France Bleu Toulouse – Entretien avec Vincent Rodriguez, directeur de la station

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RadioActu : Dans quel état d’esprit se trouve aujourd’hui l’équipe de France Bleu Toulouse ?
Vincent Rodriguez : Il y a deux mots qui reviennent aujourd’hui. D’abord c’est évidemment un soulagement, parce que c’est un feuilleton avec un suspens qui a duré un certain temps. Ce n’était pas confortable pour les équipes de Toulouse. Et puis maintenant, c’est la concentration, puisque depuis tout ce temps nous sommes tous le nez dans les programmes, dans l’antenne et dans des processus qui vont nous permettre de faire une antenne qui réponde au cahier des charges d’une radio de proximité pour les toulousains. Nous avons mis à profit les deux mois qui viennent de s’écouler pour faire de la formation et peaufiner l’antenne à blanc. Nous avons travaillé sur le langage, nous avons renforcé notre positionnement par rapport à l’offre de programmes. Il était temps car nous avions tous des fourmis dans les jambes ! Nous sommes là pour faire de la radio, et au-delà de ce qui a pu être écrit sur une feuille et au-delà de ce que l’on peut mettre en boîte pour des antennes à blanc enregistrées, il y a la réalité de l’antenne qui est tout autre. Et c’est à celle là que nous sommes très impatients de nous frotter.

RadioActu : Pendant toute cette longue procédure, avez-vous eu des moments de doute ? Quelles ont été les relations avec la direction de Radio France à Paris ?
Vincent Rodriguez : Pour être tout à fait sincère, il n’y a pas eu de moments de doute. Les relations avec Paris ont toujours été extrêmement fluides. L’équipe de Jean-Luc Hees me tenait au courant de l’évolution du dossier. En tant que directeur de France Bleu Toulouse, je ne suis pas amené à entrer dans des niveaux de négociations avec le Ministère de la Culture ou le CSA. Par contre, j’ai toujours été tenu au courant et j’ai relayé auprès de l’équipe l’évolution du dossier. Nous avons fait un travail didactique d’explication, comme les alternatives possibles en cas de problèmes avec le Conseil d’État. Mais nous n’étions pas maîtres du calendrier du CSA après la décision du Conseil d’État. Donc, nous ne pouvions qu’attendre. Nous aurions pu nous décourager s’il avait fallu attendre un ou deux mois de plus. Je trouve que les équipes ont fait preuve d’une grande dignité par rapport à cette situation. Quand on fait de l’antenne à blanc, que l’on annonce l’ouverture de l’antenne et que ce n’est toujours pas le cas deux ou trois mois plus tard, les journalistes qui partent sur le terrain, les animateurs ou les cadres qui rencontrent des interlocuteurs qui pourraient être tentés d’utiliser une certaine raillerie, auraient pu être affectés par cette situation. Les personnes qui étaient là pour véhiculer ces railleries sont souvent les mêmes qui ne souhaitent pas nous voir arriver sur la bande FM à Toulouse. Que nos concurrents agissent contre nous, ça fait partie du jeu. En revanche, dans leur façon de s’exprimer, ils ne sont pas obligés de porter des coups bas. Avec Radio France, nous avons toujours joué la carte de la transparence dans notre communication avec les gens ici. Nous espérions que le CSA allait nous attribuer la fréquence, mais nous n’avions aucune certitude.

RadioActu : L’attribution de cette fréquence a été entourée d’une polémique et a été vivement critiquée par certains syndicats professionnels, notamment par le SIRTI. Quel regard portez-vous sur cette attitude ?
Vincent Rodriguez : Je ne suis pas dans les procédures d’attribution de fréquence. Cela se négocie entre le CSA, le Ministère de la Culture et la direction de Radio France. Ce que je constate, c’est qu’entre le moment où Jean-Luc Hees fait la demande de préemption – qui est accordée par le Ministère de la Culture – et le moment où il nous annonce son souhait d’ouvrir France Bleu Toulouse dans les 6 mois, ce délai ne nous a pas paru incompréhensible ou déraisonnable. J’observe par ailleurs qu’il existe des procédures pour lesquelles, entre la demande et l’obtention d’une fréquence, les choses peuvent aller très vite. Ça peut prendre moins de six mois. Nous avons bien noté qu’il y avait certaines radios, notamment sur la région toulousaine qui ne souhaitaient pas nous voir arriver. Qu’elles agissent contre nous, je peux le comprendre, mais seulement jusqu’à un certain point. Il y a la loi de 1986, et nous sommes un service public. Il y a des gens qui remettent en cause le service public de proximité de Radio France. Mais je n’ai pas douté, car France Bleu Toulouse était inscrite dans le Contrat d’Objectifs et de Moyens de Radio France. Refuser une fréquence à Toulouse, ça relevait d’un acte politique très très fort et qui aurait eut des retentissements. Il y aurait eu un avant et un après Toulouse dans la radio en France. Mais c’est tout le monde de la radio qui aurait été bousculé si nous n’avions pas eu cette fréquence.

RadioActu : À quoi les programmes de France Bleu Toulouse vont-ils ressembler, sachant que cette station aura la spécificité de n’émettre que sur Toulouse ?
Vincent Rodriguez : Nous allons suivre la grille des programmes de France Bleu, qui est une sorte de chemin de fer dans lequel toutes les stations sont invitées à mettre leurs notes locales. Nous allons bien sûr faire de l’information et du service. Pour Toulouse, il nous reste à identifier quel est le service qui va être le dénominateur commun de la matinale. Je parle de ce créneau car il est emblématique. Nous sommes en milieu urbain, et 80% des déplacements se font en voiture. Nous constatons qu’il y a des embouteillages tous les matins et tous les soirs, donc nous allons beaucoup parler aux automobilistes ou aux gens qui vont être amenés à se déplacer en transports en commun. Ce service va être quelque chose de très important et de très urbain dans notre programme. Ensuite, au-delà de ce service, nous n’oublions que nous sommes en milieu urbain. C’est une ville dans laquelle il y a certains quartiers difficiles dans lesquels 45% des jeunes sont sans-emploi. Nous allons proposer des rendez-vous quotidiens autour de l’emploi et jouer un véritable rôle de service auprès de cette population. Mais nous n’allons pas être une radio « grise » : il y aura du divertissement, du jeu et de la musique. Il y aura bien sûr l’ancrage autour des drapeaux toulousains. Ici, la ville transpire de la culture autour du rugby, avec notamment le Stade Toulousain qui est le plus titré d’Europe. France Bleu Toulouse va se positionner comme la seule radio à diffuser en intégralité tous les matchs du Stade Toulousain à domicile et à l’extérieur et qui le suivra quotidiennement. C’est ce qui va nous permettre de nous positionner par rapport à d’autres radios comme RMC, Sud Radio ou Toulouse FM.

RadioActu : En résumé, France Bleu Toulouse sera plus proche d’une France Bleu 107.1 que d’une France Bleu Creuse ?
Vincent Rodriguez : Nous serons au milieu du gué. Toulouse est une capitale au milieu d’une région rurale. C’est une ville qui sent aussi bon le cassoulet, le foie gras, les godillots. C’est peut être pour ça que c’est compliqué de faire de la radio ici, parce que c’est une ville où les chercheurs du CNRS côtoient le monde agricole. Mais c’est très sympa à faire !


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