Les professionnels
Toutes les standardistes des radios dans le monde reconnaissent la voix des gens qui participent aux jeux de leur radio. On dit qu’il existe environ 10 000 professionnels du jeu en France, je ne sais pas combien au Québec. Nous savons que ces gens existent, qu’ils acquièrent des biens et services en participant d’une manière très technique aux jeux. Ils connaissent et inventent des moyens pour être sélectionnés.
Ils savent comment obtenir une ligne téléphonique avant tout le monde et n’hésitent pas à investir dans la reproduction de coupons et dans les frais postaux. Et ils gagnent, pas suffisamment pour en vivre mais presque. Expérience vécue, en six mois d’intervalle entre deux concours liés au hasard et à l’adresse, deux cousins ont chacun gagné une des voitures offertes dans des jeux radio sans rapport. Tous les deux nous ont avoué qu’ils vendraient leur voiture pour accéder à la somme d’argent dont ils avaient le plus grand besoin. Comme la plupart des professionnels, ils avaient formé une équipe dont chaque membre assumait des tâches spécifiques au mécanisme du jeu.
Un chauffeur de taxi parisien me confia un jour que par nécessité, toutes les sorties de sa petite famille étaient issues des jeux à la radio. Aucune préférence dans son choix d’écoute pourvu qu’il y ait des prix à gagner. Un honnête homme qui profite simplement de cette possibilité. Les experts des concours ne sont pas des escrocs. Ils ont compris que leurs chances de gagner à ces jeux étaient plus grandes qu’à la loterie.
Bien sûr, certains tentent leur chance pour une première fois, une rare impulsion qui dépend de la nature de la dotation. Il y a toujours débat chez les gens de la radio sur : vaut-il mieux offrir beaucoup de petits prix accessibles ou de gros prix spectaculaires qui font rêver mais qui en découragent plus d’un à participer ? Chacun sa réponse, reconnaissons que les banalités, les incohérences par rapport aux auditeurs visés et les cadeaux empoisonnés ne semblent pas de mise.
Un bon moment de radio
Études à l’appui, 85% des gens ne participent jamais aux jeux à la radio. Vous en connaissez des gens qui participent aux jeux ? Assez rare ! Alors pourquoi se donner autant de mal ? Parce ce que bien imaginé et bien conduit, le jeu peut s’avérer un très bon moment de radio. Dans ce cas, les deux tiers des auditeurs à l’écoute d’un tel jeu jouent mentalement avec le joueur en ligne. C’est comme regarder qui veut gagner des millions !
J’ai remarqué que le jeu le plus divertissant est non seulement teinté par l’originalité et la simplicité mais bien au-delà par la performance de l’animatrice ou de l’animateur qui le fait vivre avec son auditeur en ligne. Cette performance est inégale. On tombe parfois dans la soupe aux clichés en posant encore des questions ouvertes comme on le fait depuis vingt ans. Quelles sont les probabilités d’obtenir une réponse spectaculaire à la question : « Que faites-vous en ce moment ? ». A quoi s’attend l’animateur ? « Actuellement je fais la montée de l’Everest sans oxygène et je vous parle avec un nouveau téléphone expérimental destiné à un voyage sur Mars ». Et puis, on mène parfois le jeu en mode automatique.
Le jeu au téléphone devrait se dérouler comme une histoire. Une histoire que l’on doit préparer hors antenne avec l’auditeur participant. Il faut le mettre à l’aise, chercher des détails amusants, mesurer son sens de la répartie, lui expliquer clairement ce qui va se passer et lui faire répéter le nom de la radio au cas où il aurait l’idée de la remercier.
On n’a pas toujours le temps d’y consacrer autant d’énergie n’est-ce pas ? Je crois qu’il y a trop d’improvisation dans les jeux à la radio. Dommage, le jeu est un merveilleux outil ! Autrement il se joue de lui-même !
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