International – Mise à mort de 50 000 Webradios le 21 mai

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Le Bureau des Droits de reproduction américain (U.S. Copyright Office) a établi le CARP (Cadre d’arbitrage des droits d’auteurs et de reproduction) afin de décider des prix à payer pour la diffusion de musique sur internet. Avec plus de 10,4 millions de ménages ayant accès au Haut Débit (16 % des connectés à internet) et face à une demande croissante malgré une augmentation constante des prix, le temps passé à écouter la radio sur internet a progressé de 99 % selon MeasureCast Inc., société d’étude américaine.

L’enjeu est énorme et l’association américaine des Industries d’enregistrement (RIAA), qui défend l’industrie du Disque et les artistes, entend bien avoir gain de cause. Mais cette décision semble uniquement servir l’intérêt des Yahoo et autres AOL Time Warner qui génèrent des billions d’euros. Or la plupart des Webdiffuseurs sont indépendants et ne pourront supporter une telle charge. « Les droits d’auteurs sont trois fois supérieurs à toutes nos autres dépenses. Cela nous coûterait 25 000 Euros par an, soit prêt de 80 % de nos revenus. » s’exclamait Franck Schliemann, opérateur de la Webradio Onion River dans le Vermont. « C’est la banqueroute assurée ! »

Depuis bientôt un mois, le débat fait rage dans la presse américaine. Le New York Times, le Wall Street Journal, le Washington Post, Fox News, Business Week, CBS, RadioWorld, tous débattent du même sujet. « CARP le tueur », « Mort annoncée des Webdiffuseurs », « Droits d’auteurs : le glas », « CARP ou comment écraser les petits pour gaver les gros » sont autant de titres ravageurs dressant bien le portrait d’un malaise concret.

Kurt Hansson, éditeur de la lettre de la Radio et de l’Internet (RAIN – Radio And Internet Newsletter) et fervent défenseur des Webdiffuseurs indépendants, a rassemblé sur le site http://www.SaveInternetRadio.comwww.SaveInternetRadio.com, articles de presse, listes de Webradios et histoire de la législation. « Si le CARP est accepté, c’est en faveur de la RIAA. Mais je crois qu’ils gagneront une bataille mais perdront la guerre » explique Mr. Hanson. « Si 50 000 stations disparaissent, la RIAA deviendra l’ennemi de tous les fans de musique. Le compte à rebours est lancé ».

Si cette loi est adoptée, ce serait aussi un désastre pour les grosses radios commerciales. Pour exemple : une station de la ville de New York devrait verser plus de 15 Millions d’Euros par an soit un quart de sa facturation publicitaire annuelle. Mais une grosse radio de réseau a la chance de faire de la publicité. Le but est affiché. Tuer les radios qui diffusent uniquement sur le web et priver les auditeurs de cette liberté de choix. « Essayez de trouver autre chose que du top 50 (en hertzien) il n’y a rien ! » explique John Jeffrey de Live365, le fournisseur de streaming leader sur le marché. « Sur le web vous trouvez n’importe quel genre ! »

« Malgré une audience en hausse, la plupart des Webradios n’ont toujours pas trouvé l’équilibre. Plus de 1 100 radios ont déjà disparus en 2001. » affirme Kevin Shively, directeur du site de musique classique Beethoven.com. « La moindre petite agression en terme de droits d’auteur ne ferait que pousser le reste d’entre nous dans le précipice ».

Ce tremblement de terre aux failles bien américaines pourrait bien donner quelques idées sismiques en France sur un terrain pourtant pauvre en éruptions.


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