RadioActu : Lors de la publication des derniers résultats d’audience, Jean-Jacques Bourdin soulignait à l’antenne que RMC était désormais à moins de 2 points d’Europe 1. Est-ce votre prochain objectif ?
Frank Lanoux : Quand on est dans une course, on est toujours en train de courir après celui qui est devant, donc à l’évidence avant de penser à tous ceux qui sont encore devant, on doit penser à celui dont on voit le dos en premier ! C’est un petit événement de ce sondage : jusqu’à présent, la radio généraliste dont nous étions la plus proche c’était Europe 1. L’écart était de 2.4 en audience cumulée, et pour la première fois, nous sommes à moins de deux points. Qui aurait pu dire ça il y a encore 2 ou 3 ans ? Cela démontre la pertinence de RMC, qui n’a pas fini de grimper.
RadioActu : Cela dit, la contreperformance d’Europe 1 sur ce sondage vous permet de réduire cet écart…
Frank Lanoux : C’est difficile de commenter les chiffres des autres, mais c’est un chiffre qu’a déjà connu Europe 1 il y a une quinzaine d’années, même si on a du mal à comparer avec des données qui remontent aussi loin. Mais lors de la Coupe du Monde de 1998, Europe 1 avait connu sa plus faible performance, c’est-à-dire 8.3%. En soi, je ne sais pas si c’est une vraie contreperformance, mais en tout cas, c’est un chiffre qu’Europe 1 a déjà connu.
RadioActu : Une ombre au tableau, c’est le recul de la durée d’écoute de RMC. Comment l’expliquez-vous ?
Frank Lanoux : L’an dernier, je m’étais publiquement réjoui, voire étonné, que sur une vague avril-juin 2009 dans laquelle il n’y avait aucun événement particulier, contexte qu’une radio d’information et de contenu pouvait redouter, cette période avait été marquée par un triple record de RMC sur l’audience cumulée, la durée d’écoute et la part d’audience. Je n’avais jamais eu cette conjonction au sommet. Quand on recrute beaucoup d’auditeurs, la durée d’écoute a plutôt tendance à tomber, car les nouveaux auditeurs ont tendance à moins écouter que les auditeurs historiques. Je pense que l’étude de l’an dernier nous avait surévalués, et que cette année, je subis le fait que nous ayons pu être surévalués l’année dernière. En termes de durée d’écoute, nous sommes sur une durée d’écoute moyenne de RMC. Mais avec la multiplicité de l’offre médias, on peut considérer que le temps disponible va faire que l’audience va être amenée à se répartir. Je suis toujours dans une dynamique de recrutement. Il est difficile de recruter et de faire de la durée d’écoute en même temps.
RadioActu : En revanche, sur cette période, l’actualité a été plus dense avec notamment la Coupe du Monde sur laquelle RMC a été extrêmement présente. Ne pensez-vous pas que le parcours désastreux de l’Équipe de France ait pu avoir une influence négative sur vos résultats ?
Frank Lanoux : La Coupe du Monde n’a compté que pour 2 semaines sur une étude qui en couvre 13. Ca correspond au dernier intermédiaire, mais s’il y a bien un intermédiaire qu’on ne peut pas extraire de l’étude, c’est bien celui-là. Je n’ai donc pas d’analyse précise sur la Coupe du Monde en soi. J’aimerai bien avoir une lecture par quinzaines de l’audience de la radio, mais je me rends compte qu’il faut bel et bien attendre la fin de l’étude pour avoir un chiffre qui ait du sens. Malheureusement, la photographie intermédiaire sur laquelle je n’ai le droit de ne faire aucun commentaire n’est pas suffisante pour tirer la moindre conclusion. Je m’attends davantage à des répercussions positives sur les sondages à venir. S’il y a eu un appel d’air important avec la Coupe du Monde, c’est de l’audience qu’on ne pourra voir que sur les prochaines vagues. Il y a 80 villes en France qui ont pour la première fois de leur vie pu suivre une Coupe du Monde « Made in RMC ». Je n’arrive pas à imaginer que cela ait pu avoir un impact négatif. À l’évidence, si la France avait été plus loin, elle aurait rendu la Coupe du Monde beaucoup plus passionnante pour les français. Là, il n’y a pas forcément eu l’adhésion que l’on pouvait espérer d’une belle performance de l’Équipe de France. À la limite, ce qui est arrivé à l’Équipe de France a servi aussi bien nos émissions de sport que les émissions de Jean-Jacques Bourdin ou des Grandes Gueules. Pour être très clair, la radio que je préfère, c’est quand la France va en finale, et qu’en fin de prolongations Zinédine Zidane donne un coup de boule à un joueur adverse. À ce moment-là, ça se transforme en un fait de société et on fait de la très bonne radio pendant encore 2 à 3 semaines.
RadioActu : Aujourd’hui, les 7 points sont donc à portée de main ?
Frank Lanoux : Nous avons bien consolidé tout notre recrutement sur nos zones historiques, aussi bien sur l’information que sur le sport. Aujourd’hui, nous arrivons à une deuxième phase où, pour toucher les 7 ou les 8 points, nous devons recruter dans le reste du pays de nouveaux auditeurs qui devraient déjà être sur RMC. Mais changer de radio ce n’est pas simple : il faut des circonstances favorables, un bouche-à-oreille qui reste un élément lent de communication. Mais les 7 points ne sont pas loin, je ne suis pas inquiet. Nous devrions les atteindre dans moins d’un an, et peut-être que la présidentielle de 2012 sera de nature à nous faire approcher les 8 points. Je voudrais rajouter que pour la première fois est la première radio généraliste sur les moins de 50 ans, devant France Inter, Europe 1 et RTL. Ça se joue à peu avec certaines. Malgré les déficits techniques de couverture de RMC et notre ciblage qui est très masculin, cela prouve à quel point nous sommes puissants sur les moins de 50 ans sur nos zones historiques. Nous devons maintenant aller chercher dans le Nord du pays les auditeurs, en particulier les hommes de moins 50 ans. C’est cette cible qui va nous permettre d’atteindre les 7, puis les 8 points.
RadioActu : Est-ce que des aménagements sont prévus dans la grille de rentrée ? RMC va-t-elle participer à l’important mercato de cette fin de saison ?
Frank Lanoux : Nous n’avons jamais été habitués à ça. Nous avons des gens qui sont très fidèles qui ont trouvé à RMC un espace de liberté qui est très important. RMC est une radio différente, c’est un des éléments de son succès. Cette différence passe par le fait de ne pas aller chercher chez les autres ce que nous faisons très bien. Nous n’avons pas pour objectif de participer à un grand mercato. Il y a une grande stabilité, donc nous n’avons pas de raisons de changer.
RadioActu : Confirmez-vous l’information selon laquelle RMC rechercherait un humoriste politique à la rentrée ?
Frank Lanoux : La radio est un chantier permanent. S’il y a de bonnes idées que nous devons inscrire dans notre grille, nous le ferons. Faire rire à la radio, ce n’est pas quelque chose de nouveau. Sur RMC, on rit dans toutes les émissions. Je n’ai donc pas d’obligation de sanctuariser un rendez-vous où l’on rit. Ce que je peux démentir, c’est que je ne cherche pas un imitateur pour 8h45, et je ne cherche pas un animateur pour faire rire entre 16h et 18h. Est-ce qu’il y aura d’autres éléments qui pourront porter à rire ? Julien Cazarre, qui intervenait en fin de session chez Luis Fernandez et dans l’Afterfoot, a donné de bonnes séquences. C’est une expérience que nous avons tenté cette année et qui a bien plu. Ce qui veut dire que l’on pourrait la renouveler, et c’est une bonne piste pour nous. Mais je n’ai surtout pas envie d’être assimilé à la démarche des autres radios généralistes. Chacun a sa place dans le paysage radiophonique français. C’est là aussi où le mercato est extrêmement vicieux, car tous les gens qui passent d’une radio à une autre finissent par banaliser considérablement chacune des radios. C’est très risqué pour chacune des radios d’aller chercher un bout de l’autre. Tout le succès de RMC s’est construit sans jamais aller chercher un bout de l’autre. Et ça devrait faire réfléchir les responsables des radios. En fin de compte, chacun doit écrire son histoire, creuser son sillon, et ce n’est pas forcément en allant chercher des bouts des autres que l’on réussit. La preuve : RMC.
