore une fois, c’est un truc nouveau. Nous sommes les premiers à proposer une pièce de théâtre déconnante, chantée et où le matériau musical nous permet toutes les situations burlesques. « Chance » n’est pas une parodie. En fait, j’utilise le bagage culturel commun que nous avons tous. Par exemple sur le choix des styles musicaux pour les personnages, le coursier est un rockeur, la secrétaire est une jazzeuse, etc… On utilise le style musical que l’on veut pour faire passer les sentiments des personnages. Il y a plein de thèmes qui reviennent au fil du spectacle. On arrive de temps en temps à des situations qui sont presque parodiques, qui ne se moquent jamais, mais ce sont simplement de petites allusions.

Chaque personnage est donc typé en fonction d’un style musical, mais par moment vous les faites sortir de leur style ?
Oui, par exemple, l’avocat est un avocat parisien qui gagne beaucoup d’argent et qui ne pense qu’à gagner toujours plus, et puis quand ces gens là gagnent au loto et que chacun repart faire sa vie à travers le monde, lui est resté à Paris et s’est trouvé commis d’office à défendre des mecs des banlieues. On comprend qu’il a passé deux jours avec eux et que les mecs l’ont convaincu, c’est eux qui l’ont influencé. Et quand il revient dans son cabinet, il se met à rapper, c’est une métamorphose. Ce sont donc des incursions musicales qui sont en relation avec la situation de chaque personnage.

Comment s’est déroulé le casting de « Chance » ?
J’ai fait des auditions, des essais. Il y a eu quelques adaptations finales, ne serait ce que pour la tonalité des morceaux, et en répétant, la pièce a évolué en fonction des interprètes. On va commencer par les filles… D’abord, il y a Diane Bonnaure qui joue la petite stagiaire timide. Elle d’abord comédienne et chante naturellent et prend des cours de chants régulièrement. Elle fait de la scène depuis 7-8 ans et faisiat partie de la distribution dès le début. Ensuite, il ya Véronique Demonge qui interprète l’américaine, la folle. Je ne la connaissais pas, mais c’est une comédienne qui a une jolie carrière en Suisse et qui fait beaucoup de cabarets et de music-halls et qui jouait aussi dans « Le Clan des veuves ». Elle est chanteuse et comédienne et maintenant danseuse ! Ensuite, il y a Julie Victor, qui a 20 ans et qui joue un rôle de 30. On a un coiffeur qui lui a fait ce chignon et on croit beaucoup à son personnage. Elle est aussi comédienne et a notamment joué dans « La belle et la bête » qui a été présentée l’année dernière à Paris devant 5000 personnes. Pour les garçons, on a David Eguren qui fait l’avocat qui ne veut pas plaider. Il a fait le Studio d’Asnières et qui maitrise le chant et la danse et qui sait tout faire. Après, il y a Hervé Huyghues qui est le patron, qui est comédien. Il mesure 1.91 mètre et un jour a fredonné un air dans une pièce et après avoir pris des cours de chant, il a découvert qu’il était baryton basse lyrique ! Et enfin, il y a Jérôme Rozier, le jeune ténor, qui joue le coursier, qui a 22 ans et qui m’a été recommandé » par une copine prof de chant. Il a appris à chanter au karaoké et il est infatiguable ! J’ai fait des séances de studio avec lui et il a une voix qui ne s’abime pas. Quand il est arrivé, il ne savait que chanter et maintenant, il a tout compris, il est génial !

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontré pour monter le spectcale ?
Tout le monde y a cru dès le début : on a monté le spectacle complètement avant d’avoir un producteur. Mais la forme de spectacle que nous proposons est nouvelle pour l’époque, donc on ne fait référence à rien. Donc il a fallu trouver un producteur, et j’ai trouvé de jeunes producteurs qui mettent de l’argent et qui se mouillent. En plus, le théâtre Dejazet est complètement adapté à « Chance ». Il nous fallait un théâtre à l’italienne, car comme c’est une pièce de théâtre chantée, il nous fallait cet environnement. « Chance » est faite pour être jouée devant 1500 personnes maximum.

Y’a t’il une tournée de prévue ?
C’est en train de se faire. Nous restons au Théâtre Dejazet jusqu’au 1er septembre, on espère prolonger à Paris, mais la tournée se met en place. Nous avons aussi un projet de CD, nous avons quelques titres enregistrés et nous allons profiter de la poériode durant laquelle nous allons devoir faire un break pour finir cet album. Donc à la reprise, nous aurons un vrai disque.

Quels sont vos autres projets ?
Je viens de terminer une pièce de théâtre qui était en chantier depuis un an, avec un rôle pour moi… J’en ai marre de voir toujours les autres sur scène (rires) ! Et deux autre projets de spectacles musicaux, mais là je n’en suis qu’à prendre des notes…


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