Kat Onoma – L’interview exclusive de MusicActu

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Pour ceux qui ne connaîtraient pas, c’est le groupe fondé par Rodolphe Burger au début des années 80 à Strasbourg. Un groupe que l’on pourrait classer dans le rock – si on peut parler de classement – mais un rock original mêlant jazz, littérature et beaucoup d’expériences diverses.

Kat Onoma est composé d’un chanteur et guitariste (Rodolphe Burger), d’un guitariste / saxophoniste (Philippe Lamiral Poirier), d’un trompettiste (Guy Bix Bickel), d’un bassiste (Pierre Keyline) et d’un batteur et chanteur (Pascal Benoit).

Alors que vient de sortir leur nouvel album intitulé Kat Onoma, nous avons rencontré deux des membres du groupe, Rodolphe et Philippe.
Musicactu : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de votre rencontre et de la construction du groupe ?
Kat Onoma :On s’est rencontré au début des années 80 chacun venant d’horizons différents, tous ayant déjà eu diverses expériences musicales. On s’est rencontré au sein d’un groupe qui s’appelait « Dernière bande  » et qui fonctionnait en parallèle avec une autre formation beaucoup plus musicale où on retrouvait les six même musiciens, plus d’autres qui restaient plus ou moins longtemps. Ça a fonctionné comme ça jusqu’en 1986.
Jusqu’à ce moment là, notre but, c’était vraiment de voir ce qu’on pouvait faire avec le rock à un moment où on avait tous déjà eu d’autres expériences dans le rock, le jazz ou la musique improvisée et cela a débouché la même année sur un enregistrement, 4 titres signés chez Attitude et un nom de groupe : Kat Onoma.
Le nom, ça vient d’un ami peintre qui a proposé un dessin pour notre pochette, sur laquelle était marqué « Onoma » (ce qui veut dire « le nom » en grec), nous on a rajouté Kat, et voilà : on est devenu Kat Onoma.

MA : Entre 1986 et 1997 vous sortez six albums, c’est peu en 9 ans, comment expliquez vous ça ?
KO : Tu sais, les Rita Mitsouko, au début, ont sorti 4 albums en dix ans et Fred Chichin disait que s’ils avaient été anglo-saxons, ils en auraient sorti un par an. En fait, il n’y a pas vraiment de rock français. Au début, c’était vraiment pas facile de sortir un disque, il n’y avait pas vraiment d’environnement favorable, plein de péripéties. L’histoire de Kat Onoma, c’est un peu une guerre, il y a eu de la résistance, mais aussi des alliances, l’adhésion d’un public, un soutien et un engagement peu commun, et surtout une très grande fidélité. En plus, le groupe ne s’inscrivait pas et ne s’inscrit toujours pas dans un mouvement ou dans une période, le seul truc c’est que maintenant on se sent plus en phase avec nous-mêmes.

MA : Est-ce que ça n’était pas aussi par souci de perfectionnisme ?
KO : Non, certains albums se sont faits très vite comme celui qui sort bientôt. La seule chose, c’est qu’on est vigilant, on a besoin de sentir que c’est le bon moment, le moment où on peut réactiver le groupe.

MA : Parlez-nous un peu de votre nouvel album, comment est ce que vous en êtes arrivés là ?
KO : Comme chaque album qu’on sort, c’est un peu une aventure, on réfléchit bien à comment on va le faire, avec qui et où.

MA : Justement, dans cet album vous utilisez pas mal les nouvelles technologies, pourquoi ?
KO : Cela nous rapproche de ce que musicalement on cherche à faire depuis le début, l’utilisation de ces nouvelles technologies se fait en adéquation avec notre manière de jouer, on peut tout recomposer grâce au montage. En plus, l’enregistrement s’est fait par étape, on n’est pas rentré directement en studio, il y a eu d’abord une phase d’essais, de mise en place, plusieurs choix d’enregistrement, et des guitares qui, par exemple, avaient été enregistrées de façon complètement désinvolte peuvent se retrouver sur le morceau final à leur bonne place. Tout cela grâce, justement, à ce que l’on peut faire avec les nouvelles technologies. Au début du groupe, nous devions découper les bandes pour arriver à un résultat qui ne valait vraiment pas ce que l’on peut faire maintenant.

MA : Au niveau des paroles, est ce qu’il y a un engagement quelconque ?
KO : Non, il n’y a pas de messages, dans Kat Onoma, on n’est pas là pour faire paraître nos émotions, nos états d’âmes, on est là pour fabriquer un univers musical. Les textes sont des ingrédients au même titre que tous les instruments mais ils n’ont pas de statut prépondérant. Bien sûr, on fait attention aux textes, on essaie de leur donner un sens et de les alléger au maximum afin qu’ils puissent être fluides sinon les textes en français deviendraient trop lourds. C’est le problème de la langue française par rapport à l’anglais. Dans le rock anglo-saxon, ce qui compte ce ne sont pas plus les paroles que l’univers bien spécifique créé par l’assemblage de tous les instruments et le texte en fait partie.

MA : Est-ce que vous avez été influencés par des groupes, des courants ?
KO : Bien sûr, tu ne fais pas de musique si à un moment ou à un autre tu n’as pas reçu une grosse claque musicale. Un souvenir de concert où quelque chose d’exceptionnel t’arrive dessus, mais de là à te citer des artistes….Un concert d’Albert Collins, il avait un son de guitare extraordinaire, mais ce n’est pas pour cela que je reprendrais son son.

MA : En ce moment, qu’est-ce que vous écoutez ?
KO : Toutes les nouveautés qui sortent dans tous les styles.

MA : La radio ?
KO : On a pas trop le temps, moi (Philippe) j’écoute un peu une petite radio en construction sur Strasbourg, le seul problème c’est qu’ils n’annoncent pas les morceaux qu’ils diffusent.

MA : Enfin, pour terminer, est-ce que vous pourriez nous donner votre avis sur la multitude de courants actuels ?
KO : C’est à la fois un chaos intéressant : l’électronique a permis au rock de sortir un peu de ses retranchements, plein de trucs qui étaient figés s’effondrent, et en même temps, ça ne bouge pas trop, les gros dinosaures sont toujours là. Pour ce qui est du hip hop c’est de la « variet’ « , l’argent change de mains et de camps. Mais fondamentalement, rien ne change… et c’est chiant !


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