RadioActu : Les derniers résultats de RMC Info sont ils en deça ou au contraire, au delà de vos espérances ?
Alain Weill : Ils sont globalement dans la plaque. Nous confirmons notre progression régulière puisque sur les 15 ans et plus on passe en un an de 2.5% à 3.1% ce qui nous met à peu près au score la coupe du monde qui était une score exceptionnel dû à l’événement. Nous sommes à 3% sur les 13 ans et plus, et ce qui est fort c’est que sur les 3 UDA Sud on repasse devant RTL et Europe 1.
RA : Ce qui est paradoxal, c’est de souligner des résultats sur le sud de la France, alors que depuis que vous avez repris RMC Info, vous vous êtes attaché à en gommer la spécificité de radio du Sud…
AW : Ce n’est pas paradoxal. Ce qui a vraiment changé, c’est que sur le plan éditorial nous ne sommes plus du tout la radio su du, on souhaite recruter des parisiens, on a progressé de 56% en un an en IDF. Le potentiel de croissance de RMC Info est dans le sud, il sera aussi dans le Nord. Nous nous sommes fixés d’atteindre les 4 points en 2003, et ça passera par une forte progression en IDF. Il n’empêche que sur 135 émetteurs, il y en a 125 dans la moitié sud, donc nous serons toujours du sud sur le plan de la répartition de nos auditeurs, mais sur le plan éditorial, nous sommes une radio nationale.
RA : Quel bilan dressez-vous de ce qui fonctionne bien et de ce qui fonctionne moins bien dans la grille de RMC info ?
AW : Tout fonctionne bien puisque en un an Bourdin progresse de 14%, Spitz de 14%, la tranche de Jean-Marc Morandini progresse de 62%, Brigitte Lahaie progresse de 90%, Marchal Truchot progresse de 33%, le show du sport à 18h progresse de 62% et DKP à 21h progresse de 82%
RA : Ce qui veut dire que vous allez élargir les heures de direct à la nuit ?
AW : Je crois que rediffuser les programmes de la journée la nuit c’est un vrai service pour ceux qui ne peuvent pas les écouter dans la journée, mais en même temps l’audience de la nuit ne justifie pas de créer des programmes originaux pendant ces heures là
RA : Quelles sont aujourd’hui les spécificités d’RMC Info dans un marché qui est de plus en plus segmenté et, on le voit aujourd’hui, de moins en moins favorables aux stations généralistes ?
AW : D’abord, nous sommes généralistes parce que vis à vis du CSA on appartient à la catégorie E de la radio généraliste, mais je crois qu’il n’y a plus aujourd’hui de radios généralistes. Il y a d’un côté les Il n’y a plus aujourd’hui de radios généralistesradios musicales avec la segmentation que l’on connaît et de l’autre côté les radios talk qui sont elles aussi de plus en plus segmentées. Il y a France Info qui est un old news, BFM qui est un economic talk, RMC, info talk sport, Europe 1 qui est une news talk et RTL qui reste pour l’instant généraliste. Demain, il y aura d’un côté les musicales avec une segmentation importante, et de l’autre côté les talks radios avec une segmentation aussi importante, et les auditeurs navigueront de l’un à l’autre au grè de leurs envies et de leurs besoins.
RA : Aujourd’hui NRJ est première radio de France, et vous avez largement contribué à ce succès. Est-ce que ce résultat signifie que la radio de contenu est sur un déclin qui risque de s’accentuer ou au contraire qu’une radio comme RMC Info a toujours un rôle à jouer dans les années à venir ?
AW : Je suis très heureux pour tous les collaborateurs du groupe NRJ car c’est une très belle performance, et je comprends la fierté exprimée par Jean-Paul Baudecroux. Sur le plan professionnel, tout le monde doit le saluer. Cela dit, c’est quand même dans les choses plus ou moins normales, ce qui est le plus surprenant, c’est l’avance d’NRJ par rapport à ses concurrentes dans l’univers de la radio musicale. Ensuite, le fait qu’il y ait une radio musicale qui soit devant une radio talk c’est quelque chose d’assez logique et normal et qu’on voit partout. Aux Etats-Unis, ce sont les radios musicales qui sont en tête et donc ça devait bien arriver un jour et c’est pour ça que rien ne justifiait de dramatiser la situation. Si on regarde le marché américain, les radios talks fonctionnent très bien, même si elles ne sont pas toujours leader en audience, elles ont un poids économique très important car leurs auditeurs ont un haut pouvoir d’achat, sont des actifs, et donc ces radios se portent bien. Aujourd’hui, les radios doivent passer du statut de généralistes à celui de talk radio : il faut savoir inventer les programmes qui sauront attirer les auditeurs qui vont d’une radio à l’autre et qui sont les mêmes que les radios musicales. Mais il faut que les talks radios doivent être à la hauteur en termes d’imagination, de créativité et de qualité des personnalités qui présentent les émissions et tout se passera bien. Aujourd’hui, après un passage à vide, les radios talks américaines représentent 50% de l’audience de la radio, et beaucoup plus du chiffre d’affaires. C’est ça qu’il faut viser en France pour les radios talk qui sont le secteur d’avenir, pourvu qu’elles s’adaptent à la génération FM, car c’est aussi de ça qu’il s’agit : les gens sont habitués à des habillages d’antenne sophistiqués, à un certain rythme et beaucoup de créativité.
RA : Comment BFM et RMC Info se positionnent elles l’une par rapport à l’autre ?
AW : Elles sont sur des créneaux différents. BFM est sur un créneau étroit et pointu de l’économie et de la finance. Il y a des synergies au niveau du management de la radio, ensuite il y a deux équipes et deux rédactions différentes. BFM ne rentre pas dans l’univers des radios nationales généralistes. C’est une radio très pointue de CSP+ et notre univers est plutôt celui de la presse économique et financière où notre vocation est de devenir le premier support économique et fnancier en France, tous supports confondus.
RA : Donc une certaine complémentarité d’un point de vue commercial avec RMC Info, qui a tout de même une cible plus populaire ?
AW : Oui, mais tout en étant l’une des radios qui a la meilleure affinité sur les CSP+, puisque 27% des auditeurs de RMC sont des CSP+ Individu, donc c’est bien au dessus de la moyenne de la population et surtout des autres radios. Il n’y a qu’Europe 1, RFM et Rire & Chansons qui sont devant nous, mais en tant que radio info, nous sommes la troisième en affinité derrière Europe 1 et BFM. BFM est déjà numéro un sur les CSP + Individu en affinité.
RA : Vous vous êtes personnellement beaucoup investi dans le redressement de RMC Info. On peut dire aujourd’hui que vous êtes un patron de radio heureux ?
AW : Je suis un responsable optimiste et conscient que le potentiel pour le renouveau du secteur des radios parlées est un chantier extrêmement important.
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