RadioActu : Vous évoquez une rentrée record pour Radio Classique avec 2,3% d’audience cumulée. À quoi attribuez-vous cette bonne santé de Radio Classique ?
Jean-Francis Pécresse : C’est vrai que cela peut sembler étonnant qu’une petite station avec une spécificité forte puisse progresser autant. C’est la première fois que l’on fait une telle rentrée, alors que pour nous, traditionnellement, les rentrées sont des moments assez difficiles parce qu’on se retrouve en septembre-octobre face aux grosses machines des stations périphériques. Nous sommes un peu les petits poucets à côté d’elles. Sur un an, on gagne 20% en auditeurs, et en matinale on en gagne 29 000. Si on compare une matinale à l’autre sur la période, on en gagne même plus qu’Europe 1 proportionnellement. Je pense qu’il y a une appétence forte des auditeurs et qu’il y en aura de plus en plus dans les mois et les années à venir pour les radios qui ont une identité forte. C’est le cas d’autres qui ne sont pas sur les mêmes positionnements que la nôtre et qui ont de très bons chiffres en cette rentrée. Je pense à quelques radios musicales évidemment mais aussi à RMC, France Culture et d’autres. Nous avons une forte identité, faite de nos programmes musicaux établis avec une vraie promesse d’accessibilité envers nos auditeurs ; qui repose aussi sur l’information pour laquelle nous avons une promesse d’information à forte valeur ajoutée, en essayant de donner de la profondeur. Quand l’auditeur vient sur Radio Classique le matin, il a non seulement du confort d’écoute mais aussi la garantie d’avoir un certain recul par rapport à l’information, un ton plus apaisé peut-être que sur d’autres grandes radios. Tant sur la forme que sur le fond, je pense donc que c’est une envie forte qui amène sur une radio comme la nôtre.
RadioActu : Il y a d’un côté la musique évidemment, avec cette offre, cette visibilité et cette accessibilité que vous avez sur la musique classique, et puis de l’autre côté il y a de l’information. Avez-vous des auditeurs qui ne viennent sur la station que pour l’information et d’autres qui ne viennent que pour la musique ?
Jean-Francis Pécresse : C’est difficile de répondre à cette question. L’un de mes objectifs ici est bien de développer la complémentarité entre la matinale et le reste de la journée de Radio Classique. Je souhaite faire en sorte que les auditeurs de Radio Classique le matin se retrouvent dans un univers qui leur est familier le reste de la journée. Cela signifie entre autres que je souhaite donner une place plus importante dans la matinale à l’information culturelle et musicale, comme c’est le cas depuis un mois. Les majeurs de l’information sur Radio Classique néanmoins sont l’international, la politique, l’économie. C’est également une information générale mais bien mise en perspective, nous ne sommes pas dans le fait divers et dans l’émotionnel pour l’émotionnel sur Radio Classique. Nous avons un temps d’écoute qui est particulièrement long, qui approche deux heures, et qui est resté très long maintenant que nous sommes en conquête d’audience depuis un an. Nous avons gagné 193 000 auditeurs et nous avons réussi à le faire sans perdre véritablement de durée d’écoute, ce qui est une belle performance. Cela montre bien que nous avons des auditeurs qui viennent en matinale pour l’information mais qui restent aussi durant toute la matinée.
RadioActu : Les grandes signatures sont un autre point fort de Radio Classique. Il y celle d’Alain Duault, qui vous a rejoint cette saison. Est-ce vous qui êtes allés le chercher et est-ce que cela a été difficile de le convaincre, ou bien est-ce lui qui était en demande ?
Jean-Francis Pécresse : C’est donc une décision qui est bien antérieure à mon arrivée ici. Mais j’ai eu le sentiment, en parlant avec lui, que c’est une vraie rencontre. Je pense qu’Alain était un amateur de Radio Classique, même si RTL c’est toute une partie de sa vie. Il a l’air extrêmement heureux d’être là, on a d’excellents retours et lui-même en a des auditeurs. Les chiffres sont assez impressionnants puisque sur un an il fait presque 19%. Il a donc toute sa place me semble-t-il sur cette grille. Les auditeurs le plébiscitent, c’est donc bien la preuve qu’il est à sa place.
RadioActu : Radio Classique fait 2,3% avec un parc de 82 émetteurs. Étendre la couverture de Radio Classique signifierait forcément un gain d’audience. Restez-vous optimiste par rapport au déploiement de la RNT, est-ce que vous y croyez encore ?
Jean-Francis Pécresse : Nous étions potentiellement intéressés et candidats jusqu’à ce que le projet prenne du plomb dans l’aile pour diverses raisons, il y a eu un tir de barrage contre la RNT. A partir de là nous avons pris acte d’une situation et aujourd’hui je crois que ne nous pouvons plus raisonnablement miser sur la radio numérique.
RadioActu : Même à supposer que le CSA reprenne très activement son calendrier de déploiement tel qu’il était prévu initialement ?
Jean-Francis Pécresse : C’est une décision qui ne nous appartient pas à ce moment-là et dans ce cas nous reviendrons peut-être sur notre décision. Mais aujourd’hui je suis d’un optimisme assez relatif.
