Extrait de l’entretien exclusif Radioactu de Brigitte Lahaie. Rendez-vous sur Radioactu le 24 septembre pour en lire l’intégralité : le point de vue de Brigitte Lahaie sur son émission, les audiences de RMC, sa relation avec l’univers des médias et avec les auditeurs…
Pour quelles raisons vous engagez-vous contre la pénalisation des clients des prostituées, en lançant cette pétition en ligne sur www.rmc.fr ?
Brigitte Lahaie : Si cette loi est votée, je pense qu’elle ne va faire que renforcer la victimisation des prostituées. Depuis longtemps, je suis en faveur d’un vrai débat sur cette question. J’ai longtemps pensé qu’il fallait créer un statut de la personne qui se prostitue. Aujourd’hui on s’apprête à favoriser un peu plus le proxénétisme, car les proxénètes n’ont aucun problème pour placer des filles dans des endroits en peu discrets. Quant aux filles et aux garçons qui se prostituent de leur plein gré, ils seront en danger. Cela va donc aggraver le problème du proxénétisme. Pour beaucoup de personnes, parler de la sexualité est une difficulté ; la prostitution est en rapport avec cela. Les gens parlent avec leur propre vécu et ne comprennent parfois pas ce qu’est la prostitution. Bien sûr, la prostitution est multiple, mais il faut comprendre que l’on peut très bien séparer le sexe de l’amour. Je n’ai pas de jugement de valeur, je ne dis pas que c’est bien, mais certaines personnes se prostituent car elles considèrent que c’est un moyen d’arrondir leurs fins de mois ou pour gagner leur vie. De quel droit peut-on juger ? On n’a toujours tendance à dresser un portrait macho et violent des clients des prostituées, mais je peux vous assurer qu’il y a de tout : des personnes handicapées, des hommes bien mais qui n’ont plus de rapport sexuel avec leur femme… Cette loi est moraliste dans une société qui se veut pourtant de plus en plus ouverte aux moeurs. J’avoue ne pas comprendre. Beaucoup de femmes sont en faveur de cette loi ; je crois que ce sont des femmes qui ont connu une vie amoureuse propre, bien rangée, et qui projettent leur idéal sur une société qui, malheureusement, est loin d’être idéale.
Vous prenez là un parti-pris fort. Comment avez-vous abordé cela avec les dirigeants de RMC ? De quelle façon ont-ils accueilli cet engagement philosophique et politique ?
Brigitte Lahaie : Cette position n’est pas surprenante de ma part. Je suis quand même plus proche d’une prostituée que d’une sainte. Je connais ce sujet par coeur, aussi bien faire l’amour pour de l’argent que la sexualité. Je sais qu’on traite parfois RMC de radio populiste, mais il y a une chose extraordinaire dans cette station : une liberté de ton qui n’existe, à mon avis, dans aucun autre média. A partir du moment où j’ai défendu mes convictions et que cela avait du sens, on m’a dit « bon d’accord », à condition que je laisse aussi la parole à des personnes abolitionnistes ou en faveur de cette loi. Le débat est ouvert !
Combien de signatures votre pétition a-t-elle récolté ?
Brigitte Lahaie : Je n’ai pas encore fait le point ce matin. Je pense que nous sommes autour de 1 000 à 1 500 signatures. J’en rigole un peu car quelques hommes autour de moi m’ont dit : « si je signe la pétition on va croire que je vais voir les putes ! ». Je trouve ça drôle, car cela montre l’esprit fantasmatique qu’il y a derrière ce sujet. C’est drôle et triste à la fois. On peut très bien signer la pétition pour des questions philosophiques.
Rendez-vous sur Radioactu mardi 24 septembre pour lire en intégralité l’entretien Radioactu de Brigitte Lahaie.
http://www.rmc.fr
